Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mercredi 29 décembre 2004

Le temps

Ce n’est pas le passe-temps qui m’intéresse,
C’est le dépasse-temps.
Claude Roy (Citation trouvée ici.)

lundi 27 décembre 2004

Einstein

Je prends parfois le temps de consulter l'origine des visiteurs de mes différents sites. Ici, par exemple, on signale ma page sur les citations d'Einstein. Dans ce message, l'auteur juge douteuses certaines des citations et, pour appuyer ce jugement, il cite un passage en anglais. Or, le livre d'où sont tirées les citations est une traduction de l'allemand. Il eût été pour le moins plus rigoureux de citer le « vrai » passage en allemand.

Ce qui est intéressant dans ce message d'une liste dont le thème est le créationnisme, c'est qu'on semble vouloir faire dire à Einstein qu'il croyait en Dieu. Ce qui, à mon avis, est tout à fait faux. Einstein avait un profond sentiment religieux. Religieux en ce sens qu'il considérait la création, la nature comme une vaste mécanique compréhensive mais dont cette compréhension, d'une très grande beauté, est susceptible de nous transporter au-delà de soi-même.

Quand Einstein parle de Dieu ne jouant pas aux dés avec le monde, il signale tout simplement qu'il est profondément déterministe. En fait, je pense qu'il fut le dernier physicien déterministe. Au 19e siècle, on croyait que si on pouvait obtenir avec précision toutes les variables de l'univers, on pourrait déterminer son futur et son passé. La mécanique quantique a démoli cette idée. Mais Einstein, têtu, n'a jamais voulu démordre de cette conception de l'univers.

Cela fera déjà 50 ans, ce 18 avril 2005, qu'Einstein est décédé. J'ai hâte de voir tous les livres qui sortiront sur celui qui fut l'un des plus grands génies que la Terre ait connus.

jeudi 23 décembre 2004

Ma citation quotidienne

« Un véritable système éducatif devrait se proposer trois objectifs. À tous ceux qui veulent apprendre, il faut donner accès aux ressources existantes, et ce à n'importe quelle époque de leur existence. Il faut ensuite que ceux qui désirent partager leurs connaissances puissent rencontrer toute autre personne qui souhaite les acquérir. Enfin, il s'agit de permettre aux porteurs d'idées nouvelles, à ceux qui veulent affronter l'opinion publique, de se faire entendre. »
I. Illich, Une société sans école, trad. Gérard Durand, p. 128, Éd. du Seuil, coll. Points n°117

vendredi 17 décembre 2004

Ma citation quotidienne

[...] seule la mise en place d'un modèle de travail actif assure l'existence d'un loisir actif. En devenant responsables dans leur travail, les individus peuvent devenir des créateurs actifs pendant leurs loisirs.
L'absence de passion pendant les loisirs est doublement tragique. Elle résulte d'un manque de passion pendant les heures de travail et la vie centrée autour du Vendredi est de plus en plus absurde. Gérés de façon externe dans leur travail, les gens attendent le Vendredi pour avoir plus de temps pour regarder la télévision et être divertis de façon externe. Les hackers, en revanche, utilisent leur temps libre - le Dimanche - comme une opportunité pour réaliser leurs passions personnelles différentes de celles qu'ils poursuivent dans leur travail.
Pekka Himanen, L'éthique hacker, trad. Claude Leblanc, p.110, Exils Éditeur, 2001

mercredi 15 décembre 2004

Ma citation quotidienne

[La normalisation est] un mot qu'aiment les dictatures de bureaucrates.
Claude Roy in Permis de séjour 1977-1982, p.241, Folio n°1700

Lire plusieurs autres citations de ce grand humaniste que fut Claude Roy.

samedi 11 décembre 2004

La connaissance

Connaître, c'est primairement computer

Nous sommes encore aux débuts de la connaissance artificielle, et nous avons interrogé les débuts de la connaissance vivante. En dépit des énormes différences de l'une à l'autre, il y a ce trait fondamental commun: connaître, c'est primairement computer. La connaissance, nous le verrons, ne se réduit nullement à la computation, mais nous pouvons supposer qu'elle comporte toujours de la computation.
Une computation est une opération sur/via signes/symboles/formes. Connaître, c'est effectuer des opérations dont l'ensemble constitue traduction/construction/solution.
Autrement dit, la connaissance est nécessairement:
- traduction en signes/symboles, et systèmes de signes/symboles (puis, avec les développements cérébraux, en représentations, idées, théories...);
- construction, c'est-à-dire traduction constructrice à partir de principes/règles («logiciels) qui permettent de constituer des systèmes cognitifs articulant informations/signes/symboles;
- solution de problèmes, à commencer par le problème cognitif de l'adéquation de la construction traductrice à la réalité qu'il s'agit de connaître.
C'est dire que la connaissance ne saurait refléter directement le réel, elle ne peut que le traduire et le reconstruire en une autre réalité.

Edgar Morin, La Méthode 3. La Connaissance de la Connaissance, Seuil, 1986