Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

dimanche 3 septembre 2006

Quand un auteur pompe le web...

... il en fait un livre.

Ce dimanche après-midi, je déambulais dans une librairie de Hull lorsque je suis tombé sur L'officiel des Citations de Vincent Flajac. Il vient tout juste de paraître aux éditions First. Comme toujours, j'ouvris au hasard le gros bouquin. Et plus je feuilletais, plus je devais me rendre à l'évidence : ce type avait pompé plusieurs centaines (des milliers peut-être) de citations de mon site. Un divan n'était pas loin. Je m'y suis assis et j'ai continué mon exploration du livre. Et plus j'explorais, plus je m'étonnais. Donc, je suis allé à l'avant-propos pour savoir si au moins l'auteur me remerciait ! Rien, néant, nulle mention ni de mon site, ni des références utilisées par l'auteur. À $34.95, je décidai tout de même d'acheter le livre pour en faire une critique sur mes Jobineries.

Quelques scans du livre pour débuter :


Dans l'extrait de gauche, le Albalat, le Bourgault, le Vaneigem, le Brie et le Morin proviennent directement de mon site. L'auteur (sic) a seulement ajouté les [...] dans le cas de la citation de Morin, supprimant deux exemples. Morin a écrit plusieurs livres... mais Flajac n'a cru bon de retenir que des citations des livres que j'ai lus. Les autres citations de l'extrait proviennent du site EVENE (comme c'est d'ailleurs le cas pour une grande partie des citations du livre.)

Dans l'image droite, c'est la même chose : les citations de Bruckner, Morin, Vaneigem, Mankell, Pagels sont de mon site.

Je me suis amusé (m'enfin...) à déterminer d'où provenaient les autres citations : elles sont toutes (d'après moi) sur le web. J'ai testé plusieurs citations qui m'étaient inconnues, et GOOGLE les a toutes trouvées, généralement sur EVENE ou sur un autre site de citations.

Ma conclusion est donc que ce cher monsieur Flajac a tout simplement pompé 13000 citations de quelques sites web, et en a fait un gros livre...

Évidemment, je n'ai pas tout lu (640 pages!), mais j'ai d'ores et déjà relevé au moins deux erreurs :

Page 415, sous PERVERS (tiens, tiens !) on a

«Les injustices du pervers
Servent souvent d'excuse aux nôtres.»
L'Oiseleur, l'Auteur, et l'Alouette, Paul Carvel.

Diable, mon bon ami Paul sera heureux d'apprendre qu'on lui attribue un vers de La Fontaine !!! D'ailleurs, pour vous amuser, entrez en gardant les guillemets "Les injustices du pervers" dans GOOGLE. Eh oui! vous tombez sur mon site.

À la page 511, on donne

«Ce n'est pas à la raison, mais au bon sens, qu'il eût fallu jadis élever un temple. Beaucoup d'hommes sont doués de raison, très peu de bon sens.»
La Prisonnière - Gustave Le Bon.

La Prisonnière??? À ma connaissance, jamais Le Bon n'a écrit un tel livre. La citation provient plutôt de son Hier et Demain.

Petit détail : aucun index par le nom des auteurs n'est donné, ce qui est relativement surprenant et, vous le comprendrez, plutôt embêtant lorsqu'on veut vérifier les citations d'un auteur en particulier. Toujours est-il que ce bouquin possède des citations de Bernhard (elles sont toutes sur mon site), de Serge Bouchard, Bernard Arcan, Michel Serres (le Tiers-Instruit!), Marinina (et oui, même cette obscure auteur de polars russes - je suis le seul à la citer!), Ivan Illich (Une société sans école - je n'ai rien trouvé d'autres, ce qui est normal : je ne cite que ce livre), Thomas Kuhn, Gustave Thibon, et une foule d'autres qui sont, cela est évident, toutes issues de mon site.

Que faire? Pour moi, la publication de ce livre est une indécence intellectuelle. Je vais écrire un courriel à l'éditeur pointant vers ce billet.

Pillage

Courriel envoyé au webmestre de AF ouaibe.
Monsieur,

Je suis auteur d'AU FIL DE MES LECTURES (http://www.gilles-jobin.org/citations) et je vous écris pour vous demander de retirer immédiatement TOUTES LES CITATIONS qui proviennent d'un copier-coller de mon site. Je vous rappelle que le droit de citer ne donne pas le droit de piller les bases de données.
J'attends de vos nouvelles à cet effet.
J'en ai vraiment marre du non-respect du travail des autres.