Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 26 novembre 2007

Le feu par le feu

« Les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d'orthographe par l'exercice de l'orthographe, la peur de lire par la lecture, celle de ne pas comprendre par l'immersion dans le texte, et l'habitude de ne pas réfléchir par le calme renfort d'une raison strictement limitée à l'objet qui nous occupe, ici, maintenant, dans cette classe, pendant cette heure de cours, tant que nous y sommes.
[...]
La conviction m'est restée qu'il fallait parler aux élèves le seul langage de la matière que je leur enseignais. Peur de la grammaire ? Faisons de la grammaire. Pas d'appétit pour la littérature ? Lisons ! Car, aussi étrange que cela puisse vous paraître, ô nos élèves, vous êtes pétris des matières que nous vous enseignons. Vous êtes la matière même de toutes nos matières. Malheureux à l'école ? Peut-être. Chahutés par la vie ? Certains, oui. Mais à mes yeux, faits de mots, tous autant que vous êtes, tissés de grammaire, remplis de discours, même les plus silencieux ou les moins armés en vocabulaire, hantés par vos représentations du monde, pleins de littérature en somme, chacun d'entre vous, je vous prie de me croire. »
D. Pennac, Chagrin d'école, pp. 124-126.

dimanche 25 novembre 2007

Pensée pour moi-même

Le bulletin scolaire est une arnaque pédagogique.

dimanche 18 novembre 2007

Avoir raison

« On a pu montrer, non sans un semblant de pertinence, que le plan des pyramides égyptiennes obéit à des données mathématiques calquées sur des distances astronomiques prouvant que les Anciens savaient calculer, par exemple, la distance de la Terre à la Lune. Les statues géantes de l’Île de Pâques ont fait l’objet de spéculations tout aussi troublantes. […]
Si les sciences exactes peuvent obliger le réel à se plier aux exigences d’élucubrations aussi fantaisistes, on imagine le pouvoir mystificateur des sciences humaines, quand un spécialiste intelligent les mobilise au service d’une idéologie ou de quelque finalité particulière. Un ouvrage passionnant pourrait recenser des sottises pseudoscientifiques les mieux réussies. On y verrait que la frontière entre la probabilité fantaisiste et la probabilité scientifique se perd parfois dans le flou. »
Georges Picard, Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, Éd. José Corti, 1999.

Seuls les naïfs peuvent croire qu’une discussion vise à résoudre un problème ou à éclaircir une question difficile. En réalité, sa seule justification est d’éprouver les capacités des participants à désarçonner leur adversaire. L’enjeu n’est pas de vérité mais d’amour-propre. Et c’est bien là le problème. Le beau-parleur l’emporte sur le bafouilleur, le téméraire sur le timide, le fonceur sur le scrupuleux.
Id.

Lorsque, dans une discussion, quelqu’un lance : « Il faut être logique ! », soyez à peu près sûr qu’une fois sur deux, il s’apprête à s’en abstenir lui-même. Les débatteurs les moins cohérents ne se privent pas de placer leurs inconséquences sous le patronage de la Logique. Ils l’invoquent d’autant plus qu’ils ne la respectent pas, comme certains dévots avec leur dieu.
Id.

Comment avoir raison face à quelqu’un qui sait tout ? Ce genre de personnage existe. Je ne parle pas de ceux qui croient tout savoir, mais de ceux qui savent tout réellement, gens à la culture inépuisable, étincelant de références, de citations, d’analogies universelles, jamais à court sur les sujets les plus improbables et dont la richesse et la profondeur intellectuelle découragent la contradiction. Je ne vois pas ce que l’on peut faire sinon saluer. Saluons…
Id