Je reviens de la rencontre de formation des personnes ressources donnée par le MELS.

Découragement.

Imaginez une heure d'informations que 90% d'une salle de 600 participants connaissent déjà.

On se déplace ensuite, par petits groupes, vers notre atelier sur l'Écriture à l'école. On devait y apporter notre devoir qui consistait à représenter sur un support papier l'importance que prend l'écrit dans notre vie. À part le deux animatrices, je pense que seulement deux participants avaient fait ce devoir.

Ce dernier servant de brise-glace, on passa ensuite à l'activité. «Prenez 15 minutes rendre compte par écrit de votre engagement envers le renouveau pédagogique. Utilisez votre journal de bord pour ce faire (série de feuilles avec des cases à remplir).» On s'est tous docilement exécutés et on a "blablaé" le tout entre nous. Nous sommes ensuite passés à une autre activité du genre : «Voyez ce que les autres ont écrit à propos des traces écrites, et blablaez encore sur le sujet...».

Puis, petite vidéo avec Aline Buron qui nous conte fleurette sur le bulletin chiffré.

Dîner. (Ouf, je vais pouvoir faire un tour en librairie. J'ai d'ailleurs acheté le dernier Philippe Claudel, un magazine littéraire sur les grandes querelles en philosophie, le petit traité d'irrévérence et un recueil de citations compilées par Lucien Jerphagnon.) Retour en après-midi.

La tâche. «Imaginez que vous devez intervenir au niveau des plans d'intervention et de l'approche orientante, comment vous préparez-vous. Prenez quinze minutes pour écrire tout ça. Et discutez-en entre vous par la suite.»

J'ai réagi un peu en disant que je ne voulais pas cette tâche qui ne faisait pas sens pour moi. Malaise de l'animatrice qui prend 30 secondes pour me convaincre du bien-fondé de la tâche. Bon joueur, je la rassure en lui disant que ce n'est pas grave, que je comprends et que je ne m'opposerai pas à cette tache, et que je voulais juste manifester mon total désintéressement pour cette tâche complètement déconnectée de ma réalité.

Fin de la journée ? Pas tout à fait. Une des animatrices vint s'asseoir près de moi.

- Je peux vous parler quelques minutes.
- Certainement.
- Vous ne semblez pas trop heureux des tâches qu'on suggère.
- En effet.
- Pourquoi.
- Vous savez, c'est ma quinzième session, et c'est toujours la même chose, toujours l'approche classique. On nous dit quoi faire (ce qui se limite généralement à des cases à remplir sur des feuilles en couleur), on le fait, et on en discute ensuite entre nous. C'est vraiment passionnant.
- Vous savez qu'il y a des gens qui en sont à leur première session...
- Bien sûr. Mais dans notre salle, nous ne sommes même pas vingt, et vous n'arrivez pas à faire de la différenciation. Or différencier n'est-il pas une grande caractéristique du renouveau pédagogique? Si la chose semble impossible avec 20 participants convaincus, comment peut-on demander à des enseignants de le faire, eux qui ont souvent plus de 30 élèves dont certains très démotivés devant eux?
- Vous avez des suggestions?
- Nous permettre de construire ensemble. Il y a actuellement des moyens technologiques qui peuvent nous aider : les Spip, les wikis, les blogues.
- Vous savez qu'il y a une salle où l'atelier se déroule avec un wiki.
- Oui, je sais.
- C'est une première tentative. Il faut bien commencer quelque part.
- Mais les wikis fonctionnent déjà depuis des années ! Pourquoi diable faire un essai??? Vous êtes tellement lents, au MELS.
(Mes lecteurs savent très bien que je ne crois pas aux petits pas.)
- Tous les animateurs se rencontrent tantôt. J'apporterai vos préoccupations.

Je souris et terminai la conversation en assurant l'animatrice que je n'avais pas l'intention de faire obstruction aux ateliers.

Lendemain.

Excellente conférence de M. Diet sur la place de l'écriture en éducation. Une heure plus tard, reprise des activités sur le même modèle que la veille.

Au début de mes participations, je me faisais un devoir de remplir l'évaluation de la session. Mais depuis le temps, je me suis bien aperçu qu'on ne les lisait pas...

Des suggestions pratiques ? J'en ai quelques-unes :

1- Exiger que tous les participants apportent leur portable.
2- Ne plus distribuer de papier, mais mettre tous les documents sur support électronique seulement.
3- Faire l'effort de différencier dans les ateliers de manière à permettre à tous les participants d'apprendre quelque chose.
4- Offir un menu varié où les animateurs auraient du jeu. Actuellement tout le monde fait la même chose en même temps. Les formations du MELS sont une espèce de Wal-Mart de l'éducation avec un seul choix en magasin et une gang de vendeurs mal à l'aise avec le produit.
5- Permettre aux gens de coconstruire à partir de leurs intérêts communs.
6- On peut tous lire, donc éliminons les points d'informations plates à 600 personnes où la moitié de la salle dort. Que la session en soit une de formation et non d'informations.

Jamais le MELS ne suivra mes suggestions. Voici ce que probablement il répondrait aux points ci-haut :

1- Leur portable? Mais TOUS les participants n'en ont pas nécessairement un alors que l'hôtel fournit les crayons pour tous...
2- Documents sur support électronique seulement? Mais la plupart des gens sont encore papier. Il ne faut pas les frustrer...
3- Différencier? Qu'ossé-ça? On doit amener tout le monde au même niveau : voilà notre rôle. Le meilleur moyen de s'en assurer est de faire tous la même tâche en même temps.
4- Un menu varié ? Cher monsieur Jobin, si vous saviez comme nous avons de la misère à trouver une seule idée originale...
5- Coconstruire. Ben voyons donc ! C'est nous, au MELS qui avons la vérité... Soyez heureux qu'on vous la distribue... Il suffit de remplir les petites cases pour la voir émerger.
6- Mais ces rencontres en grand groupe sont nécessaires pour que tous les conseillers pédagogiques qui n'ont pas eu le temps de lire ce qu'on envoie puissent au moins l'entendre ici.

Ma conclusion ? Le MELS est le pire exemple à donner au niveau d'une pratique du renouveau pédagogique. J'ai l'impression qu'il devrait trouver des spécialistes en pédagogie (je parle de la pédagogie associée au Renouveau) pour organiser ces formations. Le MELS écrit les programmes, mais je ne suis pas sûr qu'il les comprenne.

En terminant, si jamais les gens du MELS me lisent, ce billet n'est-il pas un bel exemple de trace ?