Citations ajoutées le 22 août 2009

Chevalier de Méré

  1. Ceux qui épargnent ne sont pas toujours amis et ceux qui frappent ne sont pas toujours ennemis : Un médecin est rude à un frénétique et un père à un enfant vicieux ; l'un lie et l'autre bat ; cependant, ils ne laissent pas que d'aimer tous deux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (285), p.127, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  2. Le respect que doivent avoir les enfants pour leur père pendant la vie devient en quelque façon consacré et passe en vénération après son décès ; l'honneur qu'on rend à leurs personnes est un genre de piété, mais le respect qu'on garde pour leur mémoire est une espèce de religion.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (286), p.128, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  3. L'ingratitude des enfants envers les pères et mères mérite châtiment ; en perdant le respect, ils perdent le droit de leur naissance et ils ne doivent plus être considérés comme des enfants, mais comme des étrangers.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (287), p.128, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  4. Il faut plaindre les personnes qui souffrent des maux qu'elles n'ont point mérités et qui leur sont insupportables ; mais non pas ceux qui sont coupables de leur malheur et qui portent la peine de leurs offenses.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (288), p.129, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  5. C'est une horrible injustice de vouloir être méchant et de ne vouloir pas être puni.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (289), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  6. Beaucoup de coupables évitent la peine, mais peu en évitent la crainte.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (290), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  7. Le crime est le châtiment du crime ; les coupables sont eux-mêmes les artisans de leur supplice et leur conscience en est le bourreau.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (291), p.130, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  8. Les méchants persécutent les bons et le mal poursuit les méchants.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (292), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  9. Le méchant est d'autant plus malheureux qu'il ne saurait oublier son crime.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (293), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  10. Il est juste pour sa punition qu'ayant été conçu dans son coeur, il ne s'efface jamais de sa mémoire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (294), p.131, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  11. Le méchant a beau se cacher, il ne saurait être en sûreté dans quelque lieu où il se trouve.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (295), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  12. Il n'y a rien de caché que le Ciel ne découvre quand il veut quelques ténèbres qu'on répande sur ses actions pour les obscurcir ; Dieu est lumière pour les éclairer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (296), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  13. La justice divine ne s'abuse jamais et son retardement à punir les coupables n'est pas une marque de leur pardon.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (297), p.132, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  14. Que sert de faire des voeux pour une longue vie si nous n'avons dessein de la rendre meilleure ?
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (298), p.133, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  15. Il faut que la raison cède à la religion, mais la dévotion et le zèle doivent céder à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (299), p.133, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  16. »Tout le monde raisonne, mais il y a peu de gens raisonnables.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (300), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  17. Une âme libre et généreuse ne se soumet jamais aux volontés d'autrui qu'elle ne se soit soumise à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (301), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  18. Ce n'est pas être vaincu que de se rendre à la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (302), p.134, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  19. L'obéissance qu'on rend à la raison couronne toujours ceux qu'elle captive.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (303), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  20. L'obéissance volontaire est toujours agréable ; c'est assez de savoir ce qu'on doit faire ; le devoir sert de guide à nous montrer le chemin qu'il faut tenir.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (304), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  21. Les actions que l'amour et le devoir produisent sont toujours plus belles et ont souvent des succès plus heureux que celles que la crainte et la force nous font faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (305), p.135, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  22. La manière d'obéir fait le mérite de l'obéissance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (306), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  23. Tout le monde peut obéir, mais il n'appartient qu'aux belles âmes d'obéir de bonne grâce.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (307), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  24. Les pierres des grands sont des commandements absolus.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (308), p.136, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  25. Les officieux ne manquent jamais d'amis et ceux qui ne manquent point d'amis manquent rarement de fortune.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (309), p.137, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  26. Il faut avoir du respect pour nos supérieurs, de la déférence pour nos égaux et de l'honnêteté pour ceux sont au-dessous ne nous.