Je ne suis pas ANTIGRICS, je suis PROCHOIX.

Deux réactions intéressantes [1 et 2] à l'article de Michel Dumais m'ont aidé à mieux cerner ma pensée au regard de la Société GRICS. Je vous la dévoile ici en espérant donner un nouvel éclairage au débat.

Quelques dirigeants de CS ont créé à l'époque une société à but non lucratif dont l'objectif était le développement d'applications informatiques qui les aideraient dans la gestion de leur commission scolaire. C'est d'ailleurs des gestionnaires de CS qui composent le conseil d'administration de la Société. C'est ainsi que peu à peu, plusieurs CS ont joint les rangs de la Société (leur donnant ainsi accès au CA) et qu'on se trouve aujourd'hui avec une soixante de CS qui sont membres de la GRICS.

Mais voyez-vous, une CS, ce n'est pas que ses gestionnaires. Un CS est aussi composée de pédagogues qui ont des problèmes à résoudre et dont ces problèmes ne sont pas du tout d'ordre administratif, mais bien d'ordre pédago/technologique. Or, les outils informatiques orientés vers la pédagogie sont très différents des outils informatiques orientés "gestion". Par ailleurs, le même outil informatique orienté pédagogie peut recevoir autant d'évaluations/utilisations différentes qu'il y a d'utilisateurs (ces pédagogues ne sont pas des gérants d'estrade), car c'est l'utilisateur qui choisit les actions pédagogiques à poser à l'aide de son outil et non l'outil qui détermine les actions pédagogiques à poser. Cette distinction est très importante car, en gestion, cette préoccupation est à peu près inexistante : par exemple, dans le système de paye, on va demander au responsable d'utiliser tel logiciel de telle manière et son opinion au regard de cette utilisation n'est absolument pas importante. On le paye pour utiliser le logiciel en question, et non pour réfléchir à son utilisation. Le pédagogue qui utilise l'informatique, quant à lui, doit réfléchir à son utilisation et doit pouvoir l'adapter à ses propres besoins et aux besoins des élèves. Ce dernier point, quant à moi, suggère fortement (mais pas nécessairement) un regard vers les applications libres.

Et voilà pourquoi je crois que la GRICS ne doit pas se mêler de pédagogie : elle n'a pas été créée pour aider les pédagogues, mais pour aider des gestionnaires. Elle n'a donc pas la capacité d'adapter rapidement ses logiciels aux besoins pédagogiques des différents milieux. Prenez l'exemple du Bulletin GPI : plusieurs CS ont fait des demandes très précises à la Société pour y effectuer des changements qui le rendraient plus cohérent avec l'esprit de la Réforme. D'une CS à l'autre, ces demandes nécessairement varient, car les pédagogues qui réfléchissent à cette Réforme formulent ces demandes en réponse à leur propre réflexion. Or la GRICS tentent honnêtement de répondre à ces demandes, mais elle y arrive que très difficilement car son logiciel n'est pas prévu pour une telle différenciation : à l'origine, le bulletin était à peu près pareil partout. Aujourd'hui, cette conception est complètement dépassée.

J'ai beaucoup de respect pour la capacité de gestion des gestionnaires membres de la GRICS, mais je ne crois pas qu'ils soient les mieux placés pour décider des outils informatiques à caractère pédagogique. Je crois sincèrement que ce sont les pédagogues les mieux placés. Si les gestionnaires membres de la Société qui ont un intérêt pour l'informatique appliquée à la pédagogie (je suis convaincu qu'il y en a) désirent s'impliquer et participer aux choix des pédagogues, je crois qu'au moment du choix, ils devraient se retirer de la table car ils font partie d'une Société privée qui a aussi des offres sur la table. Il ne faut pas oublier que nous voulons tous la même chose : que nos élèves réussissent. Or, entre autres, le rôle du pédagogue est d'offrir le plus d'outils différenciés pour le faire. Il doit donc avoir un très grand mot à dire sur le choix de ses/ces outils. Et le rôle du gestionnaire est d'enlever les bâtons dans les roues aux pédagogues pour qu'ils puissent faire le plus harmonieusement possible le travail.

Si des gestionnaires de la GRICS lisent ce billet, voici ce que je suggère : que tous les logiciels à caractère pédagogique (à leurs dires, en tout cas) de la Société deviennent libres. Ainsi, les pédagogues se sentiraient à l'aise de les adapter à leur propre réalité s'ils jugent ces logiciels utiles dans leur travail. Autrement dit, que les propriétaires de la GRICS ouvrent carrément un département LL et que ce département travaille dans l'esprit du LL.