Citations ajoutées le 04 août 2009

Anne Barratin

  1. Où l'entrain paraît, à lui l'honneur de la partie.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  2. Il est de gens qui ont le bonheur gauche ; dès qu'ils sont heureux, ils sont maladroits.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  3. Les Polonaises jouent de la taille, comme certaines coquettes du regard.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  4. Le style a des hardiesses qui lui sont permises : hardiesses de grand seigneur.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  5. L'orgueilleux est tout près de l'ingrat : il boit facilement dans le même verre. Il parle peu, l'orgueilleux, il s'enferme dans sa pagode.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  6. Ironie ! l'infidélité à la lèvre, l'homme demande à sa maîtresse la fidélité.
    (De Vous à Moi, p.60, A. Lemerre, 1892)
     
  7. Le bonheur fait vite peur quand on l'a perdu depuis longtemps, il a en lui du revenant.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  8. Le superstitieux estropie la foi au profit de la crainte.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  9. Il faut tenter l'impossible pour savoir où le possible finit.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  10. Les plaisirs préparés nous déçoivent comme l'avenir des enfants prodiges.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  11. L'étourdi n'a pas de mauvaises intentions ; mais on donne la mort en se trompant de fiole.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  12. Le mot est le bateau dans lequel l'idée navigue.
    (De Vous à Moi, p.61, A. Lemerre, 1892)
     
  13. Une décision doit être plutôt lente à venir et prompte à s'en aller.
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  14. Il est des préférences qui coûtent bien cher, et dont il faut cependant avoir l'air honoré.
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  15. Les gens qui aiment à se faire craindre sont souvent ceux qui ne pourraient se faire aimer.
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  16. La vieillesse n'aime pas les éloges physiques qui semblent marquer le point où elle en est.
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  17. Il est un âge où l'on n'a plus pour voisin de table que le maître de la maison ; c'est quelquefois un peu sévère : tout honneur se paie.
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  18. Lutter tant qu'on peut, puis ne pas se raidir, se rendre !
    (De Vous à Moi, p.62, A. Lemerre, 1892)
     
  19. Mal savoir est plus pernicieux qu'ignorer, l'aveugle se laisse conduire.
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  20. Le sourire est plus intéressant que le rire, il laisse quelque chose à deviner.
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  21. J'aime le rire et je déteste le ricanement, ce rejeton maladif.
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  22. On entrebâille quelquefois son coeur comme sa porte.
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  23. Comme la femme politique fait valoir la quenouille de nos aïeules !
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  24. L'obstacle est souvent une aide méconnue.
    (De Vous à Moi, p.63, A. Lemerre, 1892)
     
  25. On peut tout jeune sentir le vieux.
    (De Vous à Moi, p.64, A. Lemerre, 1892)
     
  26. Un critique nous fait souvent la guerre à côté, comme le dentiste quand il nous arrache la bonne dent pour la mauvaise.
    (De Vous à Moi, p.64, A. Lemerre, 1892)
     
  27. Je serais désolée qu'on ne dit jamais de mal de moi ; je me sentirais si seule !
    (De Vous à Moi, p.64, A. Lemerre, 1892)
     
  28. Digne de pitié : le feu à la maison, la femme chez l'amant ; l'honneur et le mobilier brûlant en même temps.
    (De Vous à Moi, p.64, A. Lemerre, 1892)
     
  29. On reconnaît l'esprit nourri de romans, comme à la mollesse des chairs le manque de bonne nourriture.
    (De Vous à Moi, p.64, A. Lemerre, 1892)
     
  30. Réussir n'est pas prouver.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  31. Le choix dédaigne le nombre sans lequel il ne pourrait vivre cependant.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  32. Avant de s'élancer, l'ironie fait sa première apparition sur la lèvre.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  33. Ne vouloir être illustre que pour se jeter à genoux, désir d'une grande âme altérée d'humilité.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  34. J'aime mieux le poison dans la coupe que dans la fleur.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  35. Il faut se hâter de dire le bien que l'on a à dire.
    (De Vous à Moi, p.65, A. Lemerre, 1892)
     
  36. N'est-il pas des moments où l'on dirait que l'âme brusque le corps tant elle s'y impatiente ?
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  37. Même la mort fait des jaloux !
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  38. Le monde est le plus ingrat des maîtres, il n'a pas d'Invalides pour ses vieux serviteurs.
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  39. Nous n'accusons jamais tant nos pauvretés qu'au milieu de nos richesses.
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  40. Le ciel aime à donner l'argent aux désintéressés, comme il donne quelquefois de beaux yeux à la religieuse.
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  41. La vie intérieure a aussi ses ondes et ses vagues, ses récifs et ses plages, ses tempêtes et ses clairs de lune.
    (De Vous à Moi, p.66, A. Lemerre, 1892)
     
