Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 5 août 2012

Chemin faisant, page 228

Il y a des époques où l'on est repris violemment du mal de son mal, du désir de son désir, du regret de son regret.

Le don est comme la prière, il doit sortir du coeur sans contrainte.

La fille corrigeant la mère en fait d'illusions, cela se voit.

J'entends des gens me dire : « Je me suis fait une douce violence. » Moi, je n'en ai jamais connu de douce.

Il est bien moins difficile de concevoir le bien que de le proportionner.

Les très belles utopies ont le sort des ongles trop longs ; elles se brisent au premier contact.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 4 août 2012

Chemin faisant, page 227

Le courage est comme l'enfant, il croit tout possible.

Il ne faut pas aller plus profond que la profondeur pour rester dans la lumière, ni plus bas que le puits pour trouver l'eau.

Le regret est un vivant qui se pleure sur un mort.

Je crois, donc j'accepte.

Une habitude est comme l'angora de la maison; elle grimpe sur notre dos sans que nous la sentions.

Quelque timide qu'on soit devant son public, on ne peut cependant pas, quand on n'en vit pas, éprouver les émotions de la mariée devant l'autel.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 3 août 2012

Chemin faisant, page 226

Soupirer, c'est appeler.

La grâce n'a pas peur de la beauté ; la beauté a peur de la grâce.

La vieillesse est en gare ; elle n'a plus qu'à attendre.

La générosité trouve sa science dans son coeur.

La vraie jalousie n'est pas orgueilleuse ; ce ne sera jamais son défaut.

Le jour est fatigué, ses yeux se ferment, tout pâlit; c'est le soir.

Mourir en penchant sa tête sur l'éternité, c'est s'endormir sur les genoux de sa mère.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 2 août 2012

Chemin faisant, page 225

L'estime est froide; comme à la Naïade, on a presque envie de lui jeter un drap chaud.

Chacun à sa place : les frileux auprès du poêle, les Spartiates à la brèche.

J'aime mieux un livre mauvais qu'une mauvaise traduction.

Chacun crée des héros et des héroïnes à sa mesure.

Il est des gens près desquels il est bien facile de rester classique; ils tentent si peu notre fantaisie.

Quand on est dans son devoir, comme on se sent bien dans sa peau !

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 1 août 2012

Chemin faisant, page 224

C'est une faveur de manger la première salade du potager.

Il y a des gens qui n'ont jamais besoin de permissions ; ils se les accordent.

C'est un luxe et une misère que de pouvoir s'exposer.

Mars est le mois des violettes et des congestions, car la nature crée d'une main et tue de l'autre.

Personne n'est sans but ici-bas, puisque chacun de nous a une âme à sauver.

On peut être profondément et sincèrement reconnaissant d'un oubli.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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