Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 28 février 2013

De toutes les Paroisses, page 178

Si tu veux que ta tendresse dure, sache pourquoi tu aimes.

La dureté de l'exil nous diminue les fautes de l'exilé.

Un jaloux peut ne pas être un méchant, il en tient l'emploi.

C'est toujours le lendemain qu'on charge de sa résolution nouvelle.

Une longue vie a besoin de s'excuser par l'aumône et le sacrifice.

Quand on ne devient pas meilleur en vieillissant, comme on devient pire !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mercredi 27 février 2013

De toutes les Paroisses, page 177

La beauté et la pauvreté espèrent bien de ne pas rester longtemps ensemble.

Ne fais attendre que l'arrogant.

Quand le coeur a été trop prompt, il appelle souvent l'esprit pour arranger ses affaires.

Les désirs hurlent quand on les nourrit.

Un vieillard gai est agréable à voir, comme un sarment qui flambe.

Ne méprise pas sans entendre : les excuses particulières sont là.

Le peuple n'a pas de confiance à donner ; il n'a que des engoûments.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

mardi 26 février 2013

De toutes les Paroisses, page 176

On peut tout faire par complaisance, mais tout coûte.

Que j'ai peu d'admiration pour le style joaillerie, et qu'il me laisse froide !

Le mensonge honteux se rachète un peu, mais l'autre !

Quand on sait voir, c'est en regardant les autres qu'on commence à se sentir vieillir.

Les autre et soi : la fraternité des deux antipodes.

On n'ose même plus dire qu'on a du bon sens.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

lundi 25 février 2013

2013.8

Citation de la semaine

Il y a un culte de l'ignorance aux États-Unis d'Amérique et il y en a toujours eu un. L'effort d'anti-intellectualisme a été un fil conducteur de notre vie politique et culturelle, nourri par l'idée erronée que la démocratie signifie que « mon ignorance vaut tout autant que votre savoir ».
I. Asimov dans Newsweek: «A Cult of Ignorance», 21 janvier 1980, p. 19. (Version originale en anglais)

Papateries

J'ai toujours un petit doute sur l'état mental d'une personne qui dit entendre une voix :
« Le pape Benoît XVI a déclaré aujourd'hui que Dieu lui avait demandé de "se dédier à la prière et la méditation", ce qui ne signifie pas "abandonner l'Eglise", lors de sa dernière prière de l'Angelus avant sa démission historique, sur une Place Saint-Pierre noire de monde. » Le Figaro




Image trouvée sur le blogue Danger École
grâce au blogue de Martine Peters.


Guide pour utiliser Twitter en salle de classe. Ces « comment faire à l'école » me font toujours un peu sourire. Je suppose que ça donne des idées à ceux qui en ont déjà ! Par contre, je doute fort que cela soit vraiment utile si l'enseignant n'utilise pas Twitter (ou tout autre outil) d'abord pour lui-même. Ça me rappelle les débuts des sites pédagogiques avec les suggestions et les interminables listes de liens à utiliser à l'école. Ces listes n'ont certainement pas amené les enseignants plus loin dans une intégration réussie des TIC ; sinon, serions-nous toujours à peu près au moins point 15 ans plus tard ? On disait aux enseignants : « Venez consommer mes listes ! Les liens sont tous vérifiés ! Ne perdez pas de temps à chercher (ou faire chercher vos élèves) sur Internet. Évitez les interminables dédales. » Tout cela était pavé de bonnes intentions... qui n'ont abouti à rien.

La solution d'une «intégration» des TIC à l'école passe par l'achat de machines données aux enseignants afin qu'ils l'utilisent pour se placer eux-mêmes en état d'apprentissage. Peut-être comprendront-ils alors que s'ils arrivent à apprendre avec un ordinateur, il est plus que probable que cela soit aussi le cas pour leurs élèves. Leur imagination (je l'espère ! ) fera le reste.

Échecs

« In maths you need to be right; in chess only more right than your opponent. » - John Nunn.

Désastreuse soirée au tournoi de parties blitz de mardi soir : +6 -9 =1. Les blitz, c'est vraiment pas ma force.

Je me prépare à la première ronde (mardi soir) du Tournoi des Commanditaires du CEH.