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (310), p.137, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  27. Si l'affection qu'on a pour ses amis n'est accompagnée de civilité, on court risque de n'être pas longtemps en bonne intelligence avec eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (311), p.137 Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  28. Il ne faut jamais familiariser avec les personnes supérieures et de la haute condition à moins que d'elles-mêmes elles ne s'abaissent et prennent plaisir avec leurs inférieurs.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (312 (321 dans le texte-GGJ)), p.138, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  29. Ceux qui sont de naissance content bien faux lorsqu'ils croient pouvoir se relâcher des égards qu'ils doivent avoir pour ceux qui sont d'une condition inférieure à la leur.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (313), p.138, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  30. Si l'on veut que la civilité de ceux qu'on pratique devienne un devoir envers nous, il faut leur en donner l'exemple par une conduite envers eux.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (314), p.139, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  31. La complaisance et la douceur sont les moyens propres à vaincre et à se faire aimer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (315), p.139, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  32. Le roi des abeilles fait plus de sujets avec son miel qu'il n'en ferait tout couvert d'aiguillons ; la nature lui a donné aussi plus de corps qu'aux autres afin qu'amassant plus de douceur, sa puissance soit plus grande et son empire plus étendu.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (316), p.140, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  33. Tous ceux qu'on caresse ne sont pas toujours aimés. Une douceur trop apparente cache souvent d'étranges cruautés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (317), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  34. L'affection qu'on porte au mari n'est souvent que la couverture de l'amour qu'on a pour sa femme.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (318), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  35. David flatta Urie au retour de l'armée et ne le convia d'aller prendre son repos avec Bersabé qu'afin de chercher des assurances pour continuer sa débauche ou des voiles pour couvrir son adultère.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (319), p.141, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  36. Le moyen de découvrir une fourberie est de n'en point faire paraître de soupçon.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (320), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  37. Si l'on n'avait à passer la vie qu'avec des gens de bien et d'honnêtes personnes, on ne serait pas obligé à tant de précautions.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (321), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  38. Il est de la prudence de ne se fier jamais à ceux qui nous ont une fois trompé.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (322), p.142, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  39. Il n'y a point d'ennemis plus à craindre que ceux qu'on ne craint pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (323), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  40. Le véritable ami ressemble au remède qui blesse, mais qui guérit ; et le flatteur au pavot, qui endort, et qui tue.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (324), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  41. Il n'est point de venin plus dangereux à l'âme que celui de la flatterie ; comme il est composé de tout ce qui peut plaire, les plus éclairés même sont souvent tentés de ne le refuser pas.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (325), p.143, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  42. Les corbeaux arrachent aux morts les yeux dont ils n'ont plus que faire, mais les flatteurs ruinent les âmes des vivants et leur crèvent les yeux de l'entendement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (326), p.144, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  43. Les grands coeurs ne savent non plus céder à la douceur des caresses qu'à la violence des menaces.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (327), p.144, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  44. Quand on se laisse préoccuper, on est souvent trompé ; il faut examiner les choses avant que de les condamner, et croire plutôt la vérité que les faux rapports.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (328), p.145, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  45. Les mauvais conseils perdent ordinairement les personnes et l'on est souvent malheureux pour avoir été trop crédule.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (329), p.145, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  46. Les fautes qu'on fait par conseil diminuent beaucoup le repentir qui les suit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (330), p.146, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  47. Celui qui croit facilement tout ce qu'on lui dit ressemble au caméléon : il rend et quitte toute sorte d'opinions ; il les a toutes et il n'en a point ; et n'est pas plus fixe en ce qu'il conçoit que cet animal l'est en ce qu'il représente.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (331), p.146, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  48. Il faut se défier de la raison quand on emploie trop d'artifice ou qu'on veut la faire goûter d'autorité.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (332), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  49. L'admiration est fille de l'ignorance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (333), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  50. Peu de gens sont exempts de dire des fadaises ; et le malheur est qu'on leur veut dire agréablement.