Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

samedi 16 février 2013

De toutes les Paroisses, page 166

Tout ce que fait l'abeille c'est en songeant à l'essaim.

Que de catégories de maris! Choisissez bien, pauvres femmes, le tas n'est pas fameux.

Il y a des gens qui compliquent tout, qui font des problèmes de tout, ils alourdiraient l'idéal même.

Aime où tu peux, respecte où tu dois.

Que c'est friand d'intriguer un curieux !

Rien ne s'ébruite plus que l'argent.

La souplesse est le mouvement de la grâce.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 15 février 2013

De toutes les Paroisses, page 165

Il faut attendre en priant ou en agissant, tromper l'attente.

Il est des gens qui semblent nés pour engraisser l'ennui.

Tièdement vouloir, c'est offenser la volonté.

Pour savoir se taire que faut-il? être convaincu de la sottise de beaucoup de gens qui parlent.

C'est lâche de trop se préoccuper de l'opinion, c'est fou de se boucher les oreilles pour ne pas l'entendre; se moquer d'elle en faisant son devoir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 14 février 2013

De toutes les Paroisses, page 164

Par habileté certains médisants ne vont pas jusqu'au bout, mais ils montrent le chemin.

C'est toujours juteux de faire pâlir un envieux.

Les Scandinaves semblent être enfants du clair de lune.

Sois bon, à rendre les anges jaloux.

Toutes les hautes vertus qui tombent éteignent une étoile.

Juge avec douceur pour n'entendre que la justice.

Tous les grands dons sont effrayants dans la vie : la grande beauté, la grande fortune, le grand pouvoir, quels nids à tentations !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 13 février 2013

De toutes les Paroisses, page 163

Comment comprendre qu'une tyrannie douce puisse manquer quand elle s'éloigne ?

Que de pauvres maris donnent toute leur sueur à la mode !

Que de petites gens sont devenus de grands morts devant l'Éternel !

Nos altesses sont très arrangeantes aujourd'hui; elles donneraient des leçons aux bourgeoises.

L'ironie ne va pas à la vieillesse : elle aggrave ses rides.

Il y a des étoiles dans le repentir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 12 février 2013

De toutes les Paroisses, page 162

Comme il y a manière de porter la toilette, il y a manière d'être duchesse.

Un coeur sans verrou, fi de ce coeur!

Les dames de compagnie, comme les dentelles, demandent le choix.

La jeunesse se regarde pleurer, tant les larmes l'étonnent.

Où prend-on son opinion? Bien moins dans son raisonnement que dans son humeur.

La première infidélité que tu commets, avec un peu de complaisance on peut la mettre sur le dos de la nature, la seconde franchement sur le tien.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 11 février 2013

De toutes les Paroisses, page 161

Ce que je trouve léger sur ton dos, sur le mien comme c'est lourd!

Une simple rougeur ouvre le secret d'une âme.

La pudeur ne sait pas toujours le pourquoi de sa crainte, elle sent qu'il y a à craindre.

Donner tort à ce qu'on aime, comme c'est aimer le juste!

Il y a bien des êtres qu'on n'a pas besoin de voir souvent, mais de savoir là ; il faut la mort, hélas ! pour nous apprendre ce qu'ils nous étaient.

On profite du prestige des gens avec lesquels on vit, et on s'en pourlèche.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 10 février 2013

De toutes les Paroisses, page 160

La flânerie qui dure est de la paresse qui commence.

Un acte est une idée mise sur ses jambes.

Dans sa conversation, un banquier sent toujours un peu le billet de banque.

Les vraies larmes ont de la mémoire.

Dans les bons mariages on se partage le fardeau des ennuis, ou on se le passe; dans les mauvais un seul le porte.

On a l'indifférence plus ou moins épaisse, comme on a la peau plus ou moins fine.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 9 février 2013

De toutes les Paroisses, page 159

On peut se laisser si facilement attaquer ! mais ceux qu'on aime !

Aimer en majeur, détester en mineur.

Modernisme. Touchante demande avant de se fiancer : Quel âge ont le père et la mère?

Si vouloir n'est pas toujours pouvoir, c'est du moins montrer qu'on est là.

Il faut renouveler ses bonnes résolutions chaque matin pour les tenir fraîches, comme on change l'eau des bouquets.

Triste condition du talent : il doit plaire.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 8 février 2013

De toutes les Paroisses, page 158

De son bel air narquois, le lendemain nous nargue.

La charité recoud tout ce que déchire la médisance.

L'application ne peut faire que le bon ouvrier.

Ce n'est pas la vie, ce sont les hommes qui nous rendent sceptiques par leur hypocrisie, qui font qu'en touchant on doute, qu'en ayant on frémit, qu'en méritant on désespère.

Le vrai repentir a compris : il marchera sur une autre route.

De la sagesse en excès peut devenir folie.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 7 février 2013

De toutes les Paroisses, page 157

Il n'est pas nécessaire de parler de son tort, mais de le sentir honteux en soi.

Comme on se lasse des mots à effet ! aussi vite que des toilettes voyantes.

J'aime à voir un vaniteux s'embourber dans sa sottise.

À Paris, on enterre sa simplicité, on triple son aplomb.

Les héritiers ont des heures désagréables : jouer la tristesse le jour d'obsèques qui les enrichissent.

Comme certains dédains ont une belle allure et savent bien se cambrer !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 6 février 2013

De toutes les Paroisses, page 156

Faire sortir certains êtres d'un parti pris, autant vaut essayer de prendre une forteresse.

Le bonheur de se vaincre a des douceurs à lui, un peu altières.

La politesse de l'esprit consiste à ne pas dire tout ce qu'il souffle.

Le bel esprit n'est qu'un amoureux de lui-même.

Mets tout de ton côté : le courage, le droit, la mesure, et puis arrive que pourra!

La vie sait parler ferme quand on l'outrage.

Ne sois jamais la première à accuser ni la dernière à pardonner.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 5 février 2013

De toutes les Paroisses, page 155

J'aime mieux le rêve que les rêveurs.

Écouter avec douceur ce qu'on vous répète pour la huitième ou dixième fois, dure épreuve pour l'amabilité !

La ruse aime à se cacher sous la naïveté, comme une reprise sous un ruban.

La femme galope dans les suppositions, elle aime l'incroyable.

La sincérité garde toujours une petite part pour elle-même.

Il y a des gens adorables à régaler : comme ils honorent donc bien la gourmandise!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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