De plus, en fin de semaine prochaine, c'est le Tournoi Ouvert de Gatineau. Mon dernier tournoi de week-end date de plus de quinze ans ; je me demande comment je vais supporter la fatigue de deux parties par jour. De plus, la cadence est assez rapide, chaque joueur ayant 90 minutes avec incrémentation de 30 secondes par coup pour la partie. Cela sera ma première expérience à cette vitesse.

Me suis remis à publier les proverbes tirés de Miettes du passé d'Émile Genest. Il m'en reste une quinzaine à transcrire. Mes Barratineries se dirigent aussi vers la fin.



Glanages

« Sur des propos détachés, pris isolément, il y a de quoi faire pendre vingt fois le Fils de Dieu. » - J. J. Rousseau.

Si les tribunaux, en prononçant sur les différends des parties et en donnant gain de cause à l'une suivant l'équité, punissaient dans l'autre, comme crime d'État, d'avoir soutenu une mauvaise cause contre l'esprit de la loi, dans l'espérance de tromper les juges, pense-t-on qu'il y eût bien des procès dans ce monde? - Stanislas Leszczinski (1677-1766). Source.

L'autodidaxie est l'acquisition de connaissances par un individu en dehors des dispositifs éducatifs officiels (établissements scolaires, centres d'apprentissage ou de formation) et sans intervention d'un enseignant ou d'un formateur.
L'autodidacte fait preuve d'une autonomie totale dans son rapport au savoir : il définit lui-même ses objectifs de formation, trouve des informations et construit ses propres méthodes d'apprentissage, s'approprie les connaissances et est capable de s'autoévaluer.
Dans la société actuelle, chacun est appelé à devenir en partie autodidacte, même s'il a passé une partie de son existence sur les bancs de l'école. Depuis les années 1950, avec les transformations sociales et l'apparition d'une culture de masse, on a vu se développer ce que l'Unesco appelle une éducation informelle : on ne se forme plus seulement à l'intérieur des institutions éducatives mais aussi à l'extérieur, à travers les médias, les réseaux de relations, les diverses sources d'information présentes dans l'environnement. L'évolution des savoirs et des savoir-faire exige de chacun un effort d'autoformation à tout âge, pour accroître son efficacité au travail, sa participation sociale et son épanouissement personnel. Encyclopédie Larousse

Weight Watchers : Ça baisse toujours !

Miette 84 : Verser des larmes de crocodile

La charité



Verser des larmes de crocodile.

Sommaire. — Un élève de Machiavel. — Le rire est près des larmes. — Singulier remords.

Des voyageurs qui «y sont allés » prétendent que les crocodiles pleurent et gémissent en imitant la voix humaine et poussent même le talent jusqu'à rendre à s'y méprendre le vagissement plaintif du nouveau- né. Ce ne serait qu'une petite farce imaginée par ces charmants amphibies pour apitoyer les passants au coeur tendre qui déambulent la canne à la main le long du Nil, et les attirer près des roseaux où ils se cachent. Une fois là, les larmes font place à un rire sarcastique, et le crédule promeneur est happé par le cro- codile qui n'en fait qu'une joyeuse bouchée.

Parmi les humains se rencontre aussi une espèce de crocodiles qui versent des larmes feintes et hypocrites pour provoquer la compassion et tromper plus sûrement :

Mais l'on pleure de joie ainsi que de tristesse.

L'important est d'en savoir établir la différence.

Florian a mis à profit la légende du « crocodile pleureur » dans « Le Crocodile et l'Esturgeon » où il crie casse-cou aux âmes trop compatissantes.

Il imagine deux petits Egyptiens s'amusant sur les rives du fleuve ; un crocodile paraît et se régale de l'un des deux marmots, l'autre s'enfuyant à toutes jambes sans terminer la partie ; le monstre se met à gémir et pousse des sanglots à fendre l'âme....

