Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

lundi 20 août 2012

Chemin faisant, page 242

Il y a des hommes qui ne peuvent pas compromettre, comme il est des venins qui ne peuvent prendre.

Le littérateur qui sent devant lui son public en écrivant lui appartient trop ; il faut être soi, puis lui.

Je reconnais le degré de mon amitié à ma susceptibilité pour ceux qu'on analyse devant moi.

Quand tu me montreras l'Homme dont nul n'a médit, je commencerai à m'affliger qu'on ait médit de moi.

L'amour de nous-même nous fait tout accepter.

Comment se plaindre, quand on a trouvé des amis plus jaloux que nous-même de notre succès?

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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dimanche 19 août 2012

Miette 66 : L'excès en tout est un défaut

La modestie

L'excès en tout est un défaut.

Sommaire. - Hippocrate dit oui, Galien aussi. - Conseil selon la formule. - Le bon devient mauvais - Suprême ressource. - Gare aux eaux !
Hippocrate avait révélé le moyen de bien se porter. Quoique les docteurs ne soient pas toujours d'accord et qu'on ait l'habitude de répéter : « Hippocrate dit oui, Galien dit non », celui-ci partageait l'avis du vieillard de Gos et en donnait la formule : « Id est : cibi, polus, somni, ornnia moderato, sint; c'est-à-dire : nourriture, boisson, sommeil, soyez modérés en tout ». C'est précisément le sens de notre proverbe, et disons hardiment avec les pères de la médecine : « L'excès en tout est un défaut ».

Répétons-le avec Guy du Faur, qui l'a commenté dans ses Quatrains moraux :

La modération est la vertu suprême,
L'excès mine le corps, il dégrade l'esprit.
 son funeste joug quiconque s'asservit
Est aux autres nuisible et se nuit à soi-même.

Insistons-y avec le vicomte Morel de Vincé : de sa Morale de l'Enfance, en 512 quatrains, détachons celui-ci :

Craignez l'excès de zèle et dans les vertus mêmes
Sans cesse conservez la modération.
Dans le milieu toujours est la perfection :
On ne la trouvera jamais dans les extrêmes.

Evidemment, il y a de bonnes choses dans la vie, le vin par exemple :

Le bon vin, quand on se modère,
Procure un effet salutaire ;
De la santé c'est le soutien,
Voilà le bien.

Mais,

Si la raison n'est attentive,
D'encor en encor il arrive
Qu'un coup de trop nous est fatal :
Voilà le mal.1

Les bons dîners, les joyeux soupers, les bals, les fêtes, les parties de plaisir, le travail lui-même, ce grand et souverain consolateur, tout cela présente, sur le moment, charme, joie et délices, à la condition de n'en pas abuser, uti, non abuti; autrement, gare aux maladies qui sournoisement vous guettent au détour du chemin. Je sais bien que l'on compte sur la saison des villes d'eaux pour se refaire la santé et chasser malaises et douleurs.

Mais hélas ! dès que chacun rentre
Chez soi, chacun est mécontent;
Celui qui se plaignait du ventre
Souffre des reins à chaque instant.

Les eaux à ce neurasthénique
D'un peu de goutte ont fait present ;
Et ce goutteux (destin inique)
Est neurasthénique à présent...

À seules fins (car tout s'enchaîne)
Que tous, malades et badauds,
Refassent, la saison prochaine,
La fortune des villes d'eaux.2

Le remède, on le voit, peut être pire que le mal ; soyez-en donc bien convaincus : « L'excès en tout est un défaut ».

Tout vouloir est d'un fou ; l'excès est son partage ;
La modération est le trésor du sage ;
Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs.
Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs.3


1 Panard, Le Bien et le Mal, chanson.
2 Hugues Delorme
3 Voltaire, Discours iv.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Chemin faisant, page 241

On a l'esprit gros comme le corps.

L'oeuf est pondu ; mangez-le comme vous voudrez.

Les bois ne donnent pas tous la même ombre, mais font tous la même cendre.

