dimanche 15 janvier 2006
Le «mal/bien-penser»
Par Gilles Jobin, dimanche 15 janvier 2006 :: Livrogneries
Vous trouverez plusieurs citations sur Au fil de mes lectures, mais je ne peux vous laisser sans ce large extrait qui résume bien, à mon avis, la complexité du bien-penser. Je suggère de vous en faire une jolie copie papier que vous pourrez garder tout près : sa relecture, avant d'entamer une discussion, ne peut être que bénéfique !
Extrait des pages 64, 65 et 66 :
Le « mal-penser »- morcelle et cloisonne les connaissances,
- tend à ignorer les contextes,
- fait le black-out sur les complexités,
- ne voit que l'unité ou la diversité, mais non l'unité de la diversité et la diversité de l'unité,
- ne voit que l'immédiat, oublie le passé, ne voit qu'un avenir à court terme,
- ignore la relation récursive passé/présent/futur,
- perd l'essentiel pour l'urgent, et oublie l'urgence de l'essentiel,
- privilégie le quantifiable et élime ce que le calcul ignore (la vie, l'émotion, la passion, le malheur, le bonheur),
- étend la logique déterministe et mécaniste de la machine artificielle à la vie sociale,
- élimine ce qui échappe à une rationalité close,
- rejette ambiguïtés et contradictions comme erreur de pensée,
- est aveugle au sujet individuel et à la conscience, ce qui atrophie la connaissance et ignore la morale,
- obéit au paradigme de simplification qui impose le principe de disjonction ou/et le principe de réduction pour connaître, et qui empêche de concevoir les liens d'une connaissance avec son contexte et avec l'ensemble dont elle fait partie,
- mutile la compréhension et handicape les diagnostics,
- exclut la compréhension humaine.
Le « travailler à bien penser »
- relie,
- décloisonne les connaissances,
- abandonne le point de vue mutilé qui est celui des disciplines séparées et cherche une connaissance polydisciplinaire ou transdisciplinaire,
- comporte une méthode pour traiter les complexités,
- obéit à un principe qui enjoint à la fois de distinguer et de relier,
- reconnaît la multiplicité dans l'unité, l'unité dans la multiplicité,
- dépasse le réductionnisme et le holisme en liant
- inscrit le présent dans la relation circulaire
- intègre le calcul et la quantification parmi ses moyens de connaissance,
- conçoit une rationalité ouverte,
- reconnaît et affronte les incertitudes et contradictions,
- conçoit le dialogique qui intègre et dépasse la logique classique,
- conçoit l'autonomie, l'individu, la notion de sujet, la conscience humaine,
- opère ses diagnostics en tenant compte du contexte et de la relation local-global,
- s'efforce de concevoir les solidarités entre les éléments d'un tout, et par là tend à susciter une conscience de solidarité. De même sa conception du sujet le rend capable de susciter une conscience de responsabilité ; il incite donc à ressourcer et régénérer l'éthique,
- reconnaît les puissances d'aveuglement ou d'illusion de l'esprit humain, ce qui conduit à lutter contre les déformations de la mémoire, les oublis sélectifs, la self-deception, l'auto-justification, l'auto-aveuglement.