Je cède à présent la parole à Florian pour la suite de l'histoire :

Un honnête et digne esturgeon
Vers le crocodile s'avance :
Pleurez, lui cria-t-il, pleurez votre forfait;
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Malheureux ! manger un enfant !
Mon coeur en a frémi, j'entends gémir le vôtre....
— Oui, répond l'assassin, je pleure en ce moment
Du regret d'avoir manqué l'autre. »
Tel est le remords du méchant.1

À qui se fier, grand Dieu, à qui se fier ? Pas aux larmes du crocodile.


1 Florian, Le Crocodile et l'Estugeon, livre V, fable 11.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

De toutes les Paroisses, page 175

Au moins, en promettant, ayons l'intention de tenir.

Sous le nom de sincérité, nous savons dire tant de choses qui nous sont agréables !

On a facilement la menace à la bouche quand on n'est capable d'aucune fermeté.

Ah! qu'il était joli, ce petit banc de pierre avec son dossier de verdure, que quelques jeunes pervenches traversaient! De grands sapins majestueux semblaient le protéger, il avait l'air d'attendre son aventure, sa rencontre, et d'en être impatient.

Laisse entrer du ciel dans tes actions, on peut en mettre dans toutes.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

dimanche 24 février 2013

De toutes les Paroisses, page 174

Si tu veux rire du péril, attends d'y être.

Se tenir le plus loin possible de la tentation, c'est la plus juste marque de confiance qu'on puisse se donner à soi-même.

Prends-toi pour peu, et tu te prendras encore pour trop.

On ne joue jamais avec les choses sérieuses sans qu'elles appellent leur tonnerre.

Il y a des gens dont la présence est si nécessaire pour se souvenir d'eux !

O fortune, que de gâteries tu nous permets ! Récompenser, quel délice !

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 23 février 2013

Miette 83 : Les montagnes ne se rencontrent pas

L'expérience

Les montagnes ne se rencontrent pas.

Sommaire. — La foret marche, les arbres restent en place. — Monts et volcans. — La montagne de Mahomet. — Jupiter et les Titans. — Immobiles de naissance. — Bosse à bosse. — Rencontre d'éminences.— Dos à dos.

Dans le Macbeth de Shakespeare, il est question d'une forêt qui marche : mais ce n'était là qu'une fiction inventée par les sorcières. Seule marchait la troupe de Malcolm dont les soldats avaient dépouillé les arbres de là forêt de Birnam pour se couvrir de leurs feuilles et se dérober à la vue de Macbeth et de son armée ; les arbres restaient bel et bien en place immobilisés par leurs racines.

Quand l'Atlantide disparut sous les flots, les éminences dominant l'île disparurent avec elle comme les décors de théâtre s'enfoncent sous une trappe dans les changements à vue.

S'il prend à certaines montagnes la fantaisie de se convertir en volcans et d'engloutir villes et contrées, tels autrefois le Vésuve pour Herculanum et Pompéi, et de nos jours la montagne Pelée incendiant Saint-Pierre à la Martinique ; si elles bouillonnent dans leur for intérieur et jettent feu et flammes, pierres et laves, elles n'en restent pas moins rivées au sol que la nature leur assigna dès leur naissance.

On raconte que Mahomet eut un colloque avec la montagne qu'il provoqua même en combat singulier, l'invitant à venir à lui; la montagne fit la sourde oreille et ne bougea pas plus qu'une souche. Mahomet en fut pour ses frais d'éloquence, et, de guerre lasse, se décida à venir à elle.

Je me suis bien laissé dire qu'en Thessalie deux montagnes, Pélion et Ossa, se superposèrent au temps où les hommes et les dieux ne faisaient pas toujours bon ménage ; encore fallut-il pour les faire bouger un concours original de circonstances, la force musculaire des Titans et leur outrecuidance de vouloir escalader le trône de Jupiter, tentative dans laquelle leur échec fut d'ailleurs piteux.

De tous ces exemples pris au hasard, il ressort nettement que ni dans l'histoire, ni dans la légende, ni même dans la fabuleuse, mythologie, n'existent de montagnes ayant à leur disposition aucun moyen de locomotion leur permettant d'aller au-devant l'une de l'autre ; elles sont condamnées à la plus complète et indéniable immobilité.

On a donc raison de dire que « les montagnes ne se rencontrent pas », pour le bon motif qu'il leur est impossible de se rencontrer.

Dans le langage proverbial cela s'applique à la venue subite d'une personne qu'on ne s'attendait pas à voir et qui survient inopénément, et l'on dit : « Les montagnes ne se rencontrent pas, mais les hommes se rencontrent », ou bien : « Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent jamais. » Libre à vous de choisir.

Un spirituel auteur du XVIe siècle, Jean de Pontalais, qui réjouissait fort le roi François Ier de ses saillies, était gratifié par la nature d'une formidable gibbosité. Avisant un jour à la Cour un cardinal dont le dos n'avait rien à envier au sien, il lui prit fantaisie de se rapprocher du prélat et se mit bosse à bosse. Le cardinal ne prit pas la chose du bon côté et fut fort en colère. « Excusez-moi, Monseigneur, lui dit Pontalais, je voulais montrer que, s'il est vrai que les montagnes ne se rencontrent pas, deux éminences peuvent se rencontrer. »

Pour spirituelle qu'elle fût, cette réponse ne calma pas le courroux du cardinal qui porta ses doléances au roi lui-même. François Ier ne fit qu'en rire et renvoya les deux bossus dos à dos.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

De toutes les Paroisses, page 173

Il doit être humble, celui qui aime à pardonner.

Un regard qui plaint vaut une main qui se tend.

On ne guérit bien que de ce qu'on méprise : ne dorlotez pas votre mélancolie si vous voulez la vaincre.

Tout peut s'accepter avec un grain de tendresse ou de poésie.

On est souvent traqué par la vérité et obligé de lui rendre les armes.

La vraie bonté ne se laisse pas battre; on recommence, elle recommence.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 22 février 2013

De toutes les Paroisses, page 172

La vie s'irrite si nous prenons ses prêts pour des dons.

La caresse et le mensonge ont les mêmes besoins d'appeler leurs semblables.

En croyant on se sent plus assis, plus rebondissant quand on espère.

Le courage est un grand vainqueur, même vaincu.

Il y a des mémoires qui ressemblent à certaines boutiques : tout s'y trouve, rien n'y frappe.

En élevant un enfant, erreur de chercher à créer un type ; développer ce qui existe.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 21 février 2013

Miette 82 : C'est une fine mouche

L'expérience

C'est une fine mouche.

Sommaire. — Ne pas confondre. — Le diable et la plus belle moitié du genre humain. — Satan a trouvé son maître

La « mouche » dont il est question n'a aucun rapport même lointain avec l'insecte ailé qui mettait en fureur le lion de la fable. Notre « mouche » est une personne habile, rusée, à laquelle il est difficile d'en remontrer et qui possède flair et adresse. Dans l'acception qu'on lui attribue ici, ce mot a produit « mouchard », espion de police. Si ce dernier est parfois pris en mauvaise part, il n'en est pas de même de la « fine mouche », qui a conservé toute sa grâce, toute son élégance avec son pouvoir.

Le terme s'applique ordinairement à la plus belle moitié du genre humain et... au diable.

« Le diable est une fine mouche. »

Dans une vieille chanson :

Satan dit un jour : « Je commence
À m'ennuyer.
Je vais pour faire pénitence
Me marier. »

Et son interlocuteur de lui répondre qu'il ne sera pas le maître dans son ménage :

Satan, crois-moi,
La femme est plus fine que toi.

Certes, la femme a l'esprit fin et délié ; son sac contient plus d'un tour et d'une malice ; qu'elle soit mince et élancée ou d'énorme corpulence, c'est avec la plus belle aisance et la plus grande désinvolture qu'à vos yeux éblouis et charmés elle se révélera : « fine mouche ».

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

De toutes les Paroisses, page 171

L'amabilité nous permet toujours de garder notre rang; elle a ses poids et ses mesures.

On s'avoue colère avec gentillesse, gourmand avec satisfaction, paresseux avec délices... vaniteux, jamais.

Porter la paix dans ses paroles, dans ses exemples, la respecter où elle existe, la faire entrer où elle n'est pas, c'est bien travailler !

Que de projets de travail fait un paresseux dans son fauteuil !

On a rarement de la patience de reste, mais il suffit d'en avoir assez.

Il faut faire honneur à tout ce qu'on a reçu.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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