On a vite mangé toutes ses économies de prudence et de sagesse.

Quel est le plus grand tort d'une dame de compagnie? D'occuper la place d'êtres rêvés ou absents.

Qu'il y a de douces redites, d'innocentes bêtises et de majuscules naïvetés!

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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samedi 18 août 2012

Chemin faisant, page 240

Le malheur attendrit surtout celui qui le porte.

L'épreuve, la seule décoration que nous n'osions pas solliciter.

La joie se fatigue aussi et montre par là qu'elle est de l'homme.

Pour l'Allemand, le Rhin c'est le Jourdain.

Que de quartiers d'audace on concède à un imbécile, quand on lui demande pardon !

Plus que toute autre, l'Allemande a besoin d'être simple pour charmer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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vendredi 17 août 2012

Chemin faisant, page 239

Un indiscret ne s'effraie pas plus d'un échec qu'une guêpe d'un coup d'éventail.

Quand Dieu a dit à l'homme : Aime et espère, il lui a dit : Souffre et tais-toi.

Nous prenons le succès de toutes lèvres, tant nous l'aimons.

La joie est une héritière qui fait sonner sa bourse en marchant.

Occuper les autres d'eux-mêmes, c'est toujours les servir à leur goût.

Une médisance se prélasse triomphalement sur les lèvres d'un bavard, comme le singe de la fable sur le dos du dauphin.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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jeudi 16 août 2012

Les décideurs et Twitter

Suite à ce tweet de Nathalie Beauregard,
voici ma suggestion.

A - Si le décideur est le directeur d’école :
  • Discutez en privé avec lui pour obtenir les raisons de ce blocage;
  • Lui apporter tous les arguments pédagogiques auxquels vous croyez et lui montrer que LOGIQUEMENT cela implique qu’un outil tel Twitter doit être disponible ;
  • Lui apporter un dossier de projets réalisés avec Twitter dans d’autres écoles.
  • Si, suite à cette démarche, votre directeur d’école reste convaincu de ses idées, changez d’école.
B - Si le décideur est le service informatique :
  • Demandez par écrit toutes les raisons motivant ce blocage ;
  • Répondez, par écrit, à ces arguments en les démolissant point par point.
  • Apportez les arguments pédagogiques justifiant l’utilisation de Twitter.
  • Montez un dossier montrant des projets dans d’autres CS qui utilisent Twitter en classe.
  • Envoyez le tout au SI, votre directeur d’école, votre animateur Récit, le directeur des services pédagogiques et le DG.
  • Si rien n’y fait, changez de CS.

Chemin faisant, page 238

Une âme délicate fait de ses promesses des serments.

Bien des amitiés nous flattent plus qu'elles ne nous consolent.

À dix ans de distance, une folie peut devenir une raison.

On garde ses lettres d'amour autant par vanité que par amour.

Faute d'aigles, l'Académie accepte les pigeons.

Soutenir l'exemple qu'on a donné, c'est là qu'est la pierre de touche !

Il y a dans le premier baiser reçu quelque chose de l'émotion que donne l'Océan quand nous le voyons pour la première fois.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mercredi 15 août 2012

Twitter en éducation

Twitter...

Ah ! Twitter.

Pourquoi y a-t-il si peu d'intervenants dans le monde de l'éducation qui twittent ? Je posais récemment la question sur Twitter et, bien sûr, les arguments du manque de connaissance de l'outil et de formation sont revenus.

Quant à moi, ces arguments, quoique logiques, ne sont tout simplement pas les bons. En effet, pour avoir vendu l'idée d'utiliser Twitter autour de moi (aussi bien aux amis qu’aux collègues), je sais que ces arguments ne fonctionnent absolument pas.

Voici donc ce que je pense être les différentes difficultés inhérentes à la pratique régulière de Twitter. Ne pas oublier que Twitter, c’est du microblogage.
  • Écrire publiquement en tant que professionnel est épeurant.
  • On déteste être critiqué.
  • On ne croit pas vraiment que ce que l’on a à partager vaut la peine de le partager.
  • Être consomacteur n’est pas dans notre culture
  • Résumer notre pensée en 140 caractères n’est pas simple.
Reprenons point par point.

