Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 19 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 46

La douceur est la perfection de la charité.

Pour ceux qui ont su plaindre, le malheur a des respects.

Pauvre d'espoir, le plus pauvre de tous les pauvres.

Comme elle nous dévalise, la tentation, quand on répond à sa première oeillade !

La vie regarde la mort avec effroi; la mort regarde la vie avec appétit.

Un mari qui conduit sa jeune femme à toutes ces pièces véreuses d'aujourd'hui la mène par la main à l'adultère.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 18 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 45

Qu'il aime, le coeur, et il aura toutes les audaces.

Comme la douleur aime l'homme et le prouve !

Tuer l'amant débarrasse souvent la femme qui ne savait peut-être pas comment sortir des bras de l'amour.

Le mari conseille, l'amant approuve.

On écoute un sermon pour entendre le prédicateur plus que comme un moyen d'amendement.

Pour nous en éloigner, n'attendons pas d'avoir tout à fait assez d'une chose, afin de ne pas nous exposer à en avoir trop.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 17 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 44

Le mariage tire à lui : l'ami marié n'est plus tout à fait un ami ; l'enfant marié n'est plus tout à fait un enfant.

J'ai horreur de la pitié qu'on gâche, comme du pain qu'on jette.

Une tâche rappelle et discipline la volonté.

Comment se tire-t-on d'une longue souffrance? En espérant.

Comme on voit beau par les yeux de la foi !

Tout a été dit ; redire, c'est rallumer la lampe.

Dire vrai dépend de nous ; sentir vrai, de notre nature.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 16 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 43

Une parcelle du temps peut donner l'éternité.

Interrogez les plus grands travailleurs : la plupart voudraient recommencer leur vie : fraîcheur que laisse le travail.

Le pauvre honteux souffre autant de sa honte que de ses besoins.

Avec le douloureux on pleure, avec le tragique on crie.

Même une femme vertueuse, n'est pas fâchée d'avoir eu l'occasion de succomber.

Nos morts ne sont véritablement froids que lorsque nous mourons.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 15 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 42

Dans le cortège du bonheur un croque-mort se cache.

On nous loue comme on nous déchire, sans nous examiner.

Laisse-les dire, laisse-les croire : il faut bien que les gens s'amusent.

Une femme très laide, qui le sait, et très bonne, comme il faut qu'elle soit bonne !

Dans la comédie humaine, les uns excellent dans le premier acte, les autres dans le dernier.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 14 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 41

Mourir, c'est retourner; mais on a oublié le chemin.

La beauté montre, la physionomie exprime.

Quand la parole ne réussit pas, les femmes appellent les larmes.

Le souvenir de l'amour n'en redonne souvent pas l'envie.

La jeunesse meurt dans son cortège d'illusions, de promesses ; elle meurt dans son bouquet.

La tendresse se devine, la passion se lit.

La première chose que fait l'amour, c'est de nous empêcher de voir ce qui est et de nous faire voir ce qui n'est pas.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 13 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 40

Une femme languissante plaît, on lui trouve une poésie secrète... qui ne demande que des réalités.

On met sa vanité jusque dans sa maîtresse : on en a tant à placer !

J'ai connu un mari si sûr de sa femme qu'il l'encourageait à la politesse envers un homme qu'elle adorait.

Une tristesse non définie, c'est souvent de l'amour qui cherche.

Les événements sont des étapes qui nous obligent à réfléchir.

Que de fois un petit rayon de soleil nous eût sauvés de notre vilaine humeur! Pauvre humanité !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 12 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 39

Qui se laisse marchander ne sait pas se donner.

Oh ! que ceux qui ont peu chez eux sont donc difficiles chez les autres !

Mourir en pleine joie, la coupe aux lèvres : un don généreux de la vie.

Ne parlez pas de pureté et d'amant : l'un chasse l'autre.

La dignité, c'est le paratonnerre.

La beauté promet le succès, non le bonheur.

Les jeunes rides sont timides, elles osent à peine. En revanche, les vieilles!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 11 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 38

Un mari qui veut comprendre sa femme! C'est bien de l'ambition.

Ni fuir la bataille ni la chercher : pouvoir l'attendre.

Nuisible désir de toujours vouloir hâter les choses : permettons au temps de prendre son temps.

Que de fois l'entr'acte est le meilleur moment du spectacle !

Il est des bontés que nous ne goûtons pas; apprécions-les tout de même.

L'indifférence a un bon côté : elle excuse si facilement!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 10 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 37

Comme on se surfait, et avec quelle profonde conviction !

La luxure et la faim n'ont pas le temps de choisir.

La volupté trouve partout des sirènes.

La toilette donne de l'audace aux sots.

On meurt à la peine : digne mort.

Les conseils très bien accueillis ne sont pas généralement de très bons conseils.

Tu n'as rien de plus précieux que ton coeur : surveilles-en l'entrée.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 9 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 36

En oeuvre d'art, on peut gagner la grâce où l'approcher, au moins ; on ne gagne pas la puissance.

Le jour des morts impressionne surtout ceux qui ne pensent à leurs morts qu'une fois par an.

L'ordre allonge la vie.

Les regrets, comme les indiscrets, fouillent partout.

Ceux qui veulent mourir font trembler les autres.

Savoir comprendre, c'est être psychologue ; savoir sentir, c'est être artiste ; savoir azurer, c'est être poète.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 8 octobre 2012

De toutes les Paroisses, page 35

Gâcher, c'est insulter.

Un des meilleurs privilèges de la jeunesse, c'est la facilité avec laquelle elle se fait aimer.

L'amour du commandement fait qu'on en garde en tous temps le bâton en main.

Les jolies femmes entre elles ne voient que des rivales.

Pour reconquérir, une femme qui aime peut tout pardonner.

Le coeur n'a aucun amour-propre. Oh pourrait souvent lui en souhaiter un peu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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