Mille

Millième billet. N’est-ce pas là le temps de réfléchir un peu à cette aventure ?

Le début

J’ai commencé mes Jobineries en août 2004. Mes intentions n’étaient pas claires : après une crise d’angine nécessitant deux endoprothèses vasculaires, j’étais en mini crise existentielle. Écrire pourrait-il m’aider ? Car depuis très longtemps j’avais décrété que je n’avais pas grand’chose à dire et, conséquemment, encore moi à écrire.

Mais déjà depuis quelques mois, je commentais sur différents blogues comme celui de Stéphane Allaire ou de Clément Laberge et Mario Asselin. Mais c’est un long commentaire sur les mathématiques laissé sur le blogue de François Guité qui a ébranlé ma conviction : aurais-je des opinions « partageables » ?

Éclectique

J’ai lentement élaboré mes catégories, comme les sentiers en forêt, laissant des traces au gré de mes pérégrinations. Je savais bien que d’écrire sur n’importe quoi ferait en sorte que j’aurais peu de lecteurs réguliers, car pourquoi RSSuivraient-ils un blogue qui, le plus souvent qu’autrement, parle de ce qui ne les intéresse pas ? Mêler des photos des petits enfants, des citations, des trucs sur l’enseignement des maths, des propos sur l’éducation, des bidules de programmation, etc., n’est pas du goût de chacun !

« Web log » signifie journal web. Je rappelle qu’à l’époque, Joueb était dans la liste des traductions possibles de Blog. C’est dans l’esprit d’un journal type intime que j’ai publié mes billets. Il faut dire que j’avais un modèle qui, encore aujourd’hui, m’inspire : il s’agit du journal web de Jean-Pascal.

Et c’est ainsi, au fil des billets, que les Jobineries sont devenues ce qu’elles sont aujourd’hui. Écrire Je ne suis pas écrivain, loin de là. Mais écrire régulièrement m’a permis de mieux cerner mes pensées ; et aussi de prendre conscience que j’ai des pensées ! Cet exercice important, essentiel, fondamental fait qu’aujourd’hui je suis beaucoup plus conscient que je fais partie de ce monde : un événement se produit autour de moi, que ce soit une conversation avec Marie, le sourire de Marilise, une parole d’un collègue, une marche avec les lévriers, un livre reçu que, hop ! je me demande bien comment je pourrais bloguer la chose. C’est le bénéfice le plus important que m’apporte ce blogue : mon cerveau est vivant, mon cerveau fonctionne, mon cerveau pense! Cet ordinateur organique est fragile, et cette peur qu’un jour il me laisse tomber fait en sorte que je veux profiter de tout ce qu’il peut m’apporter ici et maintenant.

La suite

Je suis donc devenu un accroc. J’en ai parlé autour de moi et certains d’ailleurs s’y sont mis.

J’ai beaucoup parlé de la puissance de l’écriture à mes collègues, prenant parfois plusieurs minutes en réunion d’équipe pour vendre l’idée. De ce côté-là, peine perdue. Mon amour pour ce mode d’expression n’est sans doute pas communicatif.

Écrire, comme toute forme de création, est assez difficile, et l’argument que cela demande du temps vient rapidement aux lèvres de mes collègues. J’ai beaucoup contre argumenté en signalant tout le plaisir que cela pouvait apporter. En faisant aussi valoir qu’il est important de partager ses connaissances. Mais rien n’y fit. Aujourd’hui, de la déception, je suis passé à l’indifférence.

Portfolio

Je relis assez régulièrement mes vieux billets. Où étais-je il y a un an, 2 ans, etc. ? Et je me surprends à m’aimer. Le blogue est une merveilleuse activité nombriliste. C’est un morceau de soi-même. Pas question pour moi d’arrêter cet exercice. Certains croient les blogues morts. C’est, je pense, ne pas comprendre la puissance fondamentale du web qui permet à tous d’écrire ce qu’ils pensent. Et des êtres humains qui pensent et qui désirent partager leurs pensées, il y en aura toujours.

Merci au web. Merci à la vie.