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (334), p.147, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  51. Qui veut qu'on suive ses sentiments doit feindre d'entrer dans ceux des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (335), p.148, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  52. La contradiction passe pour une offense parce que c'est condamner le jugement d'autrui ; pour bien faire, il faut éviter autant de contredire que d'être contredit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (336), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  53. Il y a des gens si étranges que pour se distinguer, ils condamnent tout ce que les autres approuvent ; le singulier leur paraît toujours le plus beau ; il est vrai que par là, ils se font connaître, mais c'est plutôt pour être moqués que pour être estimés.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (337), p.148, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  54. Il ne faut jamais s'engager dans l'entretien de ceux qui ne suivent que leur caprice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (338), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  55. Ne dis que ce que tu sais et pense à ce que tu dis.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (339), p.149, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  56. Pour devenir sage facilement, corrige-toi sur les fautes d'autrui.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (340), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  57. C'est un trait de sagesse de ne point donner son avis sans en être prié.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (341), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  58. Il faut qu'une juste connaissance de ce que nous sommes précède le jugement que nous en faisons.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (342), p.150, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  59. Il ne faut jamais être juge en sa propre cause à moins qu'on ne se soit oublié soi-même.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (343), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  60. On peut juger de la grandeur de notre amour-propre puisqu'il nous persuade d'aimer jusque'à nos défauts.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (344), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  61. Ceux qui s'aiment trop sont en grand danger d'être haïs de tout le monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (345), p.151, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  62. L'amour-propre est le tyran de la raison.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (346), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  63. Ceux qui se rendent redoutables ne sont jamais sans crainte ; et quand on cesse de se faire aimer, on commence à se faire haïr.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (347), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  64. Il faut parler modérément de son mérite et fortement de celui des autres.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (348), p.152, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  65. Celui qui exagère ses bonnes qualités en ôte le mérite par son orgueil ; et celui qui cache les siennes leur donne un nouveau prix par sa modestie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (349), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  66. Les louanges communes ne plaisent guères à personne ; et celles qui sont excessives n'ont pas un meilleur succès.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (350), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  67. On ne loue ordinairement que pour être loués.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (351), p.153, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  68. Il y a peu de louanges désintéressées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (352), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  69. Celui qui loue pour plaire fait de son jugement la dupe de sa complaisance.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (353), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  70. L'on juge mal de l'esprit d'un homme qui ne s'occupe qu'à des bagatelles.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (354), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  71. Un honnête homme s'attache plus à faire son devoir qu'à faire entendre qu'il n'y manque point.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (355), p.154, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  72. Peu de personnes font leur devoir par le seul plaisir de le faire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (356), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  73. Celui qui oublie souvent son devoir perd à la fin la volonté de s'en acquitter.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (357), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  74. Celui qui fait ce qu'il défend ou n'exécute pas ce qu'il ordonne décrédite son ordonnance par ses actions ou ses actions par son ordonnance ; il fait voir que sa loi est injuste ou que sa vie est déréglée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (358 (368 dans le texte - GGJ)), p.155, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  75. L'honnête homme ne doit jamais lier de commerce avec les personnes décriées.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (359), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  76. Les grands négligent facilement leurs biens pour conserver leur réputation ; ils croient avoir assez de richesses quand ils ne manquent point de gloire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (360), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  77. Comme la clarté de la lumière est plus grande dans son décours que dans sa plénitude, de même le coeur de l'homme doit avoir plus de force dans sa mauvaise fortune que dans la possession des richesses de ce monde.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (361), p.156, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  78. Jamais on n'est plus malheureux qu'alors qu'on le croit être.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (362), p.157, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  79. Ceux qui se plaignent de leurs malheurs en augmentent le nombre par leurs plaintes.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (363), p.157, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  80. Plus un homme est raisonnable et moins il est malheureux puisqu'il tire de la force de son raisonnement ; ce qui peut le consoler dans ses disgrâces.