Lors d'un souper entre amis au colloque de l'Aquops, j'ai émis les trois conditions essentielles pour intégrer les TIC dans le scolaire :
  1. Les enseignants ont leur propre outil informatique (un portable);
  2. Au moment où ils en ont besoin, les élèves ont accès à un ordinateur ;
  3. Les utilisateurs ont accès aux services pédagogique et technologique.

1 - Les enseignants ont leur propre outil informatique (un portable)

J'ai déjà écrit plusieurs textes sur ce sujet. Je juge cette condition essentielle, car je ne vois pas comment un enseignant qui n'a pas son outil peut apprendre à l'utiliser! L'ordinateur est un outil extrêmement complexe et demande non seulement un temps d'appropriation, mais aussi un temps d'expérimentation et d'exploration.

2 - Au moment où ils en ont besoin, les élèves ont accès à un ordinateur

La compétence TIC est transversale. Que ce soit pendant qu'il fait des maths, écrit un texte, s'exerce à la poutre ou compose de la musique, l'élève doit avoir accès à l'ordinateur pour l'exploiter dans sa quête de connaissances. Par exemple, en géométrie, si l'enseignant parle de solides, un élève doit pouvoir jouer avec le solide physiquement bien sûr, mais aussi virtuellement (en modifiant les paramètres d'un solide on peut voir dynamiquement la variation de la surface, du volume) ; en écrivant un texte, l'élève doit avoir accès à tous les outils d'écriture lui permettant de s'améliorer (les correcteurs, les dictionnaires, les textes exemples, la puissance du traitement de texte, la gestion des versions, etc.); en apprenant le badminton, l'élève doit pouvoir se filmer, analyser ses gestes, examiner au ralenti les mouvements des pros, etc.) ... Comment voulez-vous qu'un enfant intègre la technologie s'il n'y a accès que cinquante minutes par semaine?

3 - L'enseignant doit avoir accès aux services pédagogique et technologique

Dans le cadre de ses projets pédagogiques, l'enseignant doit pouvoir recourir rapidement à un service pédagogique. J'entends ici son directeur d'école, le répondant TIC de son école, les conseillers pédagogiques de la cs, l'animateur du RÉCIT de la cs, etc. L'enseignant doit aussi pouvoir contacter rapidement le service informatique au cas où il faudrait réparer quelques machines, mettre à jour des logiciels, en installer d'autres, etc. Dans les deux cas (pédagogique et technologique), le temps d'intervention doit être court, c'est-à-dire qu'il ne doit pas dépasser huit jours.

Tant que ces conditions ne seront pas remplies, l'intégration des TIC sera compromise. Bien attendu, on trouvera des endroits où certains enseignants y arrivent en sautant l'une ou l'une de ces prémisses, mais, somme toute, cela demeure anecdotique. En effet, souvent cet enseignant possède sa propre machine qu'il apporte de la maison, profite du fait que dans son école, presque tous les enseignants ne vont pas au labo (il y accède donc quand il le veut), ou encore est très autonome avec les ordinateurs et comprend bien l'esprit de la compétence TIC.

Ces conditions bien qu'essentielles ne sont cependant pas suffisantes à l'intégration scolaire des technologies. En effet, on peut très bien imaginer un enseignant à qui on a remis un portable, qui enseigne dans une classe avec plein d'ordinateurs et qui peut en tout temps joindre les services mis à sa disposition et qui, ma foi, laisse tout ça dormir. Il y a donc lieu d'ajouter des conditions qui sont aussi nécessaires pour une bonne intégration des TIC. Cela fera sans doute l'objet d'un futur billet, ou, peut-être, en verra-t-on apparaître dans vos commentaires?