Citations ajoutées le 12 juillet 2014

Antonin Rondelet

  1. Il faut déjà être prévenu par la clarté intérieure de la pensée, lorsqu'on prend la plume pour écrire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  2. Dans une certaine littérature, pour mieux connaître les passions, on n'en est souvent que plus tenté de les imiter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  3. On ne doit laisser agir son imagination que dans la mesure du beau, de même que la vertu ne donne carrière à la liberté que dans les limites du devoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  4. Le mépris des règles de l'art n'est que l'espoir d'en vaincre plus aisément les difficultés.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  5. La vraie littérature est comme la vraie philosophie : ce qu'elle enseigne doit toujours être peu de chose, en comparaison de ce qu'elle apprend à découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  6. L'unité dans la composition littéraire est tellement conforme aux lois de l'esprit humain, qu'invisible nous ne laissons pas de la chercher, et absente de l'introduire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  7. Chaque siècle a eu ses auteurs favoris qu'il a estimés et accueillis, en proportion, non pas du mérite qu'ils ont eu, mais du plaisir qu'ils lui ont donné.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  8. Il faut juger du danger d'un livre, non par ce qui s'y trouve mais par l'effet qu'il produit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  9. L'éloquence n'est que le bon sens ému.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  10. Au fond, le ridicule relevé par la critique littéraire n'est autre chose qu'une absurdité contredite par la philosophie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  11. Auprès de certaines natures, la persuasion réussit par les moyens mêmes qui vous fermeraient à tout jamais un autre coeur. Il y a des âmes qui veulent être convaincues; et d'autres, au contraire, qui ne sauraient tenir devant un soupir ou une larme.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  12. Le Roman ne fait que mettre devant nos yeux des événements dont la réalité est tout au plus le prétexte, mais non pas du tout l'original.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  13. Ce qui rend la naïveté si gracieuse, c'est qu'elle n'est pas faite pour durer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  14. Il faut craindre les entraînements de la parole, comme ceux du caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  15. La lecture est une école toujours ouverte de supériorité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  16. Le sentiment du ridicule n'est qu'une des formes extérieures du bon sens.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  17. L'intelligence la plus riche et la plus libéralement pourvue est contrainte de s'alimenter, non pas même pour s'accroître, mais simplement pour se maintenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  18. Il y a des moments où personne ne veut croire à la puissance de la parole, pas même ceux que lui doivent leur perte et qui pourraient en attendre leur salut.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  19. Pour écrire un voyage, il ne suffit pas, quoiqu'on ait tout vu, de tout raconter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  20. En dépit de sa verve et de sa bonne humeur, la gaîté de Molière laisse aux âmes pensives et profondes un arrière-goût de mélancolie, et souvent même une certaine souffrance de coeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  21. Introduire sans préparation les jeunes intelligences à la connaissance des auteurs modernes, c'est risquer de leur en donner l'ivresse, sans leur en apprendre le jugement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  22. Nous ne savons véritablement rien, dès que nous ne sommes pas capables de reproduire et d'expliquer de vive voix ce que nous croyons savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  23. Nous portons en nous-mêmes un idéal, auprès duquel languit notre plume, aussi bien que notre conduite.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  24. Beaucoup de prétendus orateurs ne voient pas qu'au lieu de préparer leur discours, ils n'ont fait que le rêver.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  25. Beaucoup de gens attendent de l'improvisation, non pas l'expression mais l'achèvement de leurs vues.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  26. Il ne manque pas de gens qui ont été éloquents une fois dans leur vie : le difficile, c'est de l'être toujours, et de l'être à coup sûr.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  27. On n'est vraiment puissant dans un ordre d'idées, qu'à la condition d'y être vraiment passionné.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  28. L'incapacité la plus terrible et la moins remediable de toutes les incapacités, est de ne pas savoir travailler.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  29. Les fermes esprits ont le privilège de ne pas prendre le succès pour de la capacité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  30. Il faudrait apporter, de part et d'autre, dans la conversation, plus d'envie d'écouter et de comprendre son partenaire que de lui répondre et d'en triompher.