Apnée de Jean-Marie Gourio fait partie de cette catégorie de livres dont je ne sais trop qu'en penser. En résumé, c'est l'histoire d'une femme, Chantal, dont la petite fille de 6 ans se fait violer et tuer par son voisin. Vingt-quatre ans plus tard, elle attend le meurtrier à la sortie de prison : « je ne veux pas me venger, je veux que cet homme me rende mon enfant, elle est à moi, il me l'a prise, il doit me la rendre... » Tout le livre est un voyage dans la tête de cette femme. Évidemment, on peut facilement condamner l'espèce de morbidité maladive de Chantal. Cependant, je crois que s'il m'arrivait de perdre une de mes enfants ou mon petit-fils, il me semble que j'aurais de la misère à m'en remettre « normalement ». Le livre décrit donc une possible survie à cette horreur.

Il vaut aussi la peine de lire ce petit livre de 154 pages pour le style extrêmement efficace de l'auteur : pas un seul point final dans ce livre, pas un seul paragraphe, tout est séparé par des virgules, et, parfois, Chantal se remémore ou récite des poèmes. C'est extrêmement efficace : on ne peut interrompre facilement la lecture pour vaquer à ses occupations quotidiennes. On doit presque le lire d'une traite. Prévoyez donc de vous installer dans une bulle de quelques heures, et prévenez les gens de ne point vous déranger.

À conseiller, même si je ne sais trop qu'en penser...