  42. Quand les jolies femmes manquent, l'amour se contente des laides et n'en meurt pas de faim pour cela.
    (De Vous à Moi, p.67, A. Lemerre, 1892)
     
  43. Fleurs d'arrière-saison, vous êtes filles de tous les tempéraments, car souvent on vous a vues les pieds trempés dans la neige et la tête baignée de soleil.
    (De Vous à Moi, p.67, A. Lemerre, 1892)
     
  44. On peut ne pas avoir le courage de désirer une chose, et regretter qu'elle ne vous ait pas été imposée.
    (De Vous à Moi, p.67, A. Lemerre, 1892)
     
  45. Il faut tâcher de ne rien avoir de mesquin ni d'ennuyeux, surtout l'ordre.
    (De Vous à Moi, p.67, A. Lemerre, 1892)
     
  46. Le moi est le plus avide des rongeurs, le plus avide des carnassiers ; le moi tue le toi, il est né assassin.
    (De Vous à Moi, p.68, A. Lemerre, 1892)
     
  47. On se souvient de ses ans trop ou pas assez : trop et on les rend insupportables ; pas assez et on les rend ridicules.
    (De Vous à Moi, p.68, A. Lemerre, 1892)
     
  48. Le vieillard a une consolation qu'il apprécie peu : on le pleure moins que les autres.
    (De Vous à Moi, p.68, A. Lemerre, 1892)
     
  49. La tristesse qui agit est une tristesse relativement bien portante.
    (De Vous à Moi, p.68, A. Lemerre, 1892)
     
  50. Chacun a ses terreurs secrètes, comme la nature ses antres cachés.
    (De Vous à Moi, p.68, A. Lemerre, 1892)
     
  51. On oublie encore son âge, non les égards qui lui sont dus.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  52. Les égards tiennent plus à notre éducation qu'à la personne à qui nous les prodiguons.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  53. Ce que j'espère semble toujours me donner raison.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  54. La jeunesse a l'assurance de celui qui paie argent comptant.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  55. La vraie réplique est dans l'autre monde.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  56. On s'avoue facilement emporté : c'est ressembler à Jupiter, ce n'est pas à dédaigner.
    (De Vous à Moi, p.69, A. Lemerre, 1892)
     
  57. Une vieille redite ne perd jamais espoir de se rajeunir.
    (De Vous à Moi, p.70, A. Lemerre, 1892)
     
  58. Envers la grande pécheresse il est des tolérances que peut seule se permettre une vertu sans reproches, comme il est des dépenses qui ne conviennent qu'à une femme riche.
    (De Vous à Moi, p.70, A. Lemerre, 1892)
     
  59. Les grandes natures taillent tout grandement, l'indulgence comme le reste.
    (De Vous à Moi, p.70, A. Lemerre, 1892)
     
  60. Proportionner, c'est jouir de ses facultés les plus fines.
    (De Vous à Moi, p.70, A. Lemerre, 1892)
     
  61. L'activité est mère, on sent remuer en elle toute une postérité.
    (De Vous à Moi, p.70, A. Lemerre, 1892)
     
  62. Il faut être cosmopolite, oui, mais en aimant sa mère avant sa nourrice.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  63. On se console facilement de ne plus être jaloux, moins facilement de ne plus faire de jaloux.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  64. Le besoin de toujours s'approuver vient d'une âme trop étroite pour sortir d'elle-même.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  65. On voit des gens frétiller sous le plaisir de vivre.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  66. La vie aime ceux qui ont confiance en elle.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  67. Quelle science faut-il pour ne pas se faire attendre ? Simplement avoir beaucoup attendu.
    (De Vous à Moi, p.71, A. Lemerre, 1892)
     
  68. Être à la minute, c'est prendre l'exactitude par les cheveux, être à l'heure, c'est la prendre par la taille.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  69. L'amabilité : moins elle coûte, plus elle vaut.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  70. On ne devrait pas s'ériger en juge sans se condamner à la vertu.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  71. L'ivresse du calomniateur est dans les yeux de celui qui l'écoute.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  72. Des airs de langueur : des appétits qui n'osent pas s'avouer.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  73. Douleur à ceux dont la mère n'est pas la sainte qu'ils peuvent exalter devant la vertu.
    (De Vous à Moi, p.72, A. Lemerre, 1892)
     
