Au hasard de mes pérégrinations sur le web, je suis tombé sur ce beau poème de Baudelaire :
L'Horloge

Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: « Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

« Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

« Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!

« Remember ! Souviens-toi ! prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !

« Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

« Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
Les Fleurs du Mal, LXXXV in Œuvres complètes, Robert Laffont Bouquins, p.59

mis en Flash ici.

La beauté du montage m'a ramené à ce constat que je ne cesse de me faire : ô combien j'aime le web !

Si j'étais le moindrement original/artiste/compétent/explorateur, il me semble que je me lancerais à l'étude de ce macromédia Flash. L'imagination du concepteur est la seule limite avec un tel outil. Et c'est tellement... tellement... web. Un art nouveau et à la portée d'à peu près tout le monde.

Je me rappelle avoir vu (je remonte autour de 1997,1998) de merveilleuses choses en mathématique qui utilisaient Director. J'avais été transporté par le potentiel artistico/pédagogique de l'outil. Mais c'était tout à fait inaccessible au commun de mortel à cause du coût élevé du logiciel. Dommage.

C'est comme la mise en route de l'ASP : le potentiel du langage était (et est toujours) absolument extraordinaire. Mais en 1996 ou 1997, lorsque j'ai demandé à mon fournisseur la possibilité de l'utiliser, sa réponse était négative, non pas à cause de la gestion de la chose, mais bien par les différents coûts que cela lui engendrait. Heureusement, depuis 1999 certains hébergeurs (surtout en France) permettent à leurs clients une utilisation quasi sans limites de PHP jumelé à MySql. Depuis, même les «pauvres» comme moi peuvent enfin prétendre à une utilisation riche et créative des bases de données sur le web. Les wikis, les blogues et les CMS (Content Management System, genre SPIP) sont d'ailleurs nés, à mon avis, grâce à cette démocratisation des BDD sur le web.

Curieux comment, d'un poème de Baudelaire, un esprit dérive parfois...