Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mercredi 5 octobre 2011

Equator

Marie aime bien Being Erica. Pendant qu'elle visionnait l'émission de lundi dernier, je naviguais tranquillement sur le web. Puis, j'entends le fameux psy pousser la réplique suivante :

« With the possible exception of the Equator, everything begins somewhere. C.S. Lewis. »


Évidemment, le personnage ne donnait pas la référence.

Je me suis lancé dans une recherche pour rapidement constater qu'on la trouvait un peu partout sur Internet, souvent attribuée à Lewis, mais avec la référence toujours manquante.

En fait (merci Google books !), cette phrase n'est pas de Lewis mais bien de Robert Peter Fleming, comme l'extrait suivant le démontre.

dimanche 20 mars 2011

Saint-Exupéry

En épigraphe du livre de Paul Lockhart A Mathematician's Lament : «  If you want to build a ship, don't drum up people to collect wood and don't assign them tasks and work, but rather teach them to long for the endless immensity of the sea. (Antoine de Saint-Exupéry.) »

Une citation aussi remarquable ne peut me laisser indifférent. Je me suis donc mis en recherche de la version originale.

Sur wikiquote (en), on trouve :
If you want to build a ship, don't drum up the men to gather wood, divide the work and give orders. Instead, teach them to yearn for the vast and endless sea.
Quand tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois, couper des planches et distribuer du travail, mais réveille au sein des hommes le désir de la mer grande et large.
(Note: The quote is attributed to Saint-Exupéry; it only appears in one distinct American translation of «Citadelle»; it is not referenced in the published originals)
La note a de quoi piquer la curiosité, et il ne m'en fallait pas plus pour tenter de résoudre le mystère. En googlant le « quand tu veux construire un bateau... » des dizaines de sites apparaissaient avec la phrase, mais sans jamais donner une précision sur son origine. Sur quelques sites, le dernier mot (large) est parfois remplacé par belle : « ... la mer grande et belle.» De plus, une recherche dans Google Livres n'a rien donné.

Citadelle, une oeuvre posthume et inachevée de Saint-Exupéry, fut publiée en 1948 chez Gallimard et, depuis fort longtemps, n'a pas connu de rééditions autre qu'une version abrégée parue chez Folio en 2000. Je me compte chanceux de posséder un copie du livre original acheté pour quelques dollars chez un bouquiniste. Le problème, c'est que je ne l'ai pas encore lu et parcourir 531 pages bien remplies pour y trouver une petite phrase n'est pas une opération simple.

Poussant un peu plus ma recherche web, je suis tombé sur une version électronique de l'oeuvre sur Wikilivres. C'est ainsi que rapidement, on déniche ce texte de la section LXXV  :

« Créer le navire ce n’est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goût de la mer qui est un, et à la lumière duquel il n’est plus rien qui soit contradictoire mais communauté dans l’amour.  »

Je ne possède pas la version anglaise de Citadelle (The Wisdom of the Sands). J'aimerais bien y vérifier que la phrase est bel et bien une traduction de celle qu'on trouve dans ce fameux chapitre 75. Auquel cas, la citation, si souvent mentionnée sur le web, ne serait qu'une traduction d'une traduction !

samedi 19 mars 2011

L'école de Bakounine

« La raison, la vérité, la justice, le respect humain, la conscience de la dignité personnelle, solidaire et inséparable de la dignité humaine dans autrui, l'amour de la liberté pour soi-même et pour tous les autres, le culte du travail comme base et condition de tout droit ; le mépris de la déraison, du mensonge, de l'injustice, de la lâcheté, de l'esclavage, du désœuvrement, telles devront être les bases fondamentales de l'éducation publique. »
Michel Bakounine, Catéchisme révolutionnaire.

lundi 21 février 2011

Hugo et le curé

En exergue du chapitre 6 de Pour en finir avec Dieu de R. Dawkins, on trouve cette citation de Victor Hugo : « Dans chaque village un homme tend un flambeau, l'instituteur. Et un autre souffle dessus, le curé. »

Une recherche sur la Toile amène son lot de sites avec cette phrase, mais toujours sans donner la référence exacte. J'ai poussé un peu plus loin, et je suis tombé sur ce site. On y trouve le paragraphe suivant dans lequel on parle d'une attribution à Victor Hugo.
J.Lalouette fait circuler les photocopies de quelques exemples de cette imagerie du flambeau. L'une, signée Daumier, s'intitule «La Répétition» «générale du Concile». Publiée le 27 octobre 1869 dans «Le Charivari», elle s'organise autour d'un flambeau, au-dessus duquel est écrit "libre pensée"; un bras féminin, mais musclé, le brandit, tandis que des cléricaux soufflent dessus. Une autre image, parue dans «L'Etincelle» (nø3, de 1926), journal libre-penseur de Rennes, montre, au premier plan d'un patchwork de saynètes villageoises, un curé en train de souffler sur le flambeau que tend un instituteur. La légende, au-dessus de la tête du curé, est attribuée [?] à Victor Hugo: "Dans chaque village un homme tend un flambeau, l'instituteur, et un autre souffle dessus, le curé." [...]
Heureusement, les millions de textes numérisés de Google Livres viennent à notre secours. En effet, la phrase exacte, assez loin de celle citée par Dawkins, se trouve dans Histoire d'un crime.

dimanche 2 janvier 2011

3 citations

« Je pourrais en raconter de belles sur les milieux intellectuels que j'ai traversés, mais je n'ai jamais eu à souffrir la perte d'une illusion : je sais depuis toujours qu'il faut s'estimer heureux si l'on est à peu près compris par un tout petit nombre de personnes, voire même par une seule personne. »

« Il est étrange, notons le en passant, que dans notre système éducatif on puisse consacrer aux mathématiques une part importante des sept ans d'études secondaires, puis l'essentiel de sept ans encore d'études supérieures, sans que personne n'ouvre à l'intuition de l'étudiant une porte vers ce qui passionne les chercheurs. Quelques-uns des milliers d'étudiants que ce système mouline, mieux orientés, auraient pu apporter quelque chose à la discipline... l'enseignement les aura égarés. »

« Eh oui, la rigueur... quand ma fille était en Taupe* et me montrait un problème, je disais : « tu peux t'en sortir en t'y prenant comme ci puis comme ça ». Elle me regardait les yeux ronds : « mais Papa, tu n'es pas rigoureux ! » Je répondais, je crois, « avant d'être rigoureux il faut avoir trouvé son chemin ». L'art de l'architecte n'est pas celui du maçon. »

Michel Volle dans un billet de son blogue du 6 avril 2009.
* En argot scolaire, la taupe et l'hypotaupe, les classes de Classe préparatoire aux grandes écoles de Mathématiques spéciales et Mathématiques supérieures. -Wikipédia

samedi 1 janvier 2011

Citascope : K. Reichs

À Noël, Aurélie m'a donné deux Kathy Reichs. J'ai lu le premier et voici un citascope des citations retirées au fil de ma lecture.

vendredi 31 décembre 2010

Open-minded and skeptical

Trouvé grâce à un gazouillis de Mario Asselin.

« I will teach students. I will not teach "testable material." Increasing student test scores has never been a morally defensible goal. What students need is to become culturally and scientifically literate, to learn to think critically and do research and synthesize data, to become both open-minded and skeptical, to respect themselves and others and love learning, to understand whatever they read and be able to articulate themselves with clarity and confidence. Some of that might be measured, to some degree, by standardized tests but when their scores become ends unto themselves, then we have sold out ourselves and our students. »
Larry Strauss, 2011: The Year of the Subversive Educator

jeudi 30 décembre 2010

Citascope



Vous trouverez d'autres citations de H. Mankell sur Au fil de mes lectures.

mercredi 29 décembre 2010

Apprendre et étudier

« Pour apprendre vite, il faut étudier lentement. »

J’ai entendu cette citation au FM de Radio-Canada au milieu des années quatre-vingt.

Il y avait alors une émission qui passait à 18 h, animée par Normand Séguin : Plaisir de table. Je ne suis plus sûr du titre, ni de la formulation exacte de la citation, d’ailleurs !

J’aimais bien cette émission qui, à mon souvenir, durait une heure. M. Séguin citait une phrase (souvent d’un musicien) puis faisait tourner conséquemment la musique.

Il y a quelques années, j’avais écrit à l’animateur. Il m’avait alors répondu que la réalisatrice de l’émission était décédée, et qu’il ne savait plus où se trouvaient ses fiches de citations.

Toujours est-il que cette maxime m’était restée dans la tête, et que, péniblement, depuis près de 25 ans, je cherchais son origine exacte.

Ai-je résolu le mystère ? Tout au moins, j’ai la sensation que le voile se lève tout doucement. Voyez cet extrait :

Tout le monde demande une méthode pour bien étudier. Quelque méthode qu'on suive, elle sera inutile, si l’on s'en sert pour apprendre vite. Il n'y a, pour devenir savant, qu'une méthode assurée, c'est d'étudier lentement et avec ordre.

