Jobineries

Blogue de Gilles G. Jobin, Gatineau, Québec.

jeudi 20 janvier 2005

Les sophismes

« Le sophisme donc c'est un truc dans une argumentation. Un truc habile. En fait ici il convient de rappeler que le but de l'argumentation, c'est de convaincre, et non pas, comme on pourrait le croire, d'établir la vérité. Les trucs logiques qui servent à convaincre ne sont pas les mêmes que ceux qui servent à établir la vérité. Donc souvent le sophisme est un argument totalement erronée mais qui a une apparence de vérité ou de rationalité. Ce n'est qu'une apparence, mais parfois c'est suffisant pour convaincre. Quant à la vérité... et bien la vérité, ç'est tout autre chose ! » (Pierre Couture, Introduction à la philo)

Et sur ce même site, vous trouverez un joli netquiz pour vérifier vos connaissances.

Autre page qui décrit quelques sophismes.

Idée. Demandez aux élèves de lire ces pages Internet. Certains, peut-être, feront le quiz. Demandez aux élèves de découvrir les sophismes dans les discours des politiciens, des journalistes, des enseignants, des parents. En faire une page web. L'idée n'est pas neuve.

mercredi 19 janvier 2005

La fumée (Trace d'un commentaire)

Commentaire que j'ai posé ici.

Cette question de liberté (je suis libre de faire ce que je veux vs je veux respirer de l'air sans fumée) est intéressante. Je pense qu'on ne peut plaider l'ignorance : fumer tue ! Or si un ami me fume dans la figure, je regrette, mais il me tue et il contribue à la charge énorme des soins de santé dans la province. Si cet ami veut se tuer, FINE ! mais il ne peut nier que fumer dans la même pièce que moi, c'est comme s'il voulait ma mort en me transmettant potentiellement une maladie du poumon. Finalement, je ne désire pas des amis ignorants des torts qu'ils peuvent causer, et je ne désire pas d'un ami qui me cause sciemment du tort. J'étends mon raisonnement à toute personne de notre société : ou elle est ignorante des problèmes qu'elle cause, auquel cas il faut l'éduquer, ou elle cause sciemment du tort, auquel cas il faut lui interdire de le faire.

Question aux fumeurs : vous venez de mettre au monde un enfant. Vous faites un petite fête chez vous pour souligner sa venue au monde. Plein de fumeurs, comme vous, dans la pièce. Et ça fume, ça fume... Laisseriez-vous votre enfant dans la pièce ? Laisseriez-vous votre enfant dans les bras d'un fumeur, cigarette au bec ? Bien sûr vous avez le droit de fumer. Mais le petit a le droit de respirer de l'air propre non ? Comme parent-fumeur, décidez-vous de protéger votre droit ou celui de votre enfant ? Il faut ensuite étendre votre raisonnement à toute la société... Mais j'en vois dont la solution serait de ne pas faire d'enfants... comme certains espèrent que tout endroit public ne le soit que pour eux.

mardi 18 janvier 2005

Les meilleurs vendeurs

Mon copain Pierre estime que je devrais lire le Da Vinci Code ? A-t-il raison ? A-t-il tort ? La réponse est simple : Oui, je devrais le lire car je pense qu'un auteur qui prend la peine d'écrire mérite au moins un lecteur. Pourquoi ne serait-ce pas moi ? Or, il se publie annuellement 50 000 bouquins, apprend-on dans un article de Libération, article où l'on parle de destruction de livres. (En passant, merci à Sébastien pour avoir signalé ce texte.) Les choix sont donc difficiles. Pourtant, j'hésite toujours à lire un best-seller. Ce qui ne m'empêche pas d'en acheter pour les offrir en cadeau. Ce fut le cas du Dan Brown que j'ai donné à ma mère à son anniversaire, sachant qu'elle adore ces livres grands publics.

Mes choix de lectures sont motivés par les suggestions des internautes qui visitent Au fil de mes lectures, par mes propres déambulations sur les sites/blogues littéraires ou tout simplement par le hasard des trouvailles chez les bouquinistes. Mais, curieusement, je reste réfractaire lorsque qu'on me propose un livre que tout le monde lit. Snobisme littéraire ? Peut-être en est-ce... Mais je pense surtout que mes lectures de « best-sellers » m'ont rarement plu. Par exemple, après les 30 premières pages de Harry Potter, je n'étais plus capable : je trouvais ça... tellement... ordinaire comme écriture... Idem pour les Fourmis de Weber. Je ne dis pas que ce sont de mauvais romains, loin de là. D'ailleurs qui suis-je pour en juger ? Je dis seulement que je n'éprouve pas de plaisir à les lire.

Ma fille Aurélie a lu le Da Vinci Code, en anglais (avant qu'il ne soit traduit) sur une suggestion de son prof... de français. Sa réaction ? « Oui, c'est bon... », sans plus. À 17 ans, elle est déjà une grande lectrice et je suis enclin à me fier à son jugement. Sa moue « sans plus » m'indiquait clairement que je pouvais remettre cette lecture à plus tard.

