Citations ajoutées le 08 octobre 2007

Michel Serres

  1. L'une des plus grandes découvertes des sciences est la datation, qui permet la réconciliation des sciences exactes et des sciences humaines.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.51)
     
  2. [...] Nous lisons à présent la nature comme nous lisons des livres. La science a découvert et généralisé l'idée de Galilée selon laquelle la nature était écrite, notamment en langage mathématique.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.52)
     
  3. Lorsque j'ai commencé à philosopher, les maîtres-mots de la philosophie et des sciences humaines étaient : l'Autre et la Différence. Aujourd'hui, ce n'est plus l'Autre, mais le Même ; ce n'est plus la Différence, mais la Communauté.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.52)
     
  4. Les universités sont encore [...] à demi médiévales. La séparation des sciences et des lettres est un artefact universitaire, créé de toute pièce par l'enseignement. Il a été convenu que l'on sait soit du latin, du grec ou de la littérature moderne, soit de la biologie ou de la physique. Mais cette séparation artificielle n'existait ni chez les Grecs, ni chez les Romains, ni même à l'âge classique. Diderot tente, au XVIIIe siècle, de comprendre ce que dit le mathématicien d'Alembert, et Voltaire traduit Newton. L'université a créé l'étrange catégorie d'ignorant cultivé.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.53)
     
  5. [...] Toute une ère du fonctionnement du cognitif se trouve du côté du calculable, de l'arithmétique et des algorithmes dont la philosophie n'a jamais vraiment pris acte. En épistémologie, on est toujours en retard d'une science.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.53)
     
  6. [...] Philosopher, c'est anticiper.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.54)
     
  7. [...] Tintin, c'est le Jules Verne des sciences humaines.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.54)
     
  8. [...] Beaucoup de nos institutions se trouvent comme ces étoiles dont nous recevons la lumière et dont les astrophysiciens nous disent qu'elles sont mortes depuis bien longtemps.
    (Entrevue accordée à Philosophie Magazine, juillet-août 2007, n°11, p.55)
     

Louis-Philippe Robidoux

  1. Entre la justesse de la pensée et la sincérité de l'expression écrite ou parlée, il est bien que la réflexion intervienne et remplisse l'intervalle.
    (Feuilles Volantes, p.2, Éd. La Tribune, 1949)
     
  2. L'amitié se fie, l'amour s'inquiète.
    (Feuilles Volantes, p.5, Éd. La Tribune, 1949)
     
  3. Il arrive que la matière grise ne soit que de la matière brute.
    (Feuilles Volantes, p.7, Éd. La Tribune, 1949)
     
  4. On admet volontiers que les autres puissent avoir quelque expérience, mais à la condition que personne n'essaie d'imposer celle qu'il a.
    (Feuilles Volantes, p.9, Éd. La Tribune, 1949)
     
  5. Rien n'empêche tant d'apprendre davantage que l'orgueil que l'on tire d'avoir déjà appris quelque chose.
    (Feuilles Volantes, p.9, Éd. La Tribune, 1949)
     
  6. Le coeur a des tisons que la raison n'éteint pas.
    (Feuilles Volantes, p.9, Éd. La Tribune, 1949)
     
  7. En décrétant que le « génie est une longue patiente », le philosophe a voulu encourager tout le monde.
    (Feuilles Volantes, p.9, Éd. La Tribune, 1949)
     
  8. Il y a des fois qu'il est très commode d'avoir de la tête plein le coeur.
    (Feuilles Volantes, p.13, Éd. La Tribune, 1949)
     
  9. Le divorce des âmes est le plus douloureux.
    (Feuilles Volantes, p.14, Éd. La Tribune, 1949)
     
  10. On a vite fait de trouver un pourquoi aux malheurs qui affligent ceux que l'on n'aime pas.
    (Feuilles Volantes, p.14, Éd. La Tribune, 1949)
     