Écrire publiquement en tant que professionnel est épeurant.

J’entends ici par professionnel tout intervenant dans le monde de l’éducation.

Souvent on m’a demandé comment je trouvais le «courage» (et là, je sourcillais) d’écrire des billets (ou des tweets) qui parlaient d’éducation et où j’émettais mes idées.

- Ton employeur ne te dit rien? s’inquiétait-on.
- Non. Rien. 1. Mon employeur n’est pas sur Twitter et ne lit certainement pas mon blogue (ils ne savent même pas comment utiliser un fil RSS !) 2. Ce que j’écris, ce sont MES idées, et jamais je ne parle CONTRE mon employeur. 3. Je pense que pour faire avancer les choses, il faut confronter publiquement notre pensée. J’appelle ça «se socio-construire.»
Et la conversation finit par un :
- En tout cas, je te trouve bien brave.
- Mais tu peux toujours écrire anonymement...
Et là arrive le «classique» :
- Mais de toute manière, je n’ai pas le temps d’écrire.
Je soupire... et je passe à autre chose.

En éducation, on a peur de dire (et d’écrire) ce qu’on pense. Combien de fois n’ai-je pas dit à un collègue : «WOW. C’est intéressant ce que tu penses. Tu devrais l’écrire dans un billet pour le partager à d’autres...»

Et on me regarde comme si j’étais un extraterrestre.

On déteste être critiqué.

Émettre une idée, même en 140 caractères, c’est l’offrir à la critique, et ça, en éducation, on déteste. On préfère lancer notre opinion à deux trois personnes bien choisies (celles dont on sait qu’elles pensent comme nous), et on en reste là. D’ailleurs, plusieurs ont de la difficulté à ne pas prendre personnel une critique.

J’ai eu plusieurs discussions sur Twitter. Encore cette semaine, je me suis engagé dans une conversation sur le plaisir d’apprendre à l’école. Quelques tweets adverses essayaient de me piquer personnellement. Ce n’est pas vraiment grave, car j’ai appris à ne pas prendre en compte ces sophismes dans la conversation en restant au niveau des idées.

Faire face à ces critiques (qui n’en sont pas vraiment) est un apprentissage. Et je constate que peu de gens l’on fait. C’est un peu pour cela que je crois qu’on devrait offrir dès le secondaire un ou deux cours de philosophie sur l’art de débusquer les sophismes et de les parer.

Il ne faut pas oublier que si, par la discussion, on s’aperçoit que notre idée n’était pas très bonne, cela demande beaucoup d’humilité pour l’accepter et le reconnaître.

On ne croit pas vraiment que ce que l’on a à partager vaut la peine de le partager.

Il est en effet assez remarquable de constater qu’on n’a pas vraiment confiance dans ce que l’on pense. Et que l’on ne croit pas que cette pensée peut apporter quoi que ce soit d’intéressant aux autres. Je ne sais pas comment combattre ce fait. Je fais partie de ceux qui, effectivement, pensent qu’ils n’ont pas grand’chose à dire. Et il m’a fallu attendre plusieurs années avant de comprendre que «pas grand’chose» ne veut pas dire «rien».

Être consomacteur n’est pas dans notre culture

La venue du Web modifie profondément notre rapport au monde. Depuis 1993, tout être humain peut, s’il le désire, se projeter sur une toile de communication quasi infinie. Mais ce séisme est long à atteindre les côtes et, aujourd’hui encore, plusieurs ne voient pas la vague. On en voit plusieurs surfer sur cette vague ; on observe leurs exploits ; on consomme leurs créations. Mais peu savent qu’ils peuvent eux-mêmes expérimenter leurs propres acrobaties. À cet égard, les intervenants du monde de l’éducation sont frileux. Ils ont peur de se noyer. Ils ont peur d’être observés et jugés.

