Jeudi matin, au colloque de l'Aquops, j'ai assisté à l'atelier 3108 - Maths branchées, développement accéléré de compétences ! animé par Isabelle Cloutier enseignante en mathématique à l'école La Poudrière et Jean-Claude Chaîné, animateur RÉCIT. L'énergie, l'enthousiasme, le professionnalisme, l'engagement des animateurs étaient communicatifs.
L'atelier est bien décrit à l'hyperlien donné plus haut et, lorsque j'aurai l'adresse du site de ce projet, je l'ajouterai à ce billet dans les lianes.
Je veux surtout discuter ici d'un état de fait : l'enseignante a tout développé sur son temps personnel, autrement dit, en bénévolat. Bien sûr, je connais très peu d'enseignants qui ne mettent pas de temps en dehors de leurs heures régulières de travail. Mais, clairement, madame Cloutier a mis énormément de son temps pour que ce projet puisse vivre.
Et c'est là que je questionne notre organisation scolaire, organisation sur laquelle, clairement, nous (enseignants, conseillers pédagogiques, élèves) n'avons aucune emprise. Nous avons là un excellent projet qui a reçu un appui matériel certain (ordinateurs, beaux bureaux, filages, etc.) mais où l'enseignante n'avait aucun temps de préparation, d'organisation pédagogique, de réflexion qui, à mon avis, devrait normalement accompagner la réalisation d'un tel projet. Je le répète, l'enseignante, très professionnelle, a tout fait sur son temps personnel, hors les heures de travail.
Lorsque j'ai posé la question sur cet état, Jean-Claude m'a répondu quelque chose du genre : « Tu as raison. Mais je pense qu'en montrant ces beaux projets, nos dirigeants comprendront la nécessité d'une réorganisation du travail. ». Le problème, c'est que cela fait plus de 20 ans qu'on affiche des beaux projets menés à bout de souffle par des pédagogues et que les administrateurs n'ont pas encore compris cette nécessité de donner du temps aux enseignants. C'est un peu comme s'ils se fiaient sur le bénévolat des enseignants. Je juge cette situation absolument inacceptable en 2006. Je fais partie des personnes très découragées par les choix administratifs de ne pas investir dans les ressources humaines qui réalisent ces projets. C'est dommage à dire, mais je crois que si cet investissement ne se réalise pas, on ne devrait tout simplement pas actualiser ces projets. Tout le monde a un bout à faire ; clairement, les enseignants ont toujours été prêts à le faire. Mais est-ce le cas des directeurs d'école? des DG des commissions scolaires (en excluant tout au moins Ronald Canuel, directeur général à la cs Eastern Townships)? de ceux qui, finalement ont les $$$ pour appuyer concrètement les êtres humains qui réalisent ces projets. Mais nous n'avons aucun contrôle sur les choix décidés par ces importantes personnes. D'ailleurs, elles sont payées pour les faire, ces choix. C'est donc à ces gens d'en assumer les responsabilités : si nos administrateurs ne veulent pas investir en accordant du temps à ces enseignants dédiés à leur travail, que cela se dise : « Dans notre commission scolaire, nous (directeurs d'école, DG) ne développons pas la compétence TIC car nous n'en avons pas les moyens pour appuyer les enseignants ! »
L'essoufflement des pédagogues doit cesser : ou on croit dans les TIC, ou on balance simplement cette compétence. Comme vous tous sans doute, j'ai entendu des explications du genre
- Faut que tu comprennes : on est déjà débordés par notre tâche administrative, on n'a pas un gros budget, etc.
Bien sûr, je comprends, je comprends mais :
- Cela signifie-t-il que vous avez décidé de ne pas développer la compétence TIC dans votre école. Je veux juste avoir un oui ou un non. Et si c'est un « non », comment appuierez-vous les enseignants?
Et la litanie revient « on est déjà débordés par notre tâche administrative, on n'a pas un gros budget, etc. »
Et bien qu'ils « litanisent » entre eux, nos tristes administrateurs. Pour ma part, dans ma vie, j'ai autre chose à faire que de compenser pour leur manque de leadership pédagogique...