Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

vendredi 17 février 2012

Chemin faisant, page 50

Un sot qui va ouvrir la bouche nous suspend à ses lèvres par l'effroi.

La vraie charité, obligée de révéler ses actes, est aussi malheureuse que la chasteté sous des voiles en lambeaux.

La superstition est un reste de barbarie, sans que le superstitieux soit un barbare.

Tout vieillit, mais tout ne se ride pas !

Le blasé a l'air de boire la joie dans un crâne.

Il est peu de satisfactions aussi douces que celle de se sentir à la hauteur de l'attaque.

La médisance est comme la note à payer ; quand on a monnaie en poche elle inquiète peu.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 16 février 2012

Chemin faisant, page 49

L'hypothèque de la mort : la maladie.

Nos actions sont des pensées que nous mettons sur des jambes.

Les larmes dépouillent à la frontière terrestre toute leur humilité et arrivent à Dieu en vainqueurs.

Si le riche a le monde à ses pieds, il a la trahison au-dessus de sa tête.

Croire trop peu, c'est douloureux; croire trop, c'est dangereux.

Un homme riche ne doit jamais se demander pourquoi on l'aime.

Le pardon qu'on demande n'est généralement pas plus sincère que celui qu'on accorde.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 15 février 2012

Chemin faisant, page 48

Donner ! Aimer ! C'est la même chose sous un autre nom.

Que ferait le courage si la vie était facile ! Le voyez-vous vivre en se croisant les bras ?

Dans la douleur, derrière tout ce que nous pouvons dire, il y a tout ce que nous devons taire.

Une demande en mariage à un certain âge c'est le fer rouge sur notre dignité.

L'envieux est le plus pauvre de tous les pauvres ; il ne se réchauffe à aucun soleil, il ne se réjouit à aucun foyer; il est pauvre en naissant, pauvre en vivant, pauvre en mourant.

Le plus malin de tous est encore le plus soumis.

Traîner une peine c'est la porter deux fois.

Nos forces sont des témoins que nous ne consultons pas assez souvent.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 14 février 2012

Chemin faisant, page 47

Il y a tant de manières d'être utile que le bien s'impose à chacun de nous.

Il est bien plus facile de vivre avec les qualités des autres qu'avec leurs vertus.

Il faut parler juste au chagrin ou ne pas s'en mêler : que de gens écorchent la plaie en voulant la panser !

Les rassasiés sont toujours les plus intolérants.

Le duo a été créé par la nature et le trio par la société.

Penser, c'est voyager à prix réduit.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 13 février 2012

Chemin faisant, page 46

J'ai plus de dédain que de pitié pour les gens qui s'ennuient.

On ne devient pas philosophe sans blessures et sans cicatrices, bien que blessures et cicatrices ne tournent pas toutes à la philosophie.

Nos jouissances dépendent moins de notre éducation que de nos goûts et de nos instincts.

On n'offre son intimité aux gens que lorsqu'on veut accepter la leur.

Les gens qui ne savent pas s'en aller sont au moins aussi insupportables que ceux qu'il faut attendre.

La couleur est l'esprit des choses.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 12 février 2012

Chemin faisant, page 45

Il ne faut pas permettre aux mauvais outils de nous dégoûter du travail ni de l'oeuvre.

Un intime reproche : l'accomplissement de notre devoir par un autre.

Que de chers petits égoïsmes, ô prudence ! se sont abrités dans ton sein !

L'hommage ! Le centime accepté par les plus riches mains.

En pensant nous sommes aussi souvent avec les pécheurs qu'avec les saints.

La peur est un évanouissement subit du courage.

Les jeunes croient facilement que nous avons toujours été vieux.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 11 février 2012

Chemin faisant, page 44

La sympathie a le don de subite naturalisation.

L'art et la vertu s'acquièrent par pièces et par morceaux.

Nos prétentions augmentent bien plus en raison de nos succès, qu'en raison de nos mérites.

On ne peut bien consoler que ce qu'on comprend, mais on peut aimer ce qu'on ne comprend pas.

Une année sans printemps ressemble à une jeunesse sans amour : il lui manque toujours quelque chose.

Aimer un pays plus que le sien, c'est voler sa mère pour faire l'aumône.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 10 février 2012

Chemin faisant, page 43

Se venger ! Est-ce cicatriser sa plaie ?

Qui fait des admirateurs fait des disciples.

Le conseil est une sorte de paternité ; il engage celui qui le donne.

Le désir n'est pas toujours un coupable, mais c'est toujours un gourmand.

Quand nous vieillissons, les souvenirs nous entourent comme les lierres entourent les vieilles maisons.

Avoir l'air convaincu, n'est-ce pas la plus aimable de nos politesses ?

Nos goûts sont généralement servis avant nos devoirs.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 9 février 2012

Chemin faisant, page 42

Il n'y a d'être inutile que celui qui le veut bien.

Le silence est un mépris, un moyen, un art, une paresse, une crainte, ou une dignité : il joue tous les rôles sous le même habit.

Il n'est pas rare de voir la calomnie, comme l'adultère, punie dans plusieurs générations.

On sort de la douleur comme on sort d'un antre obscur, toujours un peu surpris.

On ne se noie pas à la même profondeur de l'eau, on ne se blase pas à la même hauteur de la coupe.

Le monde est impitoyable, surtout à ceux-là qui le craignent.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 8 février 2012

Chemin faisant, page 41

Le prêt est le plus ingrat de tous les dons.

L'imagination ? Appelle-la, elle fuit; fuis-la, elle vient; tiens-la, elle s'échappe; ne lui parle pas, elle interroge : crois-moi, aie toujours son couvert à ta table, sans la solliciter jamais.

Les hommes croient aimer, ils désirent.

Le coeur ? le plus encombrant de tous les amis.

La louange a bien des manières de se faire payer ses caresses.

Aimer, c'est chercher à égaler.

La sérénité des vieux est un enseignement pour les jeunes.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 7 février 2012

Chemin faisant, page 40

Le souvenir me semble être de plus noble race que l'espérance.

On est juste sans être bon, et l'on est bon sans être juste : qu'est-ce donc que la justice ? une rectitude de l'esprit.

Être amoureux, c'est avoir perdu pied complètement.

Être amoureux, c'est commencer à être infirme et ne pouvoir plus marcher qu'à deux.

L'inexact est un égoïste qui fait passer son petit bien-être avant les convenances d'autrui.

Les millions parlent mal quand ils se mêlent de la conversation.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 6 février 2012

Chemin faisant, page 39

Il n'est rien comme certaines fidélités pour faire valoir l'indifférence.

L'oubli est le plus sincère de tous les pardons.

Considère toujours ton projet comme un enfant de sept mois.

Se déchaîner contre la vie, c'est aboyer contre son maître.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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