Et....

Et ... ils restent estomaquer devant ces jeunes dans leur classe qui se lancent à l’eau, et qui essaient de prendre le large.

Résumer notre pensée en 140 caractères n’est pas simple.

En fait, écrire n’est pas simple. Cela demande de la pratique, du temps, des essais, des révisions. C’est exigeant et, dans le monde de l’éducation, on est jugé sur nos écrits. Donc, pour éviter le jugement, quoi de mieux que je ne pas écrire ? Nos élèves dans nos cours de français ont compris ça... et c’est pourquoi ils en font le moins possible en écriture. Ils sont tannés de voir leurs textes barbouillés de rouge et remplis de consignes pour en faire la correction.

Quant à nous, adultes, nous restons avec cette répugnance tenace , acquise à l’école, qu’est l’écriture. Ils sont en effet très rares les intervenants qui ne font pas la grimace lorsqu’on leur demande de pondre un texte. Et si, en plus, on doit résumer notre pensée en 140 caractères, on ajoute à la difficulté.

Peut-on contourner la chose ? Bien sûr. Il «suffit» d’ouvrir un blogue (ou un microblogue) et de faire l'effort d’écrire régulièrement et de se donner le droit à l’erreur. Bien écrire est l’affaire de toute une vie.

Ah... Twitter....

Chemin faisant, page 237

Les étrangers auront beau dire, la réplique est de race française.

La sobriété poétise le vieillard, comme le clair de lune le paysage.

Quand on est jeune, une prétention impose comme un habit chamarré ; plus tard on déshabille simplement mademoiselle, on laisse simplement attendre monsieur.

On est toujours l'enfant de son temps, encore plus que l'enfant de sa mère.

La peur est reniée par ceux qui l'éprouvent; c'est un de ces sentiments qu'on n'avoue pas.

Les petits souvenirs s'arrangent fort bien avec les grands, tout ce monde-là fait bon ménage dans le coeur.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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mardi 14 août 2012

Miette 65 : Rien de trop

La modestie

Rien de trop
(Ne quid nimis)

Sommaire. - La philosophie d'un des Sept Sages de la Grèce. - Adam reçoit les conseils de l'Archange saint Michel. - Intempérance des humains. - Qu'est-ce que le nécessaire? - Qu'est-ce que le superflu? - Le hic. - Les trop de Panard. - Vers à creuser.

Le vénérable Chilon, de Lacédémone, parlait peu mais parlait bien; il résumait toute sa philosophie en peu de mots : Rien de trop. La connaissance des humains lui avait donné une grande expérience; ce n'est pas en vain qu'il figurait parmi les sept sages de la Grèce. Ses observations lui avaient clairement démontré que l'excès nous perd. Si nous savions calmer nos appétits et mettre un frein à nos désirs, nous ne nous en porterions pas plus mal, au physique et au moral.

Dans le Paradis Perdu, de Milton, l'archange saint Michel donne le même conseil à Adam que préoccupe le moyen d'atteindre la fin de la vie dans les meilleures conditions, et qui lui demande la voie préférable à suivre ?

"There is, said Michaël, if thou well observe
The rule of Not too much : by temperance taught,
In what thou eat'st and drink'st; seekingfrom thence
Due nourishment, not gluttonous delight,
Till many years over thy head return."1

« C'est, dit Michel, d'observer la règle Rien de trop ; tu la trouves par la tempérance dans tes aliments, dans ton breuvage. Cherche une nourriture nécessaire et non de gourmandes délices; alors les années repasseront nombreuses sur ta tête. »

Les prescriptions de l'hygiène s'affirment dès le début du genre humain, puisque, d'après le grand poète anglais, notre père à tous les a reçues de première main pour nous les transmettre. Ce brave Adam n'y a pas manqué, non plus que ses successeurs, mais ce fut en pure perte. Les écrivains n'ont eu qu'à en constater la faillite.