  11. Le coeur est trop rarement de moitié avec l'esprit.
    (Feuilles Volantes, p.14, Éd. La Tribune, 1949)
     
  12. Les idées surgissent d'on ne sait où et se logent on ne sait trop comment un peu partout. Il est des gens qui en ont plein la tête et qui n'en fécondent aucune; d'autres qui n'ont jamais que celles qu'ils empruntent, mais qui possèdent comme le don de les disséminer et de faire croire qu'ils les ont eux-mêmes couvées.
    (Feuilles Volantes, p.15, Éd. La Tribune, 1949)
     
  13. Ne pas mâcher ses mots est bien, à condition de bien ruminer, au préalable, ses idées.
    (Feuilles Volantes, p.17, Éd. La Tribune, 1949)
     
  14. Au pays des rastaquouières, les culs-de-jatte de l'esprit sont rois.
    (Feuilles Volantes, p.17, Éd. La Tribune, 1949)
     
  15. L'esprit a ses fenêtres et le coeur ses embrasures.
    (Feuilles Volantes, p.18, Éd. La Tribune, 1949)
     
  16. La pensée est chrysalide, la parole est papillon.
    (Feuilles Volantes, p.18, Éd. La Tribune, 1949)
     
  17. L'obséquiosité aura beau faire, elle ne sera toujours qu'une mauvaise contrefaçon du tact.
    (Feuilles Volantes, p.19, Éd. La Tribune, 1949)
     
  18. Les esprits perspicaces savent fort bien dégager les nuances des différences.
    (Feuilles Volantes, p.19, Éd. La Tribune, 1949)
     
  19. Il y a des gens qui disent : « J'ai une idée... » avec un air de jubilation que seules les choses rares et agréables procurent...
    (Feuilles Volantes, p.21, Éd. La Tribune, 1949)
     
  20. Les Anciens avaient coutume de dire : Tot capita, tot sensus... autant de têtes, autant d'avis. Mais aujourd'hui que l'on pense en série, ce n'est plus cela du tout.
    (Feuilles Volantes, p.22, Éd. La Tribune, 1949)
     
  21. Dix mille prétextes n'arrivent pas à faire une seule raison.
    (Feuilles Volantes, p.23, Éd. La Tribune, 1949)
     
  22. Certaines gens pensent en longueur, d'autres en largeur, un très petit nombre ne profondeur, et l'immense majorité, point du tout.
    (Feuilles Volantes, p.23, Éd. La Tribune, 1949)
     
  23. On en voit peu d'occupés à soigner leur élégance spirituelle.
    (Feuilles Volantes, p.28, Éd. La Tribune, 1949)
     
  24. Le recours au mot rare n'est souvent que prétexte à mieux cacher l'indigence de la pensée.
    (Feuilles Volantes, p.30, Éd. La Tribune, 1949)
     
  25. Il y aurait un volumineux dictionnaire à faire avec les gros mots suggérés par le manque d'idées.
    (Feuilles Volantes, p.31, Éd. La Tribune, 1949)
     
  26. La colère et l'ironie ne se peuvent convenir. L'une a trop de fougue pour ce que l'autre a de finesse.
    (Feuilles Volantes, p.33, Éd. La Tribune, 1949)
     
  27. Beaucoup ont l'esprit mince qui ne l'ont pas fin. Mais les épais restent épais.
    (Feuilles Volantes, p.33, Éd. La Tribune, 1949)
     
  28. Les yeux commentent le coeur.
    (Feuilles Volantes, p.33, Éd. La Tribune, 1949)
     
  29. Les opinions toutes faites sont à l'intelligence ce que les vêtements achetés tout faits et étrennés sans réparations sont au corps. Dans les deux cas, il est difficile de porter beau.
    (Feuilles Volantes, p.36, Éd. La Tribune, 1949)
     
  30. On se trompe bien plus vite qu'on ne se détrompe.
    (Feuilles Volantes, p.37, Éd. La Tribune, 1949)
     
  31. Écrivez des niaiseries, on dira qu'elles donnent bien la mesure de votre esprit; exprimez des pensées profondes, on dira qu'elles ne sont pas de vous.
    (Feuilles Volantes, p.40, Éd. La Tribune, 1949)
     