Une quotidiennerie

Un mot par jour est une suggestion trouvée sur le forum littérature de MSN, le seul forum du genre que je visite très régulièrement.

samedi 15 janvier 2005

Glanure

Le seul petit problème de la « société de l'information », c'est qu'on y véhicule quatre-vingt-dix pour cent de minables stupidités et neuf pour cent plus quelques décimales de gros mensonges. De la fraction réduite qui reste, il convient encore d'ôter les vérités plates ou déjà mortes, et vous verrez qu'il ne subsiste plus grand-chose comme espace de probabilité où une quelconque métaphysique puisse s'élaborer. Nous dirons tout bonnement que la société de l'information est la masse des mensonges autour de laquelle une nouvelle métaphysique critique se devra d'orbiter, en vue d'en dérégler les marées et les équinoxes, d'en transformer toute l'économie, afin de préparer l'émergence d'une nouvelle vérité.
Maurice G. Dantec, Le théâtre des opérations, p.539, Gallimard/Folio

vendredi 14 janvier 2005

Impression

Dans une banque, j'ai toujours l'impression d'y être floué.

jeudi 13 janvier 2005

Glanages

Je ne reçois presque plus de courrier réel. Mais cette semaine fut un peu particulière : trois petits colis livresques.

D'abord, deux livres, une gracieuseté des éditions AMG2 (France). C'est la première fois qu'un éditeur m'envoie des livres. J'ai cependant déjà reçu des bouquins envoyés directement par l'auteur. Dans ce colis, deux romans de SF : Ecce Norifumi et Morituri Norifumi de Jean-Marc Rivet. Lorsque j'étais à l'Université, j'ai lu énormément de SF. J'en ai deux ou trois cents ici. Depuis, plus rien ou presque. Ces deux romans me permettront de me remettre dans le genre. Merci M. Benoit !

Le second colis contenait un tout petit livre de 191 pages : La philosophie en 1500 citations dans la collection les abc du bac, Fernand Nathan 1963. J'ai acheté ce livre chez Book Dispensary via Abebooks.fr. Ce recueil de citations est divisé en chapitres, puis en sections. Par exemple, le chapitre 19 a pour titre Sensation et perceptions et contient les sections Perception et jugement avec une vingtaine de citations et la section Perception et forme avec 10 citations. Au lieu d'être groupées par mot concept/clé, les citations le sont par rubriques du programme de philosophie de 1960 en France. Les références exactes ne sont malheureusement pas toujours données.
Glanures
[Dans la section La culture, au sens humaniste.] «Instruction : des pierres dans un sac. Culture : une graine dans un pot.» (Chapelan, cité par Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique.)

[Section De l'émotion à la passion] «J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.» (Éluard)

[Section L'État] «Vivre sa vie, c'est toujours gâcher la vie des autres.» (Herriot, Notes et Maximes.)
La quatrième de couverture contient plusieurs titres de cette collection dont, entre autres, Le Français en 1500 citations. Mais ma recherche du livre sur le web est restée infructueuse...

Toujours via Abebooks.fr, mais cette fois de la librairie À la bonne occasion de Québec, trois livres. D'abord, de Philippe Soupault, L'amitié, coll. notes et maximes, publié chez Hachette en 1965. Cette collection (notes et maximes) ne semble plus disponible en librairie. Il faut être assez chanceux pour la trouver chez un bouquiniste. Je possède cependant La conversation, d'André Maurois dont vous trouverez des citations ici.
Glanure

«On peut feindre l'amour, mais il est impossible de feindre l'amitié.» (p. 35).
Soupault est l'un des fondateurs du mouvement surréaliste.

Comme j'ai souvent rencontré plusieurs citations d'Édouard Herriot, j'étais à l'affut de son Notes et Maximes (tiens, tiens, le titre de la collection précédente) publié chez Hachette (tiens, tiens, l'éditeur du livre précédent), et, fantastiquement, À la bonne occasion en avait une copie. Herriot fut un politicien semble-t-il important en France dans la première moitié du 20e siècle. Google vous informera sur le personnage.
Glanures

«Dieu est une asymptote.»

«L'erreur des hommes sensibles dans la vie publique : ils pèsent à la balance de précision ce qu'il faudrait peser à la bascule.»

«Savoir ce que l'on veut, vouloir ce que l'on sait.»

«La pensée est comme la flamme ; elle ne se diminue pas en se communiquant.»
Finalement, mais non le moindre, l'Essai sur la psychologie de l'invention dans le domaine mathématique de Jacques Hadamard chez Albert Blanchard, 1959. J'ai lu ce livre dans les années 70, lorsque j'étais à l'Université Laval (sans doute emprunté à la bibliothèque du Vachon). Il est traduit de l'anglais par sa fille Jacqueline. Je ne sais pourquoi Hadamard n'a pas écrit directement son livre en français. Mes quelques recherches sur cette question n'ont pas abouti. Toujours est-il qu'en page 114, on y trouve cette très jolie phrase : «On a pu écrire depuis que la voie la plus courte et la meilleure entre deux vérités du domaine réel passe souvent par le domaine imaginaire.» Palle Jorgensen s'est interrogé sur cette phrase.

mercredi 12 janvier 2005

Le journalisme télévisé

En feuilletant le journal 1999 de Dantec (Le théâtre des opérations, Folio, p.213), je tombe sur ce passage : Pour nombre de journalistes aujourd'hui, la possibilité d'interviewer l'auteur, c'est surtout celle de ne pas lire ses livres.