De tous les animaux, l'homme a le plus de pente
À se porter dedans l'excès ;
Il faudrait faire le procès
Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante
Qui ne pêche en ceci. Rien de trop est un point
Dont on parle sans cesse et qu'on n'observe point.2

Molière chante la même antienne :

Les hommes la plupart sont étrangement faits,
Dans la juste mesure on ne les voit jamais;
La raison a pour eux des bornes trop petites,
En chaque caractère ils passent ses limites,
Et la plus noble chose ils la gâtent souvent
Pour la vouloir outrer et pousser trop avant.3

Nous sommes fixés sur deux points, le premier c'est que nous devons observer la maxime Rien de trop; le second, c'est que nous ne l'observons pas; il en est un troisième pour lequel nous aurions grand besoin d'éclairer notre lanterne, celui de savoir où s'arrête le nécessaire, où commence le superflu.

Poggio avoue que rien n'est difficile comme de définir l'un et l'autre. En effet, tout est relatif ; ce qui est beaucoup pour moi est souvent bien peu pour vous, et réciproquement. À chacun d'établir pour son usage personnel les règles qui lui conviennent et à en respecter l'observance. Tel est le hic.

Panard, le joyeux chansonnier, Panard, dont le verre est pieusement conservé par les membres du Caveau4, et figure sur la table, devant le président, à leur banquet annuel, Panard, chez qui la gaîté faisait bon ménage avec la philosophie, s'est efforcé de nous tirer d'embarras en nous laissant une série d'exemples à méditer :

Trop de repos nous engourdit,
Trop de fracas nous étourdit,
Trop de froideur est indolence,
Trop d'activité turbulence.
Trop de vin trouble la raison,
Trop de remède est un poison.
Trop de finesse est artifice,
Trop de rigueur est cruauté,
Trop d'audace est témérité,
Trop d'économie avarice.
Trop de bien devient un fardeau,
Trop d'honneur est un esclavage,
Trop de plaisir mène au tombeau,
Trop d'esprit nous porte dommage,
Trop de confiance nous perd,
Trop de franchise nous dessert,
Trop de bonté devient faiblesse,
Trop de fierté devient hauteur,
Trop de complaisance bassesse,
Trop de politesse fadeur.5

Nous pouvons ajouter :

Trop gratter cuit
Trop parler nuit.

Et la liste ne sera pas épuisée. Mais bornons-nous. Rien de trop, avons-nous dit ; en voilà assez pour l'instant. Si peu que vous creusiez chaque vers, vous aurez matière à réflexions pour un bon moment.


1 Paradise Lost, book XI, v. 550 à 534.
Le Paradis perdu, chant XI, vers 550 à 554.
2 La Fontaine, Rien de trop, livre IX, fable II.
3 Tartufe, cormédie de Molière, acte I, scène vi.
4 « Le Caveau », société de chansonniers.
5 Panard, Maximes et sentences.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Chemin faisant, page 236

Comme l'âme doit se trouver riche sans le corps !

Le premier baiser vendu, comme il a dû être honteux devant lui-même !

La perspicacité de l'esprit engendre le doute, celle du coeur la défiance.

Rien comme certains successeurs pour nous faire valoir.

Le hasard fait beaucoup pour l'amour sans que l'amour consente à l'avouer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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lundi 13 août 2012

Chemin faisant, page 235

Il y a des gens qui, dans leurs manières, rappellent les vieilles douairières et les vieilles dentelles qui les ont entourés.

La passion et le droit ne réclament pas de la même manière.

Il y a des défauts dont nous sommes fiers, et ceux-là, nous sommes sûrs de les garder longtemps.

On pleure les premières illusions perdues d'un oeil, et les dernières des deux yeux.

Un envieux me fait toujours l'effet d'un voleur ; réfléchissez bien, entre eux, il n'y a que la pince-monseigneur.

Rien n'aide mieux l'amant que le printemps ; il lui prête ses roses avant qu'elles soient ouvertes, ses douceurs pour attendre, ses audaces pour avancer.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

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