  74. Les qualités négatives sont comme l'ombre, elles ont leur mérite.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  75. J'aime les joies discrètes, un peu peureuses, comme j'aime la jeune fille qui sait baisser les yeux.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  76. Les jeunes joies sont vives et bruyantes comme les jeunes chiens.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  77. Dans la jeunesse on sent les désirs danser en rond autour de soi.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  78. J'ai vu des gens s'attendrir eux-mêmes sur leur bonté.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  79. On peut étudier la jeunesse sur les autres, on n'étudie bien la vieillesse que sur soi-même.
    (De Vous à Moi, p.73, A. Lemerre, 1892)
     
  80. Les cris de certaines joies sont sauvages, ils rappellent ceux de la faim.
    (De Vous à Moi, p.74, A. Lemerre, 1892)
     
  81. Certaines natures plates ont une manière si méprisante de traiter l'imagination. N'ayez pas peur, elle n'est malheureusement pas contagieuse.
    (De Vous à Moi, p.74, A. Lemerre, 1892)
     
  82. En fait d'imagination, en médit qui veut, en a qui peut.
    (De Vous à Moi, p.74, A. Lemerre, 1892)
     
  83. On a une louable timidité devant une belle oeuvre d'art ; tout en vous attirant, elle vous tient à distance.
    (De Vous à Moi, p.74, A. Lemerre, 1892)
     
  84. Il est des gens qui battent leur plein quand ils parlent d'eux.
    (De Vous à Moi, p.74, A. Lemerre, 1892)
     
  85. Le nombre semble favoriser l'excès, en diminuant la responsabilité de chacun.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  86. Il est surtout intéressant d'être bon avec un méchant... faire de l'art pour l'art.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  87. Qui dit prétention, dit disproportion.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  88. Soyons reconnaissants aux phrases toutes faites, elles nous sauvent de bien des bêtises.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  89. On a de la diablerie dans l'esprit comme on a le nez retroussé dans le visage.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  90. La méthode est comme le bienfaiteur, il ne faut pas trop l'apercevoir derrière le bienfait.
    (De Vous à Moi, p.75, A. Lemerre, 1892)
     
  91. Il est des jours où tout réussit ; semblables aux flatteurs, comme ils sont dangereux, ces jours !
    (De Vous à Moi, p.76, A. Lemerre, 1892)
     
  92. On ne fait pas toujours honneur à sa nourrice ; on peut garder un esprit faux et avoir été nourri des meilleures philosophies : affaire de digestion.
    (De Vous à Moi, p.76, A. Lemerre, 1892)
     
  93. Quelle sourde inimitié chez le vaniteux qui sent que nous lui marchandons notre admiration !
    (De Vous à Moi, p.76, A. Lemerre, 1892)
     
  94. Instinctivement on se tient droit devant un bossu, on se cramponne à la vérité devant un esprit faux.
    (De Vous à Moi, p.76, A. Lemerre, 1892)
     
  95. Ne défie pas le brave, ne retarde jamais le paresseux.
    (De Vous à Moi, p.76, A. Lemerre, 1892)
     
  96. Faire envie dans la misère, telles gens la portent si bien qu'ils en arrivent jusque-là !
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  97. L'absent dont on ne remarque pas l'absence a bien fait de s'en aller.
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  98. La lassitude se traîne sur les heures sans les arrêter.
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  99. Le désenchantement sait ce qui lui manque, l'ennui ne le sait pas.
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  100. Le génie n'a pas de taille, sa mesure est de les dépasser toutes.
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  101. Quand tu jettes le blâme tu provoques la réflexion sur toi.
    (De Vous à Moi, p.77, A. Lemerre, 1892)
     
  102. Qui n'a pas la dignité ombrageuse n'en aura pas assez pour sa vie.
    (De Vous à Moi, p.78, A. Lemerre, 1892)
     
  103. De leur froide demeure les morts nous disent : « Paix, paix, et encore paix ! »
    (De Vous à Moi, p.78, A. Lemerre, 1892)
     
  104. Le regard grandit la taille plus que le cothurne.
    (De Vous à Moi, p.78, A. Lemerre, 1892)
     
  105. L'homme pose pour son oeuvre quand il ne pose pas pour lui-même : les tragiques prennent l'air grave ; les politiques l'air soucieux ; les lyriques planent quand ils vous parlent ; les journalistes vous jettent au nez tous les faits du lendemain ; les moindres savants vous asphyxient de leurs fumées nouvelles, et vous êtes obligé d'appeler le chimpanzé dans le cercle pour retrouver la nature.
    (De Vous à Moi, p.78, A. Lemerre, 1892)
     