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (364), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  81. Comme la parfaite raison fait la parfaite félicité, on se peut dire heureux à proportion qu'on est raisonnable.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (365), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  82. Il est bien plus glorieux de borner ses désirs que de les satisfaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (366), p.158, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  83. Qui sait régler ses désirs n'a pas besoin d'étudier en mathématique : le compas de sa prudence est plus juste que celui des mathématiciens.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (367), p.159, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  84. Le désir regarde toujours ce qu'on ne possède pas et qu'on n'a que par degrés comme toutes les autres choses du monde ; nous ne souhaitons pas directement la félicité, mais ce qui nous y peut conduire ; si nous augmentons nos bienfaits, nous en augmentons aussi le désir de celui qui les reçoit. La possession ôte souvent le goût de ce que nous avons désiré ; et comme l'on s'imagine toujours que les choses sont plus agréables qu'on ne les trouve en effet, la bizarrerie de notre humeur nous fait toujours chercher le bien que nous n'avons pas dans celui que nous avons.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (368), p.159, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  85. La fortune ne doit jamais être plus suspecte que quand elle est arrêtée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (369), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  86. Les longues prospérités causent de grands maux : elles rendent la félicité comme insipide par l'habitude et le malheur insupportable à cause de sa nouveauté.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (370), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  87. Il serait bien meilleur pour la pureté de l'esprit de l'homme que le bonheur et le malheur lui sussent donner alternativement comme le jour et la nuit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (371), p.161, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  88. Il n'y a point de plus grand bien que la vertu, ni de plus grand mal que le vice. ; l'une donne pour récompense des félicités éternelles et l'autre procure pour châtiments des peines qui ne finissent jamais.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (372), p.162, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  89. Le vice se maintient bien plus par notre faiblesse que par la force ; et ce qui fait que la vertu est si mal suivie, c'est qu'elle n'est pas bien persuadée.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (373), p.162, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  90. La réflexion d'un bon précepte n'est pas moins utile que l'objet d'un bon exemple.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (374), p.163, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  91. Comme le véritable philosophe doit enseigner la pratique des vertus plutôt par ses exemples que par ses paroles : on ne saurait être bien son disciple qu'en faisant ce qu'il fait après être persuadé de ce qu'il dit.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (375), p.163, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  92. S'il y a beaucoup de gloire d'enseigner la vertu, il y a bien plus de profit à la pratiquer.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (376), p.164, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  93. La vertu croît à mesure qu'elle est choquée ; semblable à la palme qui s'élève plus on l'abaisse ; tout ce qu'on peut dire contre elle ne sert qu'à lui donner plus de brillant et d'éclat.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (377), p.164, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  94. La vertu est un flambeau qui n'illumine pas seulement celui qui la possède, mais encore celui qui la regarde. Son éclat est si grand qu'il sert de guide à toutes les actions louables et de lumière dans les plus grandes obscurités. Il n'y a point de chemin si rude qu'elle n'affranchisse et d'entreprise si difficile qu'elle n'exécute ; enfin celui, qui la possède est au-dessus des misères de ce monde et triomphe des injures du temps.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (378), p.165, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  95. La vertu ne sera jamais sans persécution ni le mérite sans jalousie.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (379), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  96. Le mépris qu'on fait de la vertu vient de ce qu'on voit souvent misérables ceux qui en font profession.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (380), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  97. Si c'est une haute folie de combattre ceux qui sont sous la protection de Dieu, ce n'en est pas une moindre de croire qu'on puisse bien résister sans sa défense.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (381), p.166, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  98. Dieu fait souvent peur aux hommes afin de les rendre plus sages ; le commencement d'une bonne vie finit sa colère et il ne continue de nous affliger que quand nous continuons de lui déplaire.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (382), p.167, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  99. Le désir ardent d'avoir injustement des biens est souvent puni par la perte de ceux qu'on possède avec justice.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (383), p.167, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)
     
  100. La fortune caresse souvent ceux qu'elle prétend trahir ; elle ne les couronne de ses saveurs que pour rendre leurs pertes plus éclatantes ; en sorte que plus ses victimes avancent vers leur triomphe, plus elles approchent de l'anéantissement qui les attend.
    (Maximes, sentences et réflexions morales et politiques (384), p.168, Graphie moderne par G. Jobin, Étienne du Castin (Paris), 1687)