Depuis 2-3 semaines, je m'intéresse à Moodle. Mon intérêt pour ce logiciel s'est ravivé en réponse à une demande d'une enseignante du secondaire qui désirait mettre les ressources de ses cours en ligne.

À peu près à cette même période l'an passé, grâce à mon amie Missmath, j'avais rencontré un grand manitou de Moodle au Cegep de l'Outaouais. Mais à ce moment-là, j'étais en recherche d'une alternative au portail style Grics. Ce qui fait que je suis passé complètement à côté de ce que l'application apportait vraiment.

Toujours est-il que, l'intérêt ravivé, j'ai trouvé plusieurs vidéos expliquant fort bien les notions de base.

Il m'est alors venu l'idée de l'installer sur un serveur virtuel de la CS. Après une demande d'un tel serveur auprès de l'équipe technique, j'ai pu installer la version 1.9 lundi dernier. Comme Moodle permet une authentification LDAP, tous les employés et les élèves de la CS ont donc accès à la plateforme. Hier j'ai lancé un premier courriel à une vingtaine d'enseignants les invitant à s'inscrire. Cela devrait suffire à tester mon installation.

Où veux-je en venir avec tout ça ? car, après tout, il n'est question ici que de technique. En fait, la question que je me pose touche l'aspect formation : comment dois-je m'y prendre pour initier les enseignants à ce merveilleux outil ?

Voyez-vous, je me considère assez poche lorsque vient le moment d'enseigner un logiciel. Étant autodidacte, je n'ai que rarement eu le besoin d'un autre pour m'enseigner l'utilisation d'un programme. Pour Moodle, j'ai regardé quelques heures de vidéos sur le web et j'ai téléchargé et parcouru une tonne de PDF dont quelques livres complets.

En lisant la documentation, je me suis rendu compte qu'avec une bonne partie des enseignants, j'aurais plusieurs problèmes à résoudre.

  1. Même si tout le monde navigue sur Internet, il me semble que peu de gens savent vraiment bien lire une page web avec plusieurs boutons et des formulaires. Il faut en effet développer une certaine webtuition pour maximiser et rentabiliser son expérience internet. Cette webtuition défaillante implique souvent la désaffection du site par le visiteur. Attention, je ne parle des sites qui sont carrément mal faits, mais bien de personnes qui ne savent pas vraiment interpréter les différents formulaires et messages sur une page web.
  2. La notion de fichiers et de leurs emplacements. Comme la plupart des gens écrivent des textes à l'aide d'un texteur, et qu'ils y incorporent directement des images, il est parfois abstrait de leur demander de penser en fichiers séparés : le texte en format texte, les images en format jpg ou gif ou png, etc.
  3. La méconnaissance totale du HTML. Le HTML, c'est la calligraphie du web. Dans Moodle, l'utilisateur qui connaît moindrement le HTML peut faire de petits bijoux, car il contrôle absolument tout. Le html est souvent associé (à tort !) à de la programmation. Ce n'est pas du tout le cas. Le HTML, c'est du traitement de texte balisé. Pour les plus âgés qui me lisent, c'est exactement comme le bon vieux Word Perfect 5.1 avec les montrer codes. Je suis toujours étonné qu'on ne veuille pas apprendre les rudiments de ce langage qui, ma foi, est assez simple. Allez ! un petit 45 heures...
  4. Le J'VEUX-MÉ-CHÉ-PAS-COMMENT qui arrête plein de gens. Les outils de créations ont souvent cet effet : on a l'impression qu'il faut tout savoir en même temps ; le découragement s'installe, et on arrête toute progression. En fait, il faut tout savoir en même temps... et il faut aussi savoir qu'on ne peut pas tout savoir et qu'apprendre demande du temps. En apprentissage, il faut développer l'art poser de bonnes questions. Or le web connaît généralement les réponses aux questions simples. Donc, on doit savoir poser des questions dans un moteur de recherche, et être habile à lire les sites qu'il renvoie. Cela demande patience et persévérance, deux mots quasi absents du vocabulaire de nos jours : on veut tout rapidement et facilement. On a oublié ce qu'est la joie d'apprendre.
  5. La philosophie des petits pas. J'en ai déjà parlé ailleurs : je ne crois pas du tout à cette approche. Je pense plutôt que l'apprenant doit essayer tout ce qu'il a le goût d'entreprendre ; qu'il ne doit pas se limiter à apprendre à petite dose ; qu'il doit tout essayer de gober. Et tout ça, dans le DOING. Bien attendu, tout faire en même temps est impossible. Or l'idée n'est pas de réussir à tout faire simultanément, mais plutôt d'essayer de réussir plusieurs choses à la fois. Il faut se départir de voir la progression des apprentissages comme des objectifs terminaux découpés en d'objectifs intermédiaires. Par exemple, dans Moodle, je serais porté à demander à l'enseignant de créer un cours, d'y ajouter du son, des images, des vidéos, d'activer un forum de discussion et de lancer les devoirs de la semaine.
  6. La Sainte Trinité (syndrome). En sont affectés tous ceux qui croient qu'on peut avoir « tout-en-un » , que le logiciel devrait tout faire. Par exemple, dans Moodle il est possible d'ajouter du son. Mais pour produire ce son, on peut, par exemple, utiliser le logiciel Audacity. Et pour sauvegarder le fichier en mp3 avec Audacity, il faut installer Lame. Les atteints du syndrome vont rejeter Moodle parce qu'on ne peut y enregistrer directement des sons. On aime rarement apprendre plus d'une chose à la fois, et c'est bien triste.
Que faire ? Comment puis-je aider au dépassement de tous ces blocages ?

Et vous, chers lecteurs et chères lectrices, comment vous y prendriez-vous pour former les enseignants ? Quand vous étiez vous-même apprenant, quel a été le style de formations qui vous a le plus aidé ?