Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 3 juin 2012

Chemin faisant, page 161

L'oubli de soi, le grand devoir !

N'imitez pas les gens qui vous aiment tout en vous heurtant; c'est dans la manière d'aimer qu'est le charme de l'affection.

Attends Dieu et sa justice : Il est, elle sera.

Un homme est toujours fier d'être pris pour un juge, une femme toujours flattée d'être prise pour une victime.

Heureux ceux qui n'ont la fierté qu'à la hauteur du mérite, et la parole qu'à la hauteur du courage.

Un domestique ne doit craindre que de manquer à son devoir ; n'en faites pas un courtisan de vos caprices.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.

Étude 1




Mees W, 1957
Les Blancs jouent et gagnent.
Comment les Blancs peuvent-ils forcer la promotion sécuritaire d'un pion ?
Montrer la solution

Un grand merci au superbe script PGN-VIEWER trouvé sur Chess Tempo.

Miette 46 : À trompeur trompeur et demi

Le jeu

À trompeur trompeur et demi.

Si vous vendez à votre prochain ou si vous achetez de votre prochain, qu'aucun de vous ne trompe son frère. (Lévitique, 25,14.)



Sommaire. - Essai dangereux. - Subtile finesse. - Proposition du renard. - Contre-proposition du coq. - Les chiens ignorent la bonne nouvelle.
À trompeur trompeur et demi.

A regnard1, regnard et demi2,
Il n'est si fin regnard
Qui ne trouve plus finard3.

Quand on essaie de tromper, il peut fort bien arriver que l'on ait affaire à plus habile que soi et qu'on n'obtienne d'autre réussite que d'être trompé à son tour avec usure.

D'après La Rochefoucauld :

« La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges qu'on nous tend ; et l'on n'est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres. »

Au surplus, voici une modeste petite fable qui expliquera la morale de ce proverbe :

Un renard, voyant des poules juchées, avec leur coq, dans une cour, tâchait de les attirer par de belles paroles :
« J'ai, dit-il, une bonne nouvelle à vous apprendre : c'est que les animaux ont tenu un grand conseil, et ont fait entre eux une paix éternelle. Descendez et célébrons cette paix de bonne amitié. »
Le coq, plus fin que le renard, se dresse sur ses ergots et regarde de tous côtés.
« Que regardez-vous ? dit le renard.
- Je regarde deux maîtres chiens qui s'avancent. »
Et renard de fuir à toutes jambes.
« Eh! dit le coq, pourquoi fuyez-vous? la paix est faite entre les animaux.
- Oh ! réplique le renard en se retournant, mais fuyant de plus belle, peut-être que ces deux chiens n'en savent pas encore la nouvelle. »

Voilà une bonne petite leçon de diplomatie.


1 Ancienne orthographe du mot « renard ».
2 et 3 Trésor des Sentences, de Gabriel Meurier.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.