« Les examens et les compositions servent, comme les notes, à vous faire peur pour que vous travailliez davantage.

Il y a encore pas mal d'écoles où l'on pense que les examens et les compositions permettent de mesurer vos connaissances et votre niveau. C'est faux ! Jamais un examen ne permettra de déterminer ce que vous savez.

Aux examens et aux compositions, on vous donne le plus souvent à faire des faux devoirs. Ils sont faux parce que vous ne pouvez les faire dans les mêmes conditions que les devoirs ordinaires. Les examens montrent ce que vous avez appris par coeur ou ce qu'on vous a enfoncé dans la tête. Mais ils montrent bien rarement si vous êtes capables de réfléchir et de trouver vous-mêmes la solution d'un problème.

Il est impossible et absurde de se fier aux résultats des examens et compositions. D'abord, on vous donne à faire des faux devoirs, ensuite il y a toujours quelques élèves qui sont nerveux, angoissés et d'autres aussi qui n'ont pas de chance ; vous n'avez pas le droit de discuter des sujets avec vos camarades, et, que ce soit un examen oral ou écrit, vous n'avez qu'un temps de réflexion limité avant de répondre.

Dans les écoles ou les classes où il y a sans arrêt des examens et des compositions (compositions trimestrielles, semestrielles, examens blancs, examens de passage, examens de fin d'études, BEPS, Bac ou autres), la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage est très gravement compromise.

Les professeurs n'enseignent pas une matière, mais à passer des examens, et les élèves n'apprennent pas grand-chose, sauf dans certains cas à passer des examens l'enseignement devient nécessairement faux et réciproquement.

Ça peut changer

II y a encore beaucoup d'écoles et de lycées qui ont des examens de fin d'année ou des examens de passage jusqu'en terminale. Ces examens font perdre un temps considérable aux élèves et aux professeurs. Il faudrait essayer de les supprimer. Ça ne sera pas facile, parce que c'est attaquer tout le système d'enseignement français, qui repose sur la sélection, la répression, l'exclusion.

Les examens académiques, comme le BEPS ou le Bac se déroulent presque toujours de façon stupide. Il y a des centres où l'on vous fouille ou presque avant de vous laisser entrer dans les salles d'écrit ; pour l'oral, on vous fait attendre une heure ou deux, puis on vous fait tirer un petit bout de papier et vous devez répondre presque tout de suite.

Il y a de quoi devenir nerveux ! Beaucoup d'élèves se sentent complètement bloqués à cause de ça au moment d'écrire ou de répondre.

Ce qu'il faudrait, c'est que les examens se déroulent d'une autre façon : que les élèves aient le droit d'apporter des livres et pour certains examens écrits des notes ; que l'examen puisse avoir lieu dans une bibliothèque pour que vous puissiez consulter tous les livres dont vous avez besoin ; que pour préparer votre réponse à l'examen oral, on vous accorde un délai de quelques heures ou d'une journée (ou peut-être simplement d'un quart d'heure).

Des examens qui se dérouleraient comme ça seraient bien plus significatifs. On saurait au moins si les élèves savent se documenter sur un sujet et le présenter.

Compositions et examens trimestriels avec classement ont tendance, depuis quelques années, à disparaître dans certains établissements. S'ils sont encore en vigueur dans le vôtre, engagez la bataille sans oublier de vous assurer de l'appui effectif du plus grand nombre possible de professeurs.

Il vous sera difficile de lutter contre les examens de passage, et les grands examens comme le BEPS ou le Bac, parce que c'est le ministère et non la direction de votre établissement qui décide. Envoyez au ministère des projets de réforme que vous aurez élaborés avec certains de vos professeurs et qui seront signés aussi par eux.

Contre les compositions et examens de toute sorte, vous pouvez toujours, si tous les autres moyens se sont révélés inefficaces, faire la grève : remettre une copie blanche, refuser d'entrer dans les salles d'examen. Mais il ne faut pas le faire seul, ça ne servirait à rien ! Il faut que toute une classe, ou toute une école ou tous les élèves d'une ville se mettent d'accord pour faire la grève des examens. »

Bo Dan ANDERSEN, Soren HANSEN et Jesper JENSEN, Le petit livre rouge des écoliers et des lycéens, 1969-1970.

La version française, publiée en 1971, a été interdite en France par le Ministère de l'intérieur.