Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

mardi 20 mars 2012

Miette 25 : Temps pommelé, femme fardée, / Ne sont pas de longue durée.

Le temps

Temps pommelé, femme fardée,
Ne sont pas de longue durée.

Sommaire. — Jolis petits nuages. — Jolie petite femme. — Approchez et regardez. — On ne cache rien. — Oubli regrettable. — Simplicité. — Examinez bœuf, valet, femme.

Le soleil brille, le ciel est bleu, le temps paraît magnifique. Mais n'apercevez-vous pas là-bas ces jolis petits nuages blancs arrondis, comme une pomme, ayant l'apparence de l'entremets dit, oeufs à la neige? Méfiez-vous, le temps est pommelé, c'est de la pluie pour demain.

Entrez dans ce salon, voyez cette jolie femme élégamment habillée, coiffée avec un goût parfait; son visage est souriant, ses joues sont roses, elles semblent avoir le velouté de la pêche; quelle belle personne !

Approchez-vous, regardez avec attention, les sourcils sont habilement faits, la figure est couverte de rouge et de poudré, les lèvres de carmin, le teint n'est pas naturel mais composé avec art. Horreur! la jolie femme est fardée. Sa beauté n'a pas duré, un instant a suffi pour faire évanouir à vos yeux ses charmés trompeurs.

Vous avez promptement découvert

.... cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.1

Quand on devient âgé, c'est l'ordinaire usage
De vouloir se cacher la moitié de son âge.2

On est bien naïf, on ne cache rien à personne, car

On a l'âge après tout qu'on porte sur son front.3

Le seul résultat certain que l'on puisse obtenir est le ridicule; ce n'est vraiment pas la peine de se donner tant de mal pour atteindre un pareil but.

On oublie trop que

Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable.4

« Une belle femme est aimable dans son naturel : elle ne perd rien à être négligée et sans autre parure que celle qu'elle tire de sa beauté et de sa jeunesse. Une grâce naïve éclate sur son visage, anime ses moindres actions.»5

La simplicité est encore ce qu'on a trouvé de mieux pour charmer et séduire :

Une robe légère,
D'une entière blancheur,
Un chapeau de bergère,
De nos bois une fleur.
Oui, telle est la parure
Dont je suis enchanté,
Car toujours la nature
Embellit la beauté.6

Si la jeunesse vous abandonne, si la beauté vous délaisse, résignez-vous, remplacez-les par la grâce et l'amabilité ; soyez douce, bonne et indulgente; quand on possède ces qualités exquises, elles ne vous font jamais d'infidélité et vous conquièrent tous les coeurs.

De trois choses Dieu nous garde
De boeuf salé sans moutarde,
D'un valet qui se regarde
Et de femme qui se farde.7


1. Athalie, tragédie de J. Racine, acte II, scène 5.
2. Poisson (Raymond)..
3. Emile Augier.
4. Boileau, épître IX, Au marquis de Seignelai, (1675), vers 43.
5. La Bruyère, Les Caractères, chapitre XII: Des jugements.
6. Marie, opéra-comique de Herold.
7. Sallentin.

Émile Genest, Miettes du passé, Collection Hetzel, 1913. Voir la note du transcripteur.

Études : Collection H. Mattison (19 - 24)

Études 19 - 24

19. Rigaer Tageblatt
1914
=
image1
20. Rigaer Tageblatt
1915
=
image1
21. Baltische Zeitung
1918
=
image1
22. Deutsches Wochenschach
1918
=
image1
23. Deutsches Wochenschach
1918
=
image1
24. Deutsches Wochenschach
1918
=
image1

Un grand merci au superbe script PGN-VIEWER trouvé sur Chess Tempo.

20 mars

À la télé hier soir, la première de la 14e saison de Dancing with the Stars fut exceptionnelle. Les candidats ont tous fait un bon boulot. La saison promet !

J'ai aussi regardé la dernière de la deuxième saison de The Walking Dead. D'après moi, c'est sans doute, avec Battlestar Galactica, l'une des meilleures séries télévisées des dernières années. Le jeu des acteurs est extraordinaire, l'atmosphère est tendue, apocalyptique, les maquillages sont époustouflants. Ayant lu tous les Comics, j'ai apprécié fortement l'apparition soudaine de Michonne. La troisième saison, à l'automne, verra certainement nos amis se faufiler dans la «fameuse» prison.

Toujours hier soir, discussion intéressante sur Twitter. Le thème : la progression des apprentissages. Je crois que le MELS, en prescrivant le document, entre beaucoup trop dans la salle de classe. Si le ministère était resté sur sa première idée de seulement le suggérer, les enseignants auraient pu exercer leur jugement de l'utiliser ou non. Mais là, on les force à concevoir l'acquisition des connaissances comme une série d'éléments avec une hiérarchie stricte. Dans ma conception du développement d'une compétence, ce qu'on apprend, et quand on l'apprend, peuvent varier d'un élève à l'autre. Par exemple, dans un projet en mathématique, un élève qui développe sa compétence à résoudre des problèmes peut utiliser le plan cartésien, alors qu'un autre apprendrait la trigonométrie et un autre le concept des nombres entiers. L'important, ici, c'est résoudre des problèmes. Le rôle de l'enseignant est de créer des situations d'apprentissage riches et variées qui feront probablement émerger les besoins d'apprendre des concepts divers. Avec la progression des apprentissages, on force l'enseignant à enseigner des connaissances précises à tous les niveaux scolaires. Pour moi, cette approche classique (et, aux yeux de plusieurs, sécurisante) vient quelque peu en contradiction avec l'approche par compétences. Dans le programme de formation, l'ensemble des connaissances à couvrir est bien présent. Nul besoin de les hiérarchiser.

Chemin faisant, page 84

Nos passions se rhabillent avec nous tous les matins.

Les grandes espérances, comme les grands lévriers, aiment les grands chemins.

Le Français s'écoute, l'Anglais se mesure, l'Allemand se pèse, l'Italien se mire, l'Espagnol se glorifie.

Le dernier mot de l'analyse, c'est le dégoût ou le pardon.

Les principes sont des points de refuge, où l'homme se gare de la passion.

Il est difficile de porter l'automne d'un coeur qui n'a pas eu de printemps.

Anne Barratin, Chemin faisant, Ed. Lemerre, Paris, 1894

Lire le premier billet consacré à cette série.