Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 6 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 64

Que de gens sans remords, faute de jugement!

Que le bonheur soit bon à l'homme, c'est naturel; mais qu'il lui semble dû!

Les femmes ont la méchanceté plus aiguë, plus perçante, plus coupante que celle des hommes.

Un joli visage donne toutes les illusions, même celle de ne pas pouvoir mentir.

Une résistance nous met la force en main.

Il est de ces journées qui ne semblent plus être de la terre, tant elles sont limpides au coeur, chatoyantes à l'esprit, lumineuses à l'âme ; elles nous emportent dans leurs rayons, nous bercent dans leurs ondes... mais qu'on est misérables le lendemain!

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 5 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 63

J'ai un petit faible, sauf exception, pour les gens qui ne m'invitent pas à dîner.

La résignation a, dès le début, un gros travail à faire; puis ensuite, quel calme!

En amour les banqueroutes sont toujours frauduleuses.

On sert souvent bien mal son parti ; que de dévots font tort à la dévotion !

Trop de prudence nous vieillit, et sans prudence nous chavirons.

À la manière dont une femme donne le bras à un homme, on sent l'amant ou l'époux; l'amante s'accroche.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 4 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 62

Il y a certains salons où l'on entend passer les sifflements de l'envie,

On se flatte de ses dons physiques; eh bien, mais le chameau est fier de sa bosse, et la girafe est fière de son cou.

Tous les poètes n'ont fait que me rapetisser l'idée que j'ai du Paradis; certaines mélodies m'en ont donné l'émotion.

La sévérité a de la grandeur, quand on commence par soi-même.

Mettez une foi vive dans un coeur, vous verrez l'égoïsme s'y ennuyer et la vanité s'y flétrir.

Le sacrifice s'adresse de préférence à la femme, il reçoit meilleur accueil.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 3 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 61

Il y a des gens qui sont toujours contents d'eux, ce ne sont pas ceux dont je suis le plus contente.

Une vie sans événements, sans hasards, c'est un peloton de fil que le temps dévide.

La chance protège l'amoureux ; elle lui prépare des rencontres joyeuses et lui chuchote d'heureux mensonges.

Que de temps pour garantir une pureté, qu'un mot imprudent suffit à détruire !

Belles exceptions ! vous nous rendez plus inexcusable encore la rigidité de la règle.

L'amour est quelquefois honteux de lui-même : sa dignité passe outre.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 2 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 60

Les habiletés s'acquièrent, les ruses s'introduisent.

Les femmes de quarante ans jouissent de l'amour et tremblent : c'est le baiser du départ.

Les heureux prennent les contrariétés pour des peines, oubliant de se comparer.

Hélas! on ne considère jamais le pauvre tout à fait comme soi, et notre pitié s'en rétrécit.

La femme romanesque n'est pas toute au présent : elle caresse le passé et bâtit dans l'avenir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 1 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 59

De toutes les Paroisses, page 59 La faim du coeur est comme l'autre faim, criarde, certains jours.

Heures douces, donnez-nous des forces !

Pour parler de soi que ne dit-on pas? on se calomnie.

On commence par être le confident, et puis on change de titre.

Notre rire est bien souvent plus bête que nous.

Derrière les piliers d'une église, que d'amoureux repentants viennent, les yeux caves, demander l'oubli !

Un amant qui n'a pas encore abdiqué toute timidité n'est pas complètement entré dans la carrière.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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