Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 30 décembre 2005

Des goûts et des couleurs

« L'ennemi de toute peinture est le gris » (Delacroix). « Vous avez parfaitement raison de parler du gris, cela seul règne dans la nature, mais c'est d'un dur effrayant à attraper » (Cézanne). « Il faut respecter le noir » (Odilon Redon). « Rejetez le noir » (Gauguin). « Le noir, mais c'est la reine des couleurs » (Renoir). « Que c'est beau, le jaune ! » (Van Gogh). « Le bleu conserve sa propre individualité... alors que le jaune noircit dans les ombres et s'éteint dans les clairs » (Raoul Dufy). « Quand je n'ai pas de bleu, je mets du rouge » (Picasso).
Henri Perruchot, La peinture, p. 30, Hachette (Notes et Maximes), 1965

dimanche 27 novembre 2005

Helvétius

« Monsieur Helvétius, une petite question : voilà cinq cents enfants qui viennent de naître ; on va vous les abandonner pour être élevés à votre discrétion ; dites-moi combien nous rendrez-vous d’hommes de génie ? Pourquoi pas cinq cents ? »
Denis DIDEROT

Loi de Putt

J'ai bien souri en lisant la citation ci-dessous trouvée dans un commentaire de François Guité sur son blogue.
La technologie est dominée par deux types de personnes : ceux qui comprennent ce qu’ils n’administrent pas, et ceux qui administrent ce qu’ils ne comprennent pas.
Reconnaissant le style loi de Murphy, j'ai tenté une petite recherche sur le web. Ici, on trouve quelques explications. De là, un très beau néologisme anglais fait surface : Teachnology. Voir http://www.teachnology.org.

Sous Archibald Putt, dans Wikipédia (en), on apprend que l'aphorisme originerait du «Research/Development magazine» de janvier 1976.

Député ou dépité ?

Deux livres éloignés de 50 ans et lus dans un même intervalle de temps. Deux idées soeurs :
Prenez un homme qui a construit une grande oeuvre et dont le nom est célèbre dans les sciences, les arts ou les lettres. Il a fort peu de chances d'être agréé par les électeurs. Ni Pasteur ni Renan ne réussirent à obtenir un mandat.
Louis Latzarus, La Politique, Librairie Hachette, 1928
Au Québec, terre d'Amérique, il ne nous vient pas à l'esprit qu'un chef d'État puisse être en même temps un poète, un philosophe, un musicien. Si, par aventure, un tempérament d'artiste voulait arriver au pouvoir, il devrait, pour ne pas détériorer son image, camoufler cette «tare». Aussi ne faut-il pas s'étonner que nous n'ayons jamais eu d'hommes politiques imaginatifs, capables d'insuffler à la nation un idéal de l'esprit.
Albert Brie, Le mot du silencieux, Fides, 1978.

On ira sans doute aux urnes en janvier. Je penserai à ces deux citations lorsque viendra le moment de mettre mon «X».

vendredi 25 novembre 2005

Mémétisme

« L'intentionalité n'est qu'une propriété que l'esprit prête aux objets dans l'objectif de les simuler efficacement. C'est l'évolution qui nous a conduit à catégoriser différemment les êtres vivants et les non-vivants parce qu'ils ne se simulent pas efficacement de la même manière.
Ce qu'a compris Spinoza c'est que les deux ne font qu'un et que tout fonctionne par l'enchainement des causes matérielles. »
Arnaud Megret

Citation du jour sur le site de la Société Francophone de Mémétique.

samedi 12 novembre 2005

La techno

« Quelle est la différence entre la science et la technologie ? - La science est ce que le père apprend à son fils. La technologie est ce que le fils apprend à son père. »
Michel Serres, Le Monde, 2 août 2001

Cette citation de Serres m'a d'abord fait sourire. Puis je me suis amusé à remplacer les mots père et fils par mère et fille. Près de quarante ans après la montée du féminisme, la modification de cette phrase me ramène à cette triste impression que la technologie est encore aujourd'hui une affaire de gars.

contesxt free

vendredi 11 novembre 2005

La philosophie

Qu'est-ce d'ailleurs que la philosophie, sinon une fidélité extrême à la pensée?
Annie-Pier Quevillon sur le Philoblogue , 10 nov. 2005

samedi 29 octobre 2005

Victor Hugo en 1878

Les extraits suivants sont tirés du « Discours d’ouverture du Congrès littéraire international de 1878 » de Victor Hugo.