  106. Nous n'apprécions rien tant que la fermeté chez les autres quand nous en manquons.
    (De Vous à Moi, p.78, A. Lemerre, 1892)
     
  107. L'esprit petit construit petit, il voit tout en miniature.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  108. Une hirondelle ouvre ses ailes, son char est prêt.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  109. Qui a des ailes et bec est bien doté.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  110. Nul oiseau voyageur ne traverse le ciel aussi vite qu'un élan d'amour.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  111. L'amour a l'air de parler grec quand on n'est plus dans sa saison.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  112. Le désespoir a raison de plus d'une vertu de femme ; c'est alors le fardeau de leur peine qu'elles offrent, plus que leur personne.
    (De Vous à Moi, p.79, A. Lemerre, 1892)
     
  113. Près d'un vieux renard, quelle est la jeune poule qui ne sera pas sotte ?
    (De Vous à Moi, p.80, A. Lemerre, 1892)
     
  114. Que Dieu donne aux autres ce qu'ils me souhaitent - Est-ce bien chrétien ?
    (De Vous à Moi, p.80, A. Lemerre, 1892)
     
  115. Pauvres montagnes de la Suisse ! les touristes vous défigurent, vous habillent à leur petite taille, parlent de vous dans leur argot, profanent votre edelweis, et doivent vous faire regretter le temps où le faune seul vous visitait.
    (De Vous à Moi, p.80, A. Lemerre, 1892)
     
  116. Les montagnes de la Suisse sentent les pièces d'or, celles des Vosges ont l'air de se donner pour rien.
    (De Vous à Moi, p.80, A. Lemerre, 1892)
     
  117. La bonté n'a pas de remords, mais elle a des repentirs.
    (De Vous à Moi, p.80, A. Lemerre, 1892)
     
  118. Tous les excès s'expient, même celui d'avoir été bonne sans mesure.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  119. La sève de la vie est mortelle quand elle monte trop vite.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  120. Quand je dis : « j'aime », je crois m'absoudre.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  121. Quand je dis : « je crois », je suis orientée.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  122. Que la vie est lourde ! disait l'aïeule à ses petits-fils ; et eux gambadaient en l'écoutant.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  123. Le courage de l'utile suffit : ne recherchons point celui de l'inutile.
    (De Vous à Moi, p.81, A. Lemerre, 1892)
     
  124. L'aveu vient par accès, comme l'odeur par bouffées.
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  125. Les heureux ont des cruautés qu'ils ignorent.
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  126. On n'est pas à l'étroit dans un nid : on se loge sans se compter.
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  127. La seconde jeunesse est plus affamée de plaisir que la première, elle a les dents plus longues.
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  128. Le lointain de l'âme paraît dans les yeux.
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  129. Ah ! qu'un grand homme peut être plat !
    (De Vous à Moi, p.82, A. Lemerre, 1892)
     
  130. On est bien plus longtemps centre par son coeur que par son esprit.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  131. Il est des gens qui ne seront jamais intimes, et des esprits jamais hospitaliers.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  132. On est bête d'emblée, et même avec enthousiasme.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  133. La délicatesse en est souvent pour ses frais, mais elle les paie de bon coeur.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  134. Voir le piège n'empêche pas d'y tomber.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  135. Le désoeuvré regarde le temps comme son ennemi, et les travaux des autres comme des pierres dans son jardin.
    (De Vous à Moi, p.83, A. Lemerre, 1892)
     
  136. L'inspiration apporte sa gerbe, le métier en assortit les fleurs.
    (De Vous à Moi, p.84, A. Lemerre, 1892)
     
  137. Il est des esprits qui ne seront jamais que des bureaux de renseignement ; ils ont leur utilité.
    (De Vous à Moi, p.84, A. Lemerre, 1892)
     
  138. Une injure qui manque son but est humiliée comme l'amoureuse qui ne trouve personne au rendez-vous.
    (De Vous à Moi, p.84, A. Lemerre, 1892)
     
  139. Quand la prétention et la misère s'attellent ensemble, le char est obligé de verser.
    (De Vous à Moi, p.84, A. Lemerre, 1892)
     
  140. En raison de sa mère, la musique, un violon dans sa boîte a déjà droit à notre respect.
    (De Vous à Moi, p.84, A. Lemerre, 1892)
     
