Via le blogue de Michel Dumais, j'ai pu lire la réaction de la GRICS à la lettre de Louis Desjardins. L'extrait suivant indique bien l'analyse que fait la Société au regard du logiciel libre :
«Le modèle actuel de la Société GRICS permet d’assurer, à la fois, le financement de la réalisation des produits et de celui des services qui y sont associés. Qu’arriverait-il si la Société GRICS modifiait son modèle pour ne facturer que ses services ? Elle devrait trouver des sources de revenus alternatives, pour financer le coût de développement, d’entretien et d’amélioration de ses produits. Dans le monde du logiciel libre, ce financement provient de subventions, de fonds versés par des fondations ou des contributions de la communauté. Mais, qui fournirait les subventions qui seraient requises (comme dans le projet Mille), quelles fondations viendraient supporter le développement de logiciels libres en éducation, quelles communautés viendraient contribuer aux développements spécifiques attendus par les commissions scolaires du Québec ? Et, comment pourrait-on garantir la pérennité des produits et des services ?
Sans des réponses précises et concrètes à ces questions, on ne peut absolument pas juger des avantages supplémentaires que les commissions scolaires pourraient éventuellement tirer d’un tel changement.
Par contre, on peut affirmer, sans risque d’erreurs, que la très grande majorité des commissions scolaires du Québec n’ont pas les ressources pour contribuer à des développements en logiciels libres. Et, il est loin d’être acquis qu’une Société GRICS ou toute autre entreprise, qui s’appuierait sur des subventions, gagnerait en efficacité, pourrait garantir la pérennité et livrerait plus de valeur à l’ensemble des commissions scolaires du Québec.»

Bernard Létourneau (PDG de la Société GRICS) et Robert Saumur (Président CA de la Société GRICS)
Rêvons un peu, à partir d'un exemple concret, ce qui pourrait se passer. Prenons trois productions libres développées par une très petite commission scolaire de l'Outaouais : le Bulletin informatisé (alternative libre au bulletin livré avec GPI), le Cyberfolio (portfolio électronique) et le CyberPif (Plan individuel de formation électronique attaché au concept de l'approche orientante).

Imaginons un instant que la GRICS permette à ces applications de se connecter à GPI (ou à Édugroupe, leur portail) pour, entre autres, récupérer des données telles le nom des élèves, leur numéro de fiche, etc.

Ainsi, la majorité des CS qui utilisent actuellement GPI se trouveraient gagnantes puisqu'elles auraient une alternative libre aux produits propriétaires de la GRICS. Est-ce contradictoire? Pas du tout. Cela veut juste dire que les CS continueraient à développer leur GPI préféré, car, justement, on peut lui accoler des produits alternatifs qui sont susceptibles de faire l'affaire de leurs enseignants ou qui, tout au moins, leur donnent un choix. Je crois même que la Société pourrait offrir des trucs du genre : «Avec GPI, vous avez accès au Cyberfolio, à un Bulletin informatisé alternatif, etc. et nous pouvons vous offrir, moyennant un coût supplémentaire à GPI, un support pour ces produits.» Ainsi, la GRICS, sans avoir participé au développement de ces produits, pourrait même se faire un peu de sous avec la chose et elle rendrait tout le monde heureux. Quant au développement de ces produits, elle pourrait, si elle le juge opportun, décider de s'y investir ou non, car l'une des très belles caractéristiques du libre est que l'on ne s'y donne que si on juge le projet intéressant. Via leur Société, les DG pourraient donc décider, ensemble, d'investir dans le développement de ces applications pédagogiques comme ils le font maintenant pour le développement de tout autre produit vendable.

Bon, mon raisonnement est peut-être trop simpliste car, après tout, je ne suis pas économiste, mais il me semble que la diffusion potentielle de certains produits pédagogiques libres qui pourraient se «ploguer» sur la base de données de GPI serait une belle porte d'entrée dans l'exploration/exploitation du LL pour la Société. Cela leur donnerait aussi le temps de voir les répercussions sans vraiment influencer leurs autres produits : en effet, les CS qui ont GPI payent déjà pour le bulletin qui y est intégré. Le fait d'en offrir un deuxième libre ne leur enlève absolument rien. Quant à leur portfolio, les CS qui n'ont pas choisi Édugroupe doivent s'en passer. Avec le Cyberfolio, la GRICS pourrait quand même offrir à ces commissions scolaires un service payant d'un portfolio électronique libre. Ils développent donc un marché potentiel pour les non-utilisateurs de leur portail mais qui ont tout de même fait l'acquisition de GPI. Quant au CyberPif, c'est un produit tellement différent de tout ce qu'ils font, qu'il n'est pas, en lui-même, un compétiteur de quoi que ce soit.

Encore une fois, il y a peut-être plusieurs failles dans mon raisonnement. Mais il reste dans mes convictions les plus profondes que l'imposition de solutions propriétaires par les DG des CS (qui sont aussi les décideurs de la GRICS) à leurs enseignants sera bientôt absolument invivable. Et je crois que la GRICS doit immédiatement bouger pour signifier clairement si oui ou non elle permettra la diffusion de logiciels libres pouvant se connecter sur sa base de données GPI. Si elle ne désire pas faire ce pont, je crois qu'à moyen terme, leur situation deviendra intenable car on ne peut en tout temps et impunément se fier à des directives autoritaires pour imposer des solutions à des professionnels de l'enseignement.