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  31. Il nous semble trop souvent, à force de répéter les mêmes idées dans les mêmes paroles, que ces idées augmentent de clarté en proportion de notre entêtement.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  32. N'avoir pas foi dans la puissance de la parole, c'est n'avoir pas foi dans la puissance de la vérité.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  33. Beaucoup de succès oratoires ne sont que des actes de lâcheté ou de trahison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  34. L'ancienne éloquence enseignait que le triomphe du discours se consomme par l'assentiment de l'auditoire aux paroles de l'orateur, sauf à revenir et à changer le lendemain. Il y a une autre éloquence plus haute, qui ne craint pas le dissentiment présent et qui compte à bon droit sur l'avenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  35. Si le rire ne se discute pas dans l'entraînement, il faut au moins qu'il se justifie par la réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  36. La lecture présente cet avantage de se prêter avec une égale complaisance au délassement d'un esprit trop tendu, aussi bien qu'au recueillement d'une intelligence trop dissipée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  37. La plupart des grands génies, aussi bien dans la littérature qu'ailleurs, ont pratiqué cet art suprême, non seulement de créer des beautés de premier ordre, mais encore de gouverner les âmes avec assez d'autorité pour donner en quelque sorte l'élan à leur enthousiasme et le ton à leur admiration.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  38. Les esprits médiocres ont beau vanter les spectacles du dehors, parce qu'il ne leur est pas donné de concevoir quelque chose de plus haut, il n'en est pas moins vrai que les âmes supérieures et les esprits d'élite offrent à qui sait les voir, un spectacle auquel rien ne peut se comparer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  39. Il faut, dans l'art de la composition, procéder, non par l'admiration mais par la critique de soi-même.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  40. La manière de Sénèque est faite plutôt pour flatter les travers littéraires de l'adolescence, que pour lui donner des modèles et des leçons.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  41. Il y a une attention de combat, laquelle s'efforce de saisir les arguments uniquement pour les terrasser.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  42. La lutte d'un homme contre toute une assemblée, la nécessité de soutenir et de poursuivre un discours contre un parti pris d'indifférence ou d'hostilité, n'intéressent pas moins que l'effort par lequel, dans un autre ordre de faits, on lutte contre la résistance de la nature.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  43. En matière d'art comme de littérature, il faut être assez simple pour rester inspiré, et assez savant pour redevenir simple.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  44. Aucune passion n'est vraiment intéressante, dans la littérature comme dans l'art, qu'à la condition de demeurer encore maintenue.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  45. L'art est comme la vie : il est partout.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  46. Il est bien difficile à l'homme de retracer comme peintre ou comme poète, ce qu'il ressent comme victime.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  47. La franchise est aussi heureuse dans la poésie que dans la conduite : elle donne aux hommes une force incomparable dans leurs résolutions, en même temps qu'une saveur exquise dans leurs paroles.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  48. La plupart des intelligences sont ainsi faites, qu'elles aiment mieux les événements sans explications, que les explications sans événements.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  49. L'imagination est de beaucoup plus tenace que la raison.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  50. Les riches d'esprit ont au moins cette supériorité qu'ils sont les seuls à ne point s'appauvrir en se dépensant.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  51. L'éloquence serait vraiment trop facile et le pouvoir de la parole de trop peu de prix, s'il suffisait d'avoir envie de donner une explication pour y réussir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  52. La difficulté de faire entendre la vérité n'est pas moins grande que celle de la découvrir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  53. Beaucoup de gens suppléent à la critique par l'indifférence et par l'ennui.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  54. On sent bien imparfaitement ce qu'on est seul à sentir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  55. La vulgarisation, même poussée à outrance, est une satisfaction pour l'orgueil de ceux qui savent, un soulagement pour ceux qui ont oublié, une nécessité pour ceux qui ignorent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  56. Le grand art de l'écrivain consiste à avoir l'air de suivre son lecteur, au lieu de le solliciter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  57. En littérature, le travail facile n'est au fond que le travail sans valeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  58. Dans plus d'une occasion, ce qu'on appelle si mal à propos le défaut d'inspiration, n'est pas autre chose qu'une ignorance profonde de la question, ignorance causée par la paresse d'en prendre connaissance ou l'incapacité de la traiter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  59. On peut bien souhaiter à un esprit d'être supérieur, mais il n'est guère raisonnable de lui en donner le conseil.