  141. Les choses commodes se passent souvent de beauté, mais comme on le leur pardonne !
    (De Vous à Moi, p.85, A. Lemerre, 1892)
     
  142. À aucun âge n'étale ce qui reste, permets plutôt qu'on se souvienne de ce qui manque.
    (De Vous à Moi, p.85, A. Lemerre, 1892)
     
  143. De l'au-delà partout, dans ce qu'on dit, dans ce qu'on fait, dans ce qu'on voit. Une âme sans au-delà : un tableau sans perspective.
    (De Vous à Moi, p.85, A. Lemerre, 1892)
     
  144. Comme l'infini disparaît dans la figure du jouisseur ! on n'entrevoit plus l'au-delà, on ne sent que la limite de la jouissance.
    (De Vous à Moi, p.85, A. Lemerre, 1892)
     
  145. L'homme a créé le ridicule, la vie n'a créé que le bien et le mal.
    (De Vous à Moi, p.85, A. Lemerre, 1892)
     
  146. Un petit sentier nous invite, il a des airs de confidence qui nous attirent.
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  147. Obliger son souvenir à pardonner, c'est plus difficile que d'y obliger son coeur.
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  148. Holà ! monsieur l'Anglais ! il y a d'autres hommes à côté de toi.
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  149. Du papier blanc : de l'espace devant soi.
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  150. Il y a, parmi les jeunes veuves, l'inconsolable et l'autre, encrêpées de la même manière, aussi désolés d'aspect ; tâchez de les bien distinguer avant de parler d'amour ; mais, à la rigueur, vous pourriez commettre plus sotte méprise.
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  151. Un esprit borné vous emmure ; vous sentez sur vous le froid de la pierre. Une brèche pour respirer !
    (De Vous à Moi, p.86, A. Lemerre, 1892)
     
  152. Les préjugés marchent en troupeaux, comme les bêtes.
    (De Vous à Moi, p.87, A. Lemerre, 1892)
     
  153. La chose qui vient à son heure peut être pénible ; reconnais-lui le droit de cité.
    (De Vous à Moi, p.87, A. Lemerre, 1892)
     
  154. Les heureux se ressemblent en un point ; ils sont résignés.
    (De Vous à Moi, p.87, A. Lemerre, 1892)
     
  155. Ah ! que la vie est vivante dans certains êtres ! elle frappe à la porte et des pieds et des mains.
    (De Vous à Moi, p.87, A. Lemerre, 1892)
     
  156. Citoyen du monde, ne l'est pas qui veut : la nature dispense à peu d'esprits cette grande naturalisation.
    (De Vous à Moi, p.87, A. Lemerre, 1892)
     
  157. Qui a bu avec ivresse brisera difficilement son verre.
    (De Vous à Moi, p.88, A. Lemerre, 1892)
     
  158. L'amant se permet plus que l'époux, les torrents plus que les rivières.
    (De Vous à Moi, p.88, A. Lemerre, 1892)
     
  159. Qu'on est mal à l'aise quand on a prêté l'oreille au calomniateur ! On est plus mécontent de soi que de lui ; on se sent souillé de toutes ses accusations, éclaboussé de sa boue ; on a besoin d'air pur pour se rafraîchir, mais l'air n'est plus pur autour de soi.
    (De Vous à Moi, p.88, A. Lemerre, 1892)
     
  160. Comme on regrette un mot de trop ! on le maudit, on s'exècre en lui !
    (De Vous à Moi, p.88, A. Lemerre, 1892)
     
  161. À leur façon les vices aiment le prochain.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  162. Comme de la main d'un despote, on sort difficilement de la pression d'une femme laide.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  163. Il est des fidélités qui seraient bien rudes si la nature ne venait à notre secours et ne nous en dispensait.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  164. Le penseur s'aperçoit vite quand celui qui le suit s'arrête à mi-chemin.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  165. La souffrance endurée nous donne quelquefois trop d'assurance ; elle-même a sa vanité.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  166. Les méchants jouissent par anticipation du mal qu'ils se proposent de faire ; ils encaissent avant l'échéance.
    (De Vous à Moi, p.89, A. Lemerre, 1892)
     
  167. Tout ce qui nous demande du travail nous devient odieux ou cher, jamais indifférent.
    (De Vous à Moi, p.90, A. Lemerre, 1892)
     
  168. Qu'elles sont bonnes les larmes à la douleur, comme à l'enfant le sein plein de lait ! Et quand elles se tarissent ne doit-on pas éprouver l'amertume d'un enfant qu'on sèvre ? Car il aime toujours autant le sein sans lait.
    (De Vous à Moi, p.90, A. Lemerre, 1892)
     
