Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 4 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 62

Il y a certains salons où l'on entend passer les sifflements de l'envie,

On se flatte de ses dons physiques; eh bien, mais le chameau est fier de sa bosse, et la girafe est fière de son cou.

Tous les poètes n'ont fait que me rapetisser l'idée que j'ai du Paradis; certaines mélodies m'en ont donné l'émotion.

La sévérité a de la grandeur, quand on commence par soi-même.

Mettez une foi vive dans un coeur, vous verrez l'égoïsme s'y ennuyer et la vanité s'y flétrir.

Le sacrifice s'adresse de préférence à la femme, il reçoit meilleur accueil.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

samedi 3 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 61

Il y a des gens qui sont toujours contents d'eux, ce ne sont pas ceux dont je suis le plus contente.

Une vie sans événements, sans hasards, c'est un peloton de fil que le temps dévide.

La chance protège l'amoureux ; elle lui prépare des rencontres joyeuses et lui chuchote d'heureux mensonges.

Que de temps pour garantir une pureté, qu'un mot imprudent suffit à détruire !

Belles exceptions ! vous nous rendez plus inexcusable encore la rigidité de la règle.

L'amour est quelquefois honteux de lui-même : sa dignité passe outre.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

vendredi 2 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 60

Les habiletés s'acquièrent, les ruses s'introduisent.

Les femmes de quarante ans jouissent de l'amour et tremblent : c'est le baiser du départ.

Les heureux prennent les contrariétés pour des peines, oubliant de se comparer.

Hélas! on ne considère jamais le pauvre tout à fait comme soi, et notre pitié s'en rétrécit.

La femme romanesque n'est pas toute au présent : elle caresse le passé et bâtit dans l'avenir.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

jeudi 1 novembre 2012

De toutes les Paroisses, page 59

De toutes les Paroisses, page 59 La faim du coeur est comme l'autre faim, criarde, certains jours.

Heures douces, donnez-nous des forces !

Pour parler de soi que ne dit-on pas? on se calomnie.

On commence par être le confident, et puis on change de titre.

Notre rire est bien souvent plus bête que nous.

Derrière les piliers d'une église, que d'amoureux repentants viennent, les yeux caves, demander l'oubli !

Un amant qui n'a pas encore abdiqué toute timidité n'est pas complètement entré dans la carrière.

Anne Barratin, De toutes les Paroisses, Ed. Lemerre, Paris, 1913

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