Je me souviens d'un brillant mathématicien m'expliquant à l'époque : « N'oubliez pas que les enfants d'aujourd'hui [1970] vont vivre dans un monde où l'ordinateur sera omniprésent, comme le téléphone ou la télévision... » En cela, il ne se trompait pas, mais attendez la suite. « Or l'ordinateur ne calcule pas comme nous en système décimal, il utilise le calcul binaire. Ceux qui ne comprendront pas ce calcul seront incapables d'utiliser correctement ces machines, ils seront handicapés à vie. » J'écris actuellement sur mon ordinateur et je me fiche comme de l'an quarante qu'il calcule mes lettres en binaire, en trinaire ou en duodécimal.
François de Closets, Le bonheur d'apprendre, Seuil, 1996

Est-il naturel que quinze ou vingt ans d'études ne produisent que des consommateurs-téléphages, victimes consentantes et soumises de tous les radotages ? Est-il normal d'apprendre tant de choses dans l'enfance et d'en perdre le goût dans son âge adulte ? Je ne peux m'empêcher de ressentir cette rupture, même teintée de nostalgie, comme un échec.
Id.