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  60. Les compositions de conscience sont aussi fréquentes en littérature que dans le reste de la vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  61. Un auteur obscur qui essaie de se relire, retrouve précisément dans son intelligence sous la forme de commentaires, les pensées qu'il agitait déjà sous la forme de plans.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  62. Tous les écrivains ne réussissent pas à endormir le lecteur, mais beaucoup d'entre eux font pour cela tout ce qu'ils peuvent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  63. Il est bien plus facile d'avoir des égards pour les personnes que pour les écrits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  64. Il est bien étrange que la jeunesse semble garder le privilège de semer ses discours de traits vieillis et de connaissances usées.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  65. L'art d'écrire consiste précisément à introduire dans ses compositions une sorte de bonheur continu.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  66. Les auteurs inexpérimentés, sans méthode, sans direction, sans conseils, ont beaucoup plus à souffrir de leurs qualités que de leurs défauts. C'est surtout par leurs qualités qu'ils périssent ; ils les tournent contre eux-mêmes par l'abus qu'ils en font.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  67. Le besoin de parler est en raison de la puissance de l'esprit, comme le besoin de se confier en raison de la délicatesse du coeur. Les imbéciles ne parlent pas, et les poètes se chantent eux-mêmes.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  68. Il ne manque pas de femmes qui s'imaginent réfléchir et qui confondent l'impulsion qu'elles ont l'habitude de subir avec l'initiative qu'elles devraient avoir la force de prendre. Il se fait dans leur âme une répercussion du dehors, et elles prennent cet écho pour leur propre pensée.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  69. La lecture représente pour un grand nombre de personnes, incapables de toute méditation originale, le seul recueillement de leur vie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  70. La meilleure conclusion à tirer d'une étude n'est pas celle que l'écrivain présente aux lecteurs, mais celle que les lecteurs eux-mêmes doivent être mis en demeure de tirer de leur propre réflexion.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  71. Nul, au moment où il crée sa propre pensée, ne réussit à en devenir en même temps, le spectateur impartial et le juge compétent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  72. Une synthèse large et hardie de nos lectures sert beaucoup mieux les intérêts de notre esprit que l'analyse la plus scrupuleuse et la plus complète.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  73. Cherchez pourquoi, tandis que tous les mots, à bien peu d'exceptions près, sont pour nous également faciles à comprendre, la plupart d'entre eux deviennent presque impossibles à retrouver, lorsqu'on tient la plume à la main.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  74. Tout le secret d'une véritable analyse consiste à éviter que les mots ne rappellent les idées, tandis que les idées doivent rappeler les mots.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  75. Ce qu'il y a de pire dans le monde, c'est non pas de rester inaccessible à l'expérience, mais de devenir un artisan de paroles.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  76. Il ne manque pas de gens dans le monde, qui se livrent à des tirades, sans avoir eux-mêmes la force de les arrêter.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  77. L'expression définitive est la seule belle, parce qu'elle est la seule vraie.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  78. La vraie médiocrité est celle d'un style où rien n'est achevé comme détail, où tout suffit comme ensemble.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  79. L'avantage des langues fixées, c'est que, grâce à des définitions invariables, appuyées sur l'autorité des meilleurs auteurs, chacun des mots employés opportunément par un écrivain, apporte avec lui son contingent de clarté par rapport à la pensée totale.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  80. Il ne faut pas s'y tromper : un lecteur ne se choque pas si aisément du travail, alors même qu'il en apercevrait quelque trace.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  81. La supériorité de celui qui écrit constitue le profit le plus net de ceux qui le lisent.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  82. Un esprit qui se contente d'une expression insuffisante par pure défaillance et par paresse, ne tardera pas à vouloir justifier par amour-propre ce qu'il avait d'abord accepté par langueur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  83. Il y a une espèce d'entraînement subalterne, qu'on prend souvent pour de l'inspiration.