  169. Il faut du courage pour se mettre en lutte avec les siècles et chercher à ébranler ce qu'ils ont adoré.
    (De Vous à Moi, p.90, A. Lemerre, 1892)
     
  170. On n'est pas obligé de prendre les petits côtés de son sexe, pas plus que les erreurs de sa famille.
    (De Vous à Moi, p.90, A. Lemerre, 1892)
     
  171. Se faire réveiller par son domestique, il me semble que c'est se faire rappeler à l'ordre par lui.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  172. Les querelles d'amour : des copeaux pour faire repartir le feu.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  173. Le bonheur de l'homme commence quand il y renonce.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  174. L'imagination est comme la mer, elle a ses grandes et ses petites marées.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  175. Les esprits pleins de chimères sont malsains comme les brouillards.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  176. Certaines gens ont l'air endimanché dans la dépense, comme le paysan dans sa veste neuve.
    (De Vous à Moi, p.91, A. Lemerre, 1892)
     
  177. La grammaire française peut faire naître l'ennui dans l'esprit, l'allemande peut l'amener au suicide.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  178. Avant qu'un Allemand ait compris, tu as le temps de faire ta prière.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  179. Un jaloux a des yeux, des oreilles, des jambes, et tant que sa jalousie dure, ces serviteurs-là restent jeunes en lui.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  180. Approche-toi pour moins envier.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  181. Il est naturel d'être bon avec les petits, la bonté ne compte qu'avec les égaux.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  182. Il me faut plus qu'une morale, il me faut un Dieu : Il rayonne en elle, elle vit en lui.
    (De Vous à Moi, p.92, A. Lemerre, 1892)
     
  183. Le besoin d'approbation est comme la soif, il attend le second verre.
    (De Vous à Moi, p.93, A. Lemerre, 1892)
     
  184. Un livre de pensées : un buffet où les gens pressés prennent un fruit et l'emportent.
    (De Vous à Moi, p.93, A. Lemerre, 1892)
     
  185. Les petites vertus sont comme de sages ouvrières, qui vont sans bruit chaque matin à leur journée.
    (De Vous à Moi, p.93, A. Lemerre, 1892)
     
  186. Un grand horizon, c'est comme un grand coeur, on devient confiant avec lui.
    (De Vous à Moi, p.93, A. Lemerre, 1892)
     
  187. On questionne discrètement quand on aime, tant on a peur d'apprendre plus qu'on ne voudrait.
    (De Vous à Moi, p.93, A. Lemerre, 1892)
     
  188. Les choses qui se s'achètent pas, font honte à celles qui se vendent.
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  189. On aime la montagne de bien des manières ; la plus vulgaire c'est de chercher à atteindre son sommet : l'histoire de l'amour.
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  190. Il est difficile de ne pas trop décolleter son esprit quand il est joli.
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  191. La reconnaissance ne peut pas toujours exprimer tout ce qu'elle ressent, de peur de sembler dire aux gens : « Recommencez ! »
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  192. Les paresseux ne sont pas haineux, la paresse leur suffit.
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  193. L'automne sait magnifiquement se draper.
    (De Vous à Moi, p.94, A. Lemerre, 1892)
     
  194. La bruyère n'a pas de parfum, mais elle a de la durée.
    (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
     
  195. On pose souvent pour le méchant quand on n'a pas le malheur de l'être.
    (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
     
  196. Le semeur ne répond pas de son grain, il le confie.
    (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
     
  197. Les égards des autres nous avertissent quelquefois que nous sommes vieux, avant d'y avoir songé nous-mêmes. Tout à coup on nous cède le pas, on nous offre le bras pour descendre... bref, l'âge est là.
    (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
     
  198. Il est des têtes faites pour le panache, on le sent flotter au-dessus d'elle.
    (De Vous à Moi, p.95, A. Lemerre, 1892)
     
  199. Les rois fainéants ont peut-être été les meilleurs des rois.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  200. Ce que la vie veut de toi, elle saura te le dire, et de manière à ce que tu comprennes.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  201. Quand on a amené un Allemand à la souplesse et à la clarté de l'esprit, on a fait une seconde création.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  202. Des femmes ont illuminé leur temps en incendiant leur vertu.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  203. Flatteuse récompense d'une pensée saine : se faire craindre par son jugement.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  204. Flâner, c'est prendre la paresse sous le bras et faire un tour avec elle.
    (De Vous à Moi, p.96, A. Lemerre, 1892)
     
  205. Ces yeux entre le bleu et le gris, entre la franchise et la réserve, quand je les rencontre, je baisse les miens d'instinct.
    (De Vous à Moi, p.97, A. Lemerre, 1892)
     
  206. L'amitié est un sentiment mixte : sans chaleur où l'amour règne, sans valeur où la charité domine.
    (De Vous à Moi, p.97, A. Lemerre, 1892)
     
  207. L'amour de l'Anglais pour sa patrie ne le gêne pas ; c'est une fleur qu'il porte à sa boutonnière ; il n'en est entravé dans aucun de ses mouvements de départ et d'arrivée, dans cette grande gare que le monde est pour lui.
    (De Vous à Moi, p.97, A. Lemerre, 1892)
     
  208. Il est de femmes qui se croient sacrées après un baiser et le portent comme un ostensoir.
    (De Vous à Moi, p.97, A. Lemerre, 1892)
     
  209. L'aplomb vaut une escouade.
    (De Vous à Moi, p.97, A. Lemerre, 1892)
     
  210. Les premières feuilles qui tombent semblent y mettre de la coquetterie, comme les premiers cheveux blancs quand ils paraissent.
    (De Vous à Moi, p.98, A. Lemerre, 1892)
     
  211. La femme qui supprime de sa vie les heures du matin garde un air de serre chaude, moralement et physiquement.
    (De Vous à Moi, p.98, A. Lemerre, 1892)
     
  212. La jeunesse s'allume à son propre flambeau.
    (De Vous à Moi, p.98, A. Lemerre, 1892)
     
  213. Il est des choses qu'il faut toujours se répéter, non qu'elles soient plus difficiles que d'autres à comprendre, mais plus lentes à s'imposer.
    (De Vous à Moi, p.98, A. Lemerre, 1892)
     
  214. Ta situation, c'est ta seconde naissance, n'en rougis pas.
    (De Vous à Moi, p.98, A. Lemerre, 1892)
     
  215. On ne reste dans le bien qu'en cherchant le mieux.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  216. Pour que le devoir accompli soit un exemple aux autres, laisse-lui la fraîcheur du visage, ôte-lui ses habits de travail et de peine.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  217. C'est honteux de parler de soi en bien ; en mal c'est inutile.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  218. La douceur qui succède à la violence n'est souvent qu'une fatigue.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  219. Bien commencer sa vie ; bien couper les feuilles de son livre.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  220. Riche, ne cache pas ta souffrance au pauvre, c'est déjà presque lui faire aumône.
    (De Vous à Moi, p.99, A. Lemerre, 1892)
     
  221. Comme on met le ruban sur le cadeau, Dieu a mis le baiser dans la création.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  222. Les saillies de l'esprit sont des surprises de l'esprit à lui-même.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  223. L'intrigant a du jarret dans l'esprit.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  224. Il est des gens qui naissent, vivent et meurent échos.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  225. Convive de la vie, fais honneur à sa table.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  226. Dans certaines économies, c'est souvent moins sa bourse qu'on ménage que le principe d'ordre qu'on défend.
    (De Vous à Moi, p.100, A. Lemerre, 1892)
     
  227. Par moment, la vie n'a-t-elle pas l'air de presser le pas ?
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  228. Tous les désirs ne hurlent pas, mais ils réclament.
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  229. Derrière ses fantaisies, l'imagination peut entrevoir la raison, comme l'oiseau peut, du nuage, apercevoir la terre.
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  230. Les femmes qui ont quelques taches dans leur vie se cramponnent au prix de vertu.
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  231. La fièvre a de beaux yeux, si son coeur n'est pas tendre.
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  232. L'élégance veut son approbation, le faste celle des autres.
    (De Vous à Moi, p.101, A. Lemerre, 1892)
     
  233. Il est des esprits qui nous montrent le chemin ; d'autres qui nous aident à le suivre.
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  234. Comme une femme dans son indifférence, une fleur est quelquefois bien jolie dans sa lassitude.
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  235. Nous prenons toujours nos convictions pour de la lumière qui entre en nous.
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  236. Faire beaucoup de frais pour recevoir les gens dont nous ne voulons pas l'intimité, c'est leur rendre la revanche plus difficile.
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  237. Ah ! comme il faut se lever matin pour prévenir certaines gens !
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  238. Il est doux de s'entendre, mais il est parfois très sain de se disputer.
    (De Vous à Moi, p.102, A. Lemerre, 1892)
     
  239. La sagesse a fait avec la mesure une alliance éternelle.
    (De Vous à Moi, p.103, A. Lemerre, 1892)
     
  240. Un sommet a toujours l'air de lorgner son homme.
    (De Vous à Moi, p.103, A. Lemerre, 1892)
     
  241. Un savant est bien moins épris de lui-même qu'un poète ; il a l'habitude de s'humilier en cherchant.
    (De Vous à Moi, p.103, A. Lemerre, 1892)
     
  242. Ne confondons pas ceux qui nous repêchent et ceux qui doivent nous envoyer le bateau.
    (De Vous à Moi, p.103, A. Lemerre, 1892)
     
  243. Le « sans-gêne » est un monsieur gros, joufflu, frais, qui considère le monde comme sa boutique, la maison du voisin comme son établi.
    (De Vous à Moi, p.103, A. Lemerre, 1892)
     
  244. Il y a bien de manières de se conduire, après coup.
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  245. Si les idées se vendaient, comme il y a des gens qui ne les achèteraient pas, à la manière dont ils s'en passent !
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  246. Le réalisme ne tue pas, il assomme.
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  247. Le style épistolaire est chez lui, il a tous les droits, même celui de jeter la rivière sur le pont.
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  248. Une grande pensée dote le monde.
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  249. Femmes et chiens ont besoin d'appartenir.
    (De Vous à Moi, p.104, A. Lemerre, 1892)
     
  250. Les pessimistes et les chiens enragés ont besoin de communiquer leur mal.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  251. Il est des gens qui font le ciel niais comme leur esprit.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  252. On peut avancer sur place et tomber en faisant du chemin.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  253. La déception nous prend toujours au dépourvu : on ne l'attend jamais par le train qui l'amène.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  254. Jeunes ailes, osez ! vous êtes dans l'âge.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  255. Une charrue va lentement, on dirait qu'en avançant elle pense.
    (De Vous à Moi, p.105, A. Lemerre, 1892)
     
  256. Il est des fronts vierges, on sent que la pensée ne les a jamais visités.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  257. Que le dernier de nos charmes est arrogant ! plus arrogant que le dernier d'une race.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  258. Une sultane fanée est la plus vieille des ruines.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  259. Il est toujours grave d'affronter les responsabilités ; on s'éloigne quelquefois du mariage que l'on a fait, comme l'architecte de la maison qu'il a bâtie.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  260. Il faut se voir et se regarder vivre.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  261. De toutes les insultes de l'homme au Créateur, l'ennui est une des plus grandes.
    (De Vous à Moi, p.106, A. Lemerre, 1892)
     
  262. S'appartenir : chose difficile ! Il faut chasser tant d'intrus.
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  263. La dignité tient son monde à distance, elle est son propre maître des cérémonies.
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  264. D'une femme généreuse, la gloire de ses amis l'illumine.
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  265. De qui domestique peut-il apprendre à être poli, si le maître ne l'est pas avec lui ?
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  266. Dans la nuit de l'avenir, les pressentiments seraient-ils des étoiles ?
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  267. Que de sottises du coeur viennent de sa fatigue !
    (De Vous à Moi, p.107, A. Lemerre, 1892)
     
  268. Nos yeux ne veulent plus voir, nos oreilles ne veulent plus entendre, nos jambes ne veulent plus avancer, nous sommes les derniers à vouloir mourir en nous.
    (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
     
  269. C'est beau de faire envie dans la peine ; en tout cas, c'est l'avoir noblement portée.
    (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
     
  270. Les mots trouvés viennent moins de l'esprit que du tempérament. Il en est qui ont de la magie, presque du phosphore.
    (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
     
  271. On sent souvent dans la patience gigoter l'impatience, comme l'enfant dans ses langes.
    (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
     
  272. Rien n'est plus odieux que le banal, et tant de gens le soulignent !
    (De Vous à Moi, p.108, A. Lemerre, 1892)
     
  273. Les airs de gravité auront toujours de l'allure pour les innocents.
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)
     
  274. L'humble seul peut être discret. Comptez les humbles.
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)
     
  275. La solitude a des jouissances si discrètes, des sous-bois si délicieux !
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)
     
  276. Quand je cherche le calme, je lis Lacordaire, il a des flots bleus dans l'esprit.
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)
     
  277. Il y a des gens qui ont le calme inexpugnable.
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)
     
  278. Le coeur des grands serait souvent trop petit pour loger les sentiments des humbles.
    (De Vous à Moi, p.109, A. Lemerre, 1892)