C’est à la page 127 du livre Réflexions sur les défauts d’autrui et les fruits que chacun en peut retirer pour éviter ceux des personnes du Siècle (1734) par Pierre de Villiers.

Un peu plus loin dans ce livre, on trouve l’extrait suivant :

« C'est pour obliger les hommes à devenir savants qu'on a établi les examens dans les Écoles publiques : mais ce moyen, après tout, ne sert guères qu'à faire des demi-savants. Quand on n'étudie que pour être examiné, on étudie presque toujours mal. ».

Ce monsieur semble avoir beaucoup pour me plaire, non ?

lundi 20 décembre 2010

L'enchantement

[...] Un monde où on se comprend moins les uns les autres, c’est d’abord un monde où on se comprend mal soi-même. Quand on n’est pas en mesure de prendre une distance réflexive à l’égard de ses propres impulsions, on n’est pas préparé à comprendre celles des autres. On est l’ennemi des autres parce qu’on se voit soi-même en étranger, qui inquiète et fait peur.

Comment se fait-il que l’enchantement des histoires écoutées se perde quand on les lit soi-même ? Il faudrait que soit communiquée aux enfants l’idée qu’apprendre à lire, c’est accéder à un pouvoir, celui de faire vivre les mots, dont seuls auparavant les adultes étaient détenteurs.

[...] Un « lecteur » c’est quelqu’un qui pense qu’il y a une dimension de la vie auxquelles on n’a accès que par les livres.

Vous trouvez que la « subversion » est revendiquée partout ? Moi je vois plutôt le contraire: une soumission incroyable aux modes et à la mode, un désir de faire «comme les autres» et de ne pas être en reste dans ses achats, ses habitudes alimentaires, ses façons de vivre de se vêtir… Un conformisme pesant règne sous le nom « d’individualisme », une peur de la liberté, de la singularité, une haine de l’exception derrière l’éloge convenu de la différence. C’est du reste ce qui fait qu’on fuit les livres. Parce qu’ils sont toujours un pas de côté par rapport aux modèles ambiants. Ils proposent deux choses, qu’on redoute : un face-à-face avec l’imaginaire d’autrui, un face-à-face avec son propre imaginaire, avec son « moi ». Vite, refermer le livre et retourner à la gluante unanimité, au collant unanimisme d’un show télévisé ! Si le livre émancipe, c’est d’abord parce qu’il arrache au collectif. Et l’individu moderne n’aime que cela. Même s’il en critique les variantes « totalitaires ».

Extraits de Danièle Sallenave tirés de l'entretien : « Lirons-nous demain ? »

samedi 13 novembre 2010

La morale

« La morale n’est point dans la superstition, elle n’est point dans les cérémonies, elle n’a rien de commun avec les dogmes. On ne peut trop répéter que tous les dogmes sont différents, et que la morale est la même chez tous les hommes qui font usage de leur raison. La morale vient donc de Dieu comme la lumière. Nos superstitions ne sont que ténèbres. Lecteur, réfléchissez: étendez cette vérité; tirez vos conséquences. »
Voltaire, Dictionnaire philosophique (entrée Morale), 1764.

dimanche 12 septembre 2010

Ximénès Doudan

« Il y a longtemps que je pense que celui qui n'aurait que des idées claires serait assurément un sot. Les notions les plus précieuses que recèle l'intelligence humaine sont tout au fond de la scène et dans un demi-jour, et c'est autour de ces idées confuses dont la liaison nous échappe que tournent les idées claires pour s'étendre, et se développer et s'élever. Si nous étions coupés de cette arrière-scène, il ne resterait guère que des géomètres et des animaux intelligents dans ce monde, et encore les sciences exactes y perdraient-elles de cette grandeur qu'elles tirent de leurs rapports secrets avec d'autres vérités infinies que nous soupçonnons et croyons entrevoir par moments. L'inconnu est le plus riche patrimoine de l'homme, et je pense avec Platon, bien ou mal entendu, que tout ici-bas est image et une image affaiblie de toute une économie supérieure. Il me semble même que tout l'effet du beau que nous pouvons voir est de faire penser à quelque chose de plus beau que nous ne voyons pas, et peut-être que la magie des grands poètes, par exemple, n'est pas tant dans les tableaux qu'ils peignent que dans les échos lointains qu'ils réveillent et qui viennent d'un monde invisible encore. »
Ximénès Doudan, Lettre à M. Guizot du 24 juin 1868.

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