« L'industrie cherche l'utile, la philosophie cherche le vrai, la littérature cherche le beau. L'utile, le vrai, le beau, voilà le triple but de tout l'effort humain ; et le triomphe de ce sublime effort, c'est, messieurs, la civilisation entre les peuples et la paix entre les hommes. »

« Qu'est-ce que la littérature ? C'est la mise en marche de l'esprit humain. Qu'est-ce que la civilisation ? C'est la perpétuelle découverte que fait à chaque pas l'esprit humain en marche ; de là le mot Progrès. On peut dire que littérature et civilisation sont identiques. »

« Les peuples se mesurent à leur littérature. »

« La littérature, c'est le gouvernement du genre humain par l'esprit humain. »

« Constatons la propriété littéraire, mais, en même temps, fondons le domaine public. »

« Le livre, comme livre, appartient à l'auteur, mais comme pensée, il appartient — le mot n'est pas trop vaste — au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l'un des deux droits, le droit de l'écrivain et le droit de l'esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l'écrivain, car l'intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. »

« Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout ; enseignez, montrez, démontrez ; multipliez les écoles ; les écoles sont les points lumineux de la civilisation. »

« L'ignorance est un crépuscule ; le mal y rôde. Songez à l'éclairage des rues, soit ; mais songez aussi, songez surtout, à l'éclairage des esprits. »

« Je l'ai dit ailleurs, et je le répète, toute la sagesse humaine tient dans ces deux mots : Conciliation et Réconciliation ; conciliation pour les idées, réconciliation pour les hommes. »

« On désarme mieux son ennemi en lui tendant la main qu'en lui montrant le poing. »


Lianes

Discours complet.
Citations de Victor Hugo sur Au fil de mes lectures.
L'article sur Framasoft m'ayant incité à rechercher ce discours sur le web.

mercredi 19 octobre 2005

L'invasion des conseillers

Je plaide pour une renaissance des pratiques ascétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le «show», au milieu des informations écrasantes, des conseils à perpétuité, du diagnostic intensif, de la gestion thérapeutique, de l’invasion des conseillers, des soins terminaux, de la vitesse qui coupe le souffle.
Ivan Illich, La perte des sens, Fayard.

Voilà un autre livre sur ma liste des futurs achats.

Via C'est autre chose!

mercredi 12 octobre 2005

Le mot lecture

« D'une certaine manière, le mot lecture signifie se perdre dans les fictions d'auteurs comme Scott, Dickens, Cooper, Alger, ou dans les pages d'un catalogue. D'une certaine manière, je paraissais retenir davantage ce que je lisais que ce que j'étudiais. Et je retiens davantage parce que les auteurs que je lis m'emportent hors de ma chambre, hors de moi-même, ce que ne font jamais les auteurs des livres que j'étudie. »
Walter M. Mason, The Wonderful World of Books, Mentor Books, 1952, p. 199.

jeudi 6 octobre 2005

New Nothomb

Certains décrivent « Acide sulfurique » comme un roman-scandale ? C'est plutôt l'exercice de rentrée d'une petite dégoûtée qui cherche sa fessée.
Marc Lambron, commentant ici le roman de la rentrée d'Amélie Nothomb.

dimanche 25 septembre 2005

La perte de l'image

Il est impossible de dessiner un atome : d'abord, son noyau vibrionnant ne ressemble en rien à l'espèce de framboise statique et bicolore qui sert souvent à le représenter dans les manuels scolaires (avec les protons peints en rouge et les neutrons en bleu); ensuite, ces électrons n'ont pas les trajectoires que les dessins leur accordent trop fréquemment; ils ne ressemblent pas non plus aux vagues nuages diffus par lesquels certains autres manuels, en apparence plus scrupuleux, tentent au contraire de faire sentir qu'ils n'ont pas vraiment de trajectoire. Car les électrons ne sont pas des ectoplasmes délocalisés ! [...] Les nuages électroniques ne représentent donc nullement les électrons, ni leur forme ni le prétendu «flou» de leur trajectoire: ils ne font que décrire les régions de l'espace dans lesquelles la probabilité de les détecter est statistiquement importante.
Mais alors, que veut dire comprendre quand il n'y a plus d'images justes? La disparition des poissons pilotes de l'intelligibilité que sont les images, les illustrations ou les schémas, engendre une frustration sceptique chez ceux qui ont besoin de voir pour croire. Mais c'est au contraire de la fascination qu'elle fait naître chez ceux qui s'émerveillent de voir l'intelligence capable de démentir puis de dépasser ce que les images indiquent ou traduisent. Car perdre l'image n'est pas tout perdre. [...] quand il s'agit de construire les concepts aptes à rendre compte de la réalité physique, l'intelligence vaut mieux que le bon sens. Car la pensée, même privée de guide naturel et de catégories a priori demeure capable d'invention et parvient à éviter les pièges tendus par l'immédiateté des choses en élaborant des stratégies de détour. Le sens commun, lui, ne cesse pas de nous faire dire que la Terre est plate.
É Klein, pages 133 à 135

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