J'ai reçu aujourd'hui un très beau livre de 1845 contenant les cinq livres de fables de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794). Il était le petit-neveu de Voltaire et, apprend-on dans le Dictionnaire des Littératures de Larouse, « il fait ses Fables (1792) l'illustration un peu plate et scolaire d'une leçon de morale ou d'un proverbe. ».

Voyez par exemple Le Chat et le miroir, fable IV du livre 1. À droite la numérisation de la gravure qui l'illustre.

Philosophes hardis qui passez votre vie
À vouloir expliquer ce qu'on n'explique pas,
Daignez écouter, je vous prie,
Ce trait du plus sage des chats.

Sur une table de toilette,
Le chat aperçut un miroir;
Il y saute, regarde, et d'abord pense voir
Un de ses frères qui le guette.
Notre chat veut le joindre, il se trouve arrêté.
Surpris, il juge alors la glace transparente,
Et passe de l'autre côté,
Ne trouve rien, revient, et le chat se présente.
Il réfléchit un peu; de peur que l'animal,
Tandis qu'il fait le tour, ne sorte,
Sur le haut du miroir, il se met à cheval,
Deux pattes par ici, deux par là ; de la sorte
Partout il pourra le saisir.
Alors, croyant bien le tenir,
Doucement vers la place il incline la tête,
Aperçoit une oreille, puis deux... À l'instant,
À droite, à gauche, il va jetant
Sa griffe qu'il tient toute prête;
Mais il perd l'équilibre, il tombe et n'a rien pris.
Alors, sans davantage attendre,
Sans chercher plus longtemps ce qu'il ne peut comprendre,
Il laisse le miroir et retourne aux souris.
« Que m'importe, dit-il, de percer ce mystère ?
Une chose que notre esprit,
Après un long travail, n'entend ni ne saisit,
Ne nous est jamais nécessaire. »

Je me donne quelques semaines pour lire tranquillement le bouquin. Vous devriez alors retrouver des citations de ce fabuliste sur Au fil de mes lectures.