Après mon habituelle réaction (les garcettes en l'air), je me suis mis à réfléchir sur le sens et les implications d'un tel règlement.

Deux hypothèses ont surgi.

Première hypothèse : les décideurs qui ont signé le règlement sont complètement ignorants du fonctionnement du web.
Il est clair qu'il sera très difficile pour un enseignant de sélectionner les sites pour les élèves. La toile étant ce qu'elle est, il est à peu près certain que dudit site, l'élève, juste en cliquant pourra tomber sur un site web qui pointe vers Google. Par exemple, si l'enseignant permet Cyberpresse, l'élève n'aura qu'à descendre un petit peu dans la page pour trouver le moteur Google. Il faudra aussi bannir Carrefour Éducation, car leur bottin fait référence à plein de sites qui, eux-mêmes, pointent vers Google. Il est donc très évident que l'enseignant aura fort à faire pour trouver des sites qui eux-mêmes ne renvoient pas à des sites qui eux-mêmes ne renvoient pas à des sites qui... ne pointent pas vers Google. Donc, l'ignorance du décideur rendra la vie (tout au moins l'utilisation d'Internet) bien difficile aux enseignants et aux élèves. Cette hypothèse est terrible car c'est avouer qu'en 2004, il y a toujours des décideurs du monde de l'éducation qui sont très loin des réalités technologiques du monde moderne et qui, par leur ignorance, empêchent les élèves d'avoir accès à des contenus de qualités.

Seconde hypothèse : les décideurs ont une bonne connaissance du web et savent très bien ce qu'ils font. En ce cas, deux possibilités. La première, c'est qu'on offrira aux enseignants un robot permettant de vérifier que les liens donnés aux élèves répondent bien au critère qui est, je le rappelle, de ne pas pointer vers Google. Il est très possible que cette cs ait demandé à une compagnie (ou une certaine société bien connue au Québec) de leur développer un tel logiciel. Seconde possiblité : On n'a aucunement l'intention d'aider les enseignants à sélectionner de bons sites. La conséquence est à mon avis quasi-immédiate, soit d'empêcher tout simplement aux élèves l'utilisation de l'Internet. Autrement dit, les dirigeants savent que c'est à peu près impossible de trouver des sites qui eux-mêmes ne pointent pas vers des sites qui eux-mêmes ... (etc)... et donc, il veulent éliminer Internet du paysage pédagogique de l'élève. Et ils feront ainsi porter l'odieux des conséquences (chers enfants, JE ne veux pas que vous alliez sur le web) sur les épaules de l'enseignant. C'est bien la direction qui ne veut pas que les enfants touchent au web mais ils camouflent leur décision par un règlement qu'il est concrètement impossible de respecter.

Donc, première hypothèse : les dirigeants sont ignorants et, conséquence, le prof doit bannir le web de sa classe. Deuxième hypothèse, les dirigeants sont intelligents et stratèges, et le prof doit soit bannir le web dans sa classe en portant l'odieux de la décision, soit acheter un logiciel probablement à grand prix d'une certaine compagnie.

Devinez vers laquelle des deux hypothèses je penche ...