Attendons tout du temps ;
Il dévoile à nos yeux des secrets importants.
Riboutté, L'Assemblée de famille, 1803


Que dire après trois ans d'activités bloguestes?

J'ai commencé à bloguécrire au moment où je me suis aperçu que j'intervenais assez régulièrement chez les autres. Cela m'a donné le goût d'initier moi-même des billets. Les visiteurs réguliers le savent déjà, n'ayant pas un thème particulier; les Jobineries sont un fourre-tout que j'espère assez sympathique.

Au quotidien

Avoir une idée, et pouvoir se la dévoiler, voilà une grande force du blogue. En écoutant mon épouse, mes enfants, des collègues, en observant certaines situations, en lisant certains auteurs, en vivant quoi! le blogue permet ce temps d'arrêt pour y réfléchir un petit peu plus, pour en garder une trace, pour comprendre ce que moi, je viens faire dans ces histoires (dans l'Histoire?) ... Le blogue, c'est du nombrilisme, mais du nombrilisme qui n'accapare personne d'autre que soi. Pascal, Montaigne, Joubert, Renard, C. Roy auraient certainement été blogueurs.

Les blogues dans l'éducation

Je crois encore sincèrement à la puissance éducative des blogues. Car le blogue, c'est d'abord la prise de conscience qu'on a peut-être quelque chose à dire, à partager. Je n'ai pas de grande philosophie par rapport aux blogues. Pour moi, le blogue, c'est du web. Et au tout début du web, on pouvait déjà « bloguer », c'est-à-dire avoir sa page personnelle (vous vous rappelez les fameux "Bienvenue sur ma page web. Je vous présente mon chat, mon petit ami, etc.) auquel on pouvait ajouter des outils de communication du type livre d'or. Or le web date déjà de 12-13 ans. Et l'école n'en a pas fait grand'chose... Évidemment, la démocratisation des bases de données (en ce sens où tout le monde pouvait, à très faible coût, y avoir accès) a permis l'éclosion d'une panoplie d'utilitaires dont certains facilitaient l'édition (gestionnaires de contenu, wiki). Mais encore là, on constate une utilisation scolaire très marginale de ces outils : les enseignants n'ont pas le temps de se les approprier, n'en voient souvent pas immédiatement la pertinence pour leur enseignement, et, surtout, se demandent bien comment on peut construire une évaluation des apprentissages autour de ça. Le web, qu'on le veuille ou non, n'est pas encore rentré dans les écoles. On l'utilise comme une source de connaissances. Exemples : on consulte/bouffe Wikipédia, mais peu d'élèves et d'enseignants québécois le construisent; on télécharge des images, mais on n’en produit aucune; on copie-colle du texte, mais on ne partage rien. Le web, dans les écoles, c'est un outil de consommation de plus, comme les livres, les encyclopédies. Et comme ces derniers, on ne s'en sert pas pour penser, mais pour recracher ce sur quoi on sera évalué.

L'avenir

Je vais probablement parler un peu moins d'éducation, quoique j'aurai sans doute de la difficulté à maintenir le silence devant ce que je considère comme des aberrations du système. Il faut apprendre à s'éloigner de ce qui nous épuise, apprendre à accepter qu'on ne change à peu près rien. Quelques projets (hors système de l'éducation) très importants s'en viennent pour moi et je les bloguerai très prochainement.

Je vais certainement continuer à parler un peu mathématique. Quelques blogues ayant ce thème ont fait leur apparition dernièrement, et c'est heureux. Il faut penser géométrie dynamique, penser Squeak, etc. Mon petit-fils vient d'avoir trois ans. Je continuerai mes pépèreries, car à chaque fois que je retombe sur mes billets le concernant, un immense bonheur m'envahit.

J'espère bien ajouter des épouseries. Marie est tellement brillante... Ses idées sont de la lumière pure. Et je devrais prendre un peu plus de temps pour jeter sur écran nos conversations. Un exemple :

- Que penses-tu, chérie, des baladeurs en salle de classe ?
- À part son casier, le jeune n'a aucun espace à l'école. Il est toujours dans la foule. Aucun coin où il peut être seul. Le baladeur permet probablement à certains de s'isoler dans un chez soi dans la classe. Un espace à lui...


Le regard

Ces Jobineries, ce sont mes Jobineries, écrivais-je dans mon tout premier billet. Un regard de moi-même vers moi-même, de moi-même vers des lecteurs souvent inconnus. Un regard qui regarde se regarder. Un regard, point.