Et en parcourant le web, on peut trouver cette entrevue télévisée ou l'auteur interviewé démasque le journaliste. Hilarant.

Le journal

« Cette bibliographie offre, par ordre chronologique, du XVe siècle à nos jours, un peu plus d'une centaine de pistes de lecture. Elle a été réalisée par Catherine Bogaert et Philippe Lejeune pour leur livre Un journal à soi (Textuel, 2003). Ils ont autorisé la Bibliothèque qui les en remercie à la reproduire.
Il s'agit de journaux en langue française : des classiques du genre, des textes présentés dans leur livre, et d'un échantillonnage de journaux représentant les situations ordinaires de la vie. D'autres choix auraient pu être faits, tant le domaine est riche. Pour chaque journal, ils indiquent l'édition originale (quand le lieu n'est pas mentionné, il s'agit de Paris), puis, entre crochets, éventuellement, une édition récente disponible en bibliothèque ou en librairie.
 »
Un journal à soi

J'ajouterais à cette bibliographie d'auteurs francophones, Le théâtre des opérations, Journal métaphysique et polémique 1999 de Maucice G. Dantec.
Je veux retenir que l'ancêtre du blogue, c'est le journal format papier. Le néologisme joueb (journal web = web log) n'a pas eu la faveur populaire. C'est compréhensible : joueb est un mot... tellement... blah.

Aquops 2005

Je viens de m'apercevoir que le programme du colloque de l'Aquops est en ligne. Ma seule déception : mon atelier Cyberfolio EHDAA est à la même heure que l'atelier que donne ma superbe fille Marie-Élaine... Ils sont situés au bloc 100.

lundi 10 janvier 2005

Fantaisie politique

Voici une fantaisie que je fais assez souvent, ravivée par ce billet de Clément Laberge.

Imaginons un nouveau parti politique : le PCQ. Le parti des carnetisques du Québec ! C'est déjà pas mal, le nom est trouvé.

Imaginons que les membres de ce parti (qui n'a pas vraiment de chef) soient liés par le serment d'écoute. Ils doivent aussi avoir leur blogue public. Mais surtout, ils doivent croire dans le principe suivant : quand on doit résoudre un problème, vaut mieux jeter les données connues sur la table et tenter de le résoudre «en gang».

Jusqu'ici, tout va bien : le parti a un nom et il a un programme !

Imaginons maintenant qu'aux prochaines élections, au moins un membre de ce parti se présente dans son comté.

Imaginons que jamais (c'est une fantaisie, ne l'oubliez pas), il ne fait de la publicité genre «photo idiote sur le poteau de téléphone». Il passe tous ces messages via ses propres billets, ou via les commentaires aux commentaires de ses billets ou via ses interventions sur les autres blogues des membres de son parti ou via les forums ouverts sur le web au regard des différentes problématiques soulevées ou non lors de la campagne. Même les journalistes doivent passer par le blogue pour l'interroger.

Imaginons maintenant ce parti politique au pouvoir... Fin de la fantaisie.

Ne vous méprenez pas : je n'ai aucune visée politique. Il reste que j'ai une espèce d'écoeurite aiguëe des politiciens. J'ai bien l'impression que certains d'entre eux tenteront de s'approprier une certaine « clientèle » en bloguant. Le plus drôle, c'est certainement qu'ils engageront une tonne de collaborateurs (payés par nous, évidemment) qui répondront pour eux, tout en signant du nom du politicien... Mais à ce jeu, ils seront rapidement démasqués. Dans un blogue, on peut facilement émettre une idée erronée/discutable/contestée, mais on peut difficilement mentir.

dimanche 9 janvier 2005

La culture

Je me suis souvent trouvé en présence de personnes... qui manifestaient leur incrédulité devant le manque de culture des scientifiques. Une ou deux fois, il m'est arrivé, me sentant attaqué, de leur demander si elles pouvaient m'énoncer le deuxième principe de la thermodynamique. Leur réponse fut... négative. Et pourtant, ce que je leur demandais était l'équivalent pour la science de : avez-vous déjà lu une ligne de Shakespeare ?
C.P. Snow, The Two Cultures

La pratique du reader's digest reflète fidèlement les tendances profondes de notre temps et me fait penser qu'un jour toute la culture passée sera complètement réécrite et complètement oubliée derrière son rewriting. Les adaptations cinématographiques et théâtrales des grands romans ne sont que reader's digest sui generis.
Milan Kundera, Jacques et son maître (Introduction à une variation)

Qu'est-ce que la culture enfin ? La résurrection irrégulière et régulière de ceux qui ont bravé la mort pour créer, qui reviennent pour coudre la tradition d'hier à la vivacité d'aujourd'hui. Sans eux pas de continuité, pas d'immortalité de l'espèce humaine, sans leur renaissance pas d'histoire.
Michel Serres, Le Tiers-Instruit

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