En lisant le billet de M.-A Girard, j’ai été un peu surpris des cinq obstacles choisis par l’auteur.

Obs. 1 : La résistance aux changements

«[...] certains enseignants se complaisent non seulement dans le confort de leurs stratégies qui-ont-fait-leurs-preuves-depuis-des-années, mais pour justifier leur immobilisme, ils dénigrent ceux qui se démènent pour embrasser cette nouveauté.»

J’ai rarement vu des enseignants qui dénigraient ceux qui essayaient du nouveau. Je ne dis pas que ça n’existe pas ; je dis simplement que c’est rare, et que lorsque ça arrive, ces personnes sont plutôt isolées dans leur école et souvent bien malheureuses en enseignement.

Pour ce qui est du changement, encore là, je trouve sain que les pédagogues, avant d’embrasser une théorie ou une autre, se posent des questions.

Pour ma part, je me rappelle (on est en 2001, l’évaluation au primaire au regard de la réforme est absente...) avoir travaillé avec des dizaines et des dizaines d’enseignants pour mettre sur pied un bulletin informatisé qui avait du sens par rapport au nouveau programme de formation (bien différent du bulletin de la GRICS). Cet outil a tenu le coup pendant quelques années, jusqu’à ce qu’une décision administrative (et politique) le rejette. Ce n’est pas les enseignants qui manifestaient la peur du changement, mais bien les dirigeants... Cet exemple n’est pas unique, j’en aurais bien d’autres à donner au regard des TIC.

Obs. 2 : Les collègues jaloux

«Au lieu de leur permettre de rehausser le niveau des compétences de l’ensemble du corps enseignant par un effet multiplicateur quelconque, trop d’enseignants choisissent de les exclure de leurs schèmes de référence de développement professionnel.»

Hum... j’ai rencontré assez peu d’enseignants «geeks», et lorsque j’en trouvais dans une école, généralement ils étaient très très appréciés, car ce sont souvent les premiers à aider leurs collègues avec les difficultés techniques qu’ils rencontrent.

Cet obstacle est, à mon avis, inexistant.

Obs. 3 : Les médias sociaux

«Plusieurs entretiennent la perception que la technologie multiplie les possibilités de communication tout en appauvrissant leur qualité. Donc, nos jeunes communiquent plus en termes quantitatifs, mais moins en terme qualitatif.»

Cette perception est un obstacle ? C’est certainement une excuse, mais d’une très petite minorité.

Obs. 4 : Les élèves en connaissent plus...

Au primaire, c’est loin d’être un obstacle, car presque tous les enseignants avec lesquels j’ai travaillé étaient bien heureux d’utiliser les élèves «geeks» ; ils les mettaient en valeur et les consultaient.

Quant au secondaire, la question ne se pose pas, car les profs sont des spécialistes de la matière. Donc fort peu d’élèves peuvent «contester» l’enseignant, et ce qu’ils aient un ordinateur ou pas !

M. Girard croit que les enseignants ont peur de l’échec et il leur suggère de se lancer quand même... Facile à dire, mais là, il y a de véritables obstacles : 1- souvent les ordinateurs ne fonctionnent qu’à moitié, souvent le logiciel avec lequel on veut travailler n’est pas installé sur la machine, souvent les imprimantes sont non fonctionnelles, souvent Internet est d’une lenteur lamentable, souvent les accès au réseau nous sont défendus, souvent les sites sont bloqués, souvent le téléchargement est impossible, souvent le prof n’a même un ordinateur, etc.

Obs. 5. L’écoeurite

L’écoeurite n’est pas un obstacle, c’est une conséquence. La conséquence de l’incohérence de nos dirigeants. Le rôle d’un directeur d’école, d’un CP, d’un DG, des services des CS, c’est d’ENLEVER DES BÂTONS DANS LES ROUES des pédagogues. Or, c’est tout le contraire qui se passe. Je donne un bref exemple ici. (Et il est récent, très récent!) Une enseignante de maternelle reçoit un TBI pour sa classe. Elle demande que ce TBI soit installé assez bas sur le mur pour que ses élèves puissent y avoir accès. Réponse du service informatique : impossible, car on ne sait pas si l’an prochain cette classe sera une maternelle. Je ne sais ce qu’il va se produire, mais si, effectivement, le TBI est installé à une hauteur standard, je me demande bien ce que font le directeur d’école et les services pédagogiques pour appuyer la demande de sa pédagogue.

En résumé, je trouve que le billet de M. Girard ne rend pas justice aux enseignants. Dans ma carrière, j’ai travaillé avec des centaines d’enseignants. Et, croyez-moi, les obstacles, ce ne sont pas eux !

Pour moi, le problème de l’intégration des technologies se résout facilement. Il suffit de : 1 - rendre imputable les services pédagogiques des CS au regard des TIC (autrement dit, que les services informatiques fassent ce que les pédagogues leur disent de faire) 2 - permettre tous les outils informatiques aux élèves lors des évaluations.