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  84. Il y a plus d'hommes qu'on ne pense, qui meurent sans avoir eu conscience de leur puissance et de leur grâce dans l'ordre littéraire. Ils ne se sont jamais contemplés dans leur propre expression, pas plus qu'il n'a été donné à la jeune vierge des tribus sauvages de se sourire dans un miroir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  85. Il faut, non pas qu'un orateur ou qu'un écrivain s'écoute, mais qu'il s'entende.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  86. Le prétendu travail facile n'est au fond que le travail sans valeur.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  87. L'intolérance de certains auditoires a pour cause, beaucoup moins le parti pris de ne rien écouter, que l'impuissance réelle de se contenir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  88. Notre premier mouvement, dès qu'un sujet vient sur le tapis, n'est point d'apprendre ce que nous pouvons ignorer, mais de professer ce que nous prétendons savoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  89. Il n'y a pas de seconde épreuve, lorsqu'il s'agit de l'éloquence spontanée : une fois qu'elle s'est produite au dehors, il semble que le moule en soit à tout jamais brisé.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  90. La véritable préparation oratoire ne consiste pas à élaborer péniblement un discours, pour le reproduire ensuite à frais communs entre la mémoire et l'imagination.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  91. L'art et la science sont impuissants, comme on le pense bien, à changer notre fond essentiel. Au moins nous permettent-ils d'user de nous-mêmes dans toute l'étendue de nos pouvoirs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  92. L'insuffisance du style et de la parole, tient, par des liens plus étroits qu'on ne le pense, à la faiblesse et à l'insuffisance du caractère.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  93. Repasser n'est pas toujours le moyen d'apprendre davantage ; c'est souvent aussi l'occasion de savoir moins.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  94. Il faut que l'inspiration soit secourue, et non pas éteinte par les faits.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  95. L'art de finir n'est ni moins rare, ni moins essentiel que l'art de commencer.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  96. La pensée s'arrête dans la certitude: le style ne saurait s'arrêter dans la perfection.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  97. Il n'y a pas moins de mouvement et d'action dans l'éloquence de la prose que dans celle de la poésie; mais, dans la prose, la passion se traduit par l'abondance du discours, tandis que, dans la poésie, elle se ramasse afin d'éclater en un seul trait.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  98. Chacun des personnages qui figurent dans le théâtre de Racine et de Corneille, reste beaucoup plus dans l'esprit de son rôle que de son temps.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  99. C'est une tendance constante dès esprits médiocres et impuissants de courir après la couleur locale, dans la mesure où ils se sentent inaptes à comprendre et à interpréter la nature humaine.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  100. Le plus clair résultat d'une traduction trop précipitée, est, si l'on peut s'exprimer ainsi, de nous habituer à rêver les auteurs au lieu de les lire.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  101. Dans la plupart des romans modernes, la responsabilité morale se trouve déplacée: elle passe de l'homme qui devient une victime, à Dieu qui se transforme en tyran.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  102. Bien que la plupart des hommes professent aisément l'orgueil stupide de n'être ni poètes ni artistes, ils le sont cependant en plus d'une occasion, plus qu'ils ne veulent l'avouer, ou qu'ils ne savent s'en apercevoir.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  103. S'il est fréquent de rencontrer des écrivains réduits à se taire, il est plus fréquent encore de rencontrer de beaux parleurs impuissants à rien mettre par écrit.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  104. Il est peut-être plus malaisé, lorsque l'on veut écrire avec quelque vigueur et quelque netteté, de se défaire d'une certaine facilité compromettante, que de s'assurer par le travail une facilité acquise dans laquelle le hasard n'est pour rien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  105. Les mêmes facultés qui se prêtent avec le plus d'empressement à l'inspiration, se refusent le plus obstinément à la discipline.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  106. En matière d'improvisation, les bonnes fortunes du hasard qui se prêtent à tout, ne suffisent à rien.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  107. Au point de vue d'un discours à faire, plus vous êtes convaincu et enchanté, plus vaste et plus profond est l'intervalle qui vous sépare de vos interlocuteurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  108. Autre chose est d'être parvenu soi-même à une conviction originale et raisonnée, autre chose est d'en pouvoir retrouver l'origine et reproduire les motifs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)
     
  109. Le véritable écrivain ne met pas tout dans son livre, et son oeuvre la plus essentielle s'accomplit dans l'âme même des auditeurs.
    (Réflexions de littérature, de philosophie, de morale et de religion, Louis Vivès, Paris, 1881)