  32. Les désenchantés sont des gens qui ont épuisé tout le printemps et tout l'été de leur coeur avant l'automne.
    (Feuilles Volantes, p.40, Éd. La Tribune, 1949)
     
  33. Aromatisons nos pensées et filtrons nos paroles.
    (Feuilles Volantes, p.42, Éd. La Tribune, 1949)
     
  34. Aimer exclusivement pour être aimé n'est pas de l'amour, c'est un commerce.
    (Feuilles Volantes, p.42, Éd. La Tribune, 1949)
     
  35. L'envie explique la haine.
    (Feuilles Volantes, p.43, Éd. La Tribune, 1949)
     
  36. Le sophisme est l'argument de prédilection des esprits retors.
    (Feuilles Volantes, p.44, Éd. La Tribune, 1949)
     
  37. Celui qui a beaucoup de mémoire pour les petites choses réussit aisément à faire oublier qu'il n'en a pas pour les grandes.
    (Feuilles Volantes, p.46, Éd. La Tribune, 1949)
     
  38. Mieux vaut ne brasser que quelques idées et les bien lier que de se perdre en des considérations profondes et ne point conclure.
    (Feuilles Volantes, p.48, Éd. La Tribune, 1949)
     
  39. Il y a les esprits obtus et les esprits obturés.
    (Feuilles Volantes, p.49, Éd. La Tribune, 1949)
     
  40. Les encyclopédies vivantes n'ont pas de table des matières.
    (Feuilles Volantes, p.53, Éd. La Tribune, 1949)
     
  41. L'âme, comme la mer, a ses remous.
    (Feuilles Volantes, p.53, Éd. La Tribune, 1949)
     
  42. L'oreille la plus dure capte la moindre louange.
    (Feuilles Volantes, p.56, Éd. La Tribune, 1949)
     
  43. Lorsque les fendeurs de cheveux en quatre ont du temps de reste, ils le fendent en huit. Affaire de se montrer habiles en leur métier.
    (Feuilles Volantes, p.58, Éd. La Tribune, 1949)
     
  44. L'homme qui n'est jamais contredit n'est pas lent à s'imaginer qu'il monopolise la raison.
    (Feuilles Volantes, p.58, Éd. La Tribune, 1949)
     
  45. L'étroitesse d'esprit ressemble trop au fanatisme pour n'être point sa soeur.
    (Feuilles Volantes, p.58, Éd. La Tribune, 1949)
     
  46. On s'en fait accroire beaucoup plus qu'on ne se persuade.
    (Feuilles Volantes, p.61, Éd. La Tribune, 1949)
     
  47. Les affaires de coeur gagnent à n'être pas réglées par un coup de tête.
    (Feuilles Volantes, p.62, Éd. La Tribune, 1949)
     
  48. Il est trop rare qu'on s'écoute parler avec le dessin de se corriger.
    (Feuilles Volantes, p.62, Éd. La Tribune, 1949)
     
  49. On accepte plus aisément d'être contrarié dans sa haine que dans son amour.
    (Feuilles Volantes, p.63, Éd. La Tribune, 1949)
     
  50. Tout est relatif, même la bêtise. À ce sujet, il convient de rappeler ce mot ineffable de Courteline : « Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet ».
    (Feuilles Volantes, p.65, Éd. La Tribune, 1949)
     
  51. L'impertinence est le moyen qu'emploie, d'ordinaire, la médiocrité en mal de se faire valoir.
    (Feuilles Volantes, p.68, Éd. La Tribune, 1949)
     
  52. Ceux qu'une constante oisiveté crétinise à fond s'étonnent toujours de ce que les autres peuvent faire avec de l'étude, du goût, de la réflexion et du travail.
    (Feuilles Volantes, p.68, Éd. La Tribune, 1949)
     
  53. Les gens qui ont toujours raison prouvent qu'ils ne sont pas raisonnables !
    (Feuilles Volantes, p.73, Éd. La Tribune, 1949)
     
  54. Avoir le courage de ses opinions ne mène nulle part, si l'on n'en a pas aussi la persévérance.
    (Feuilles Volantes, p.77, Éd. La Tribune, 1949)
     
  55. Celui qui a raison et sait se montrer affirmatif, sans ostentation pédantesque, est redoutable.
    (Feuilles Volantes, p.77, Éd. La Tribune, 1949)
     
  56. Que celui qui est honnête dans la discussion parle; il servira la vérité.
    (Feuilles Volantes, p.77, Éd. La Tribune, 1949)
     
  57. Plus l'on s'emporte et plus on ignore où l'on va.
    (Feuilles Volantes, p.78, Éd. La Tribune, 1949)
     
  58. Les puits de science se dessèchent à force de se croire profonds.
    (Feuilles Volantes, p.81, Éd. La Tribune, 1949)
     
  59. Ne pouvant nier la lumière, les esprits ténébreux s'emploient du mieux qu'ils peuvent à intercepter ses rayons.
    (Feuilles Volantes, p.86, Éd. La Tribune, 1949)
     
  60. C'est curieux comme on trouve surtout du plaisir à répéter les vérités qui ne sont pas bonnes à dire.
    (Feuilles Volantes, p.89, Éd. La Tribune, 1949)
     
  61. L'idée fixe, c'est un peu comme le sens unique de l'intelligence.
    (Feuilles Volantes, p.90, Éd. La Tribune, 1949)
     
  62. Les cinq sens de l'homme doivent lui en donner un sixième, complément de tous les autres : le sens des valeurs.
    (Feuilles Volantes, p.92, Éd. La Tribune, 1949)
     
  63. Avant de faire la roue, aie la force de résistance du moyeu.
    (Feuilles Volantes, p.95, Éd. La Tribune, 1949)
     
  64. À remarquer que l'homme qui n'a pas de parole ne manque jamais de mots.
    (Feuilles Volantes, p.95, Éd. La Tribune, 1949)
     
  65. Dans la conversation, un bon moyen de triompher d'un contradicteur par trop affirmatif est de commencer par lui accorder quelques bons points. Et quand l'« infaillible » est sur le point de douter de lui, c'est le moment de vaincre son obstination en lui servant, sans fougue, sans aigreur et sans vanité, quelques arguments de première importance.
    (Feuilles Volantes, p.97, Éd. La Tribune, 1949)
     
  66. Il y a le penseur qui éclaire et trace la route, et l'autre qui se contente de marcher dans ses pas. La devise de ce dernier pourrait être : Je suis... donc je repense.
    (Feuilles Volantes, p.98, Éd. La Tribune, 1949)
     
  67. On voit des gens qui sont logiques dans leur inconséquence; on n'en rencontre pas de justes dans leur mauvaise foi.
    (Feuilles Volantes, p.100, Éd. La Tribune, 1949)
     
  68. L'estime inspire l'estime est l'homme qui, en dehors de son moi, ne trouve que des cancres ou des fripouilles, est bien malade.
    (Feuilles Volantes, p.100, Éd. La Tribune, 1949)
     
  69. Le sot est aveugle devant la bonne occasion. Qu'importe au niais que la fortune lui soit favorable? S'il pleut de la bouillie, la cuiller lui manque, a dit Goethe.
    (Feuilles Volantes, p.101, Éd. La Tribune, 1949)
     
  70. Il ne faut pas que l'indifférence aille jusqu'au mépris; il ne faut pas que la consolation aille jusqu'à l'humiliation.
    (Feuilles Volantes, p.104, Éd. La Tribune, 1949)
     
  71. On a l'oeil de son âme.
    (Feuilles Volantes, p.105, Éd. La Tribune, 1949)
     
  72. La contradiction avive la discussion; mais il n'en faut jeter que ce qu'il faut dans la conversation si l'on ne veut pas qu'elle produise une grande flambée. Un feu doux est plus facile à contrôler.
    (Feuilles Volantes, p.107, Éd. La Tribune, 1949)
     
  73. L'expression d'opinions divergentes, entre gens de bonne éducation, reste aisément dans la mesure de la décence et de la politesse. En effet, on a souvent remarqué que les gens polis ont une façon aimable de se laisser entendre... qu'ils ne s'entendent pas.
    (Feuilles Volantes, p.108, Éd. La Tribune, 1949)
     
  74. C'est presque toujours par vanité que l'on refuse de prendre un conseil, comme c'est presque toujours par intérêt que l'on se même d'en donner plusieurs.
    (Feuilles Volantes, p.110, Éd. La Tribune, 1949)
     
  75. Il faut vouloir beaucoup pour vouloir un peu.
    (Feuilles Volantes, p.113, Éd. La Tribune, 1949)
     
  76. Le superbe prix d'assiduité que celui de la présence d'esprit.
    (Feuilles Volantes, p.119, Éd. La Tribune, 1949)
     
  77. La plupart des redites seraient insupportables si la mémoire n'était pas si infirme, si panier percé.
    (Feuilles Volantes, p.123, Éd. La Tribune, 1949)
     
  78. On a toujours assez d'esprit d'initiative pour entreprendre d'amender le caractère des autres...
    (Feuilles Volantes, p.123, Éd. La Tribune, 1949)
     
  79. Flamme au coeur et frimas aux tempes vont rarement bien ensemble.
    (Feuilles Volantes, p.123, Éd. La Tribune, 1949)
     
  80. On est porté à chérir comme la vérité l'erreur qui s'avère profitable.
    (Feuilles Volantes, p.128, Éd. La Tribune, 1949)
     
  81. Que de gens s'étudient à ne pas se connaître !
    (Feuilles Volantes, p.130, Éd. La Tribune, 1949)
     
  82. L'enfant questionne pour savoir; l'adulte n'interroge souvent qu'avec le secret espoir de déceler, chez autrui, une ignorance.
    (Feuilles Volantes, p.131, Éd. La Tribune, 1949)
     
  83. Chacun est capable de brasser plusieurs idées. Ce qui est plus difficile, c'est d'en creuser une ou deux.
    (Feuilles Volantes, p.132, Éd. La Tribune, 1949)
     
  84. La volonté qui n'ose aime à s'appeler la temporisation.
    (Feuilles Volantes, p.134, Éd. La Tribune, 1949)
     
  85. On ne réfléchit pas assez - peut-être parce qu'on ne la connaît pas - sur cette remarque profonde de lord Byron Les mots sont des choses, et une petite goutte d'encre tombant, comme une rosée, sur une pensée, la féconde et produit ce qui fait penser ensuite des milliers, peut-être des millions d'hommes.
    (Feuilles Volantes, p.136, Éd. La Tribune, 1949)
     
  86. On s'inquiète toujours plus des gens qui manquent de sens pratique que de ceux qui sont dépourvus de sens commun.
    (Feuilles Volantes, p.137, Éd. La Tribune, 1949)
     
  87. Tout commence et finit par le coeur.
    (Feuilles Volantes, p.138, Éd. La Tribune, 1949)
     
  88. La jeunesse est heureuse de tout ce qu'elle ne sait pas, et la vieillesse, chagrine de tout ce qu'elle aimerait ignorer.
    (Feuilles Volantes, p.141, Éd. La Tribune, 1949)
     
  89. C'est déjà avoir beaucoup de veine que d'être capable de ne pas se faire de mauvais sang...
    (Feuilles Volantes, p.146, Éd. La Tribune, 1949)
     
  90. Le bonheur, pour l'envieux, c'est d'être certain que ceux qu'il déteste n'en ont pas.
    (Feuilles Volantes, p.156, Éd. La Tribune, 1949)
     
  91. Chante à la peine, tu l'endormiras.
    (Feuilles Volantes, p.157, Éd. La Tribune, 1949)
     
  92. Savoir s'ennuyer tout seul est une des mille et une formes de l'amour du prochain...
    (Feuilles Volantes, p.162, Éd. La Tribune, 1949)
     
  93. Le meilleur spécifique contre la plupart des maux qui affligent l'humanité serait le silence, mais la démangeaison de parler est si forte !
    (Feuilles Volantes, p.165, Éd. La Tribune, 1949)
     
  94. Le malheur des gens vient de ce que beaucoