Après une rencontre extraordinaire avec une quinzaine d'enseignants du primaire et du secondaire, j'ai le goût de partager un petit rêve.

J'imagine une classe. Des élèves de 13 ou 14 ans. Des élèves qui ont beaucoup de difficultés. Des élèves classés 2e ou 3e cycle primaire. Un ordinateur par élève.

J'imagine une équipe d'enseignants (deux ou trois).
J'imagine un animateur Récit très très présent.
J'imagine des conseillers pédagogiques très présents. Pour documenter, observer, appuyer.

J'imagine une philosophie. Bien sûr, on passe le programme. Mais dans l'esprit des compétences. Autrement dit, les savoirs appuient le développement des compétences. L'évaluation considérée comme aide à l'apprentissage. L'évaluation-tri-social est bannie.

J'imagine les élèves qui font des mathématiques (pensée logico-mathématique) à l'aide de Scratch.

J'imagine des situations d'apprentissage (entre autres en maths et en sciences et en univers social) les amenant vers un conscience citoyenne.

J'imagine ces élèves développant petit à petit le goût pour la lecture. Je les imagine choisir une pièce le théâtre, la jouer, en faire une lecture publique.

Je les imagine pratiquer des sports. Trois, quatre heures par semaine. Nager, jouer au football, patiner.

Je les imagine participer à un tournoi d'échecs.

Je les imagine faire de la danse sociale.

Je les imagine marcher dans les rues de la ville pour y observer les arbres, les oiseaux. Et l'architecture. Et la neige.

Je les imagine bloguer.

Je les imagine transformer leur environnement : peinturer les murs, décorer.

Je les imagine participer à la vie scolaire : se faire entendre sur le conseil des élèves de l'école.

Je les imagine me dire : « Monsieur Gilles, je ne comprends pas » et je les regarde et je dis : « Ce n'est pas grave. Venez, je vais vous aider. »

Je les imagine pleurer, parce qu'ils ont le mal de vivre. Et je m'imagine les écouter. Tout simplement, les écouter.

Et ils sont en ateliers. Tout le temps. Comme dans une maternelle.

Et je les regarde travailler. Certains en arrachent. Le tough fun, c'est pas facile à apprendre.

Parfois un regard croise le mien. Et mon regard dit : « J'aime que tu existes. » Et le regard de l'élève dit : « Je vous aime bien, Monsieur Gilles. » Et je souris.