La propriété

Ce qui est bon à prendre est bon à rendre.

Sommaire. - Mauvais payeurs et gens de mauvaise foi. - Prescription à proscrire. - Donnez une provision. - Garder tout. - Obligé de rendre ... l'âme.

Ce qui est bon à prendre est bon à rendre. Cette réplique s'adresse à ceux qui détiennent ce qu'ils ont pris indûment ou par inadvertance. Dès qu'on s'aperçoit d'une erreur de ce genre, on doit la réparer sans retard et ne pas attendre que le temps s'écoule. Les mauvais payeurs et les gens de mauvaise foi profitent seuls de mois ou d'années « moratoires » pour invoquer ce qu'en terme de droit on appelle la « prescription », ce qui devrait plutôt être proscrit.

Summum jus, summa injuria.
« Le droit absolu est souveraine injustice. »

Certains hommes d'affaires ne craignent pas non plus de conserver tout l'argent que vous leur avez donné comme « provision » pour parer aux frais d'un procès à soutenir ou d'un jugement à obtenir. Quand tout est fini, que dépens et honoraires sont réglés, ils omettent de vous restituer le surplus ; c'est toujours cela de gagné... pour eux. C'est pour eux aussi que la proposition, plaisamment retournée, est devenue :

Ce qui est bon à prendre est bon à garder.

Ils demandent toujours, ils prennent sans cesse ; quant à rendre quoi que ce soit, que nenni ! Témoin celui-ci :

Grippon, à son heure, dernière,
Par Honorène, sa moitié.
Très instamment était prié
De finir au moins sa carrière
En homme juste et bon chrétien.
« Avant de quitter la lumière
Rendez, rendez de votre bien
Ce que tel ou telle réclame, »
Lui répétait la bonne dame.
« Hélas! lui dit Grippon, ma femme,
Que l'on ne me demande rien,
C'est bien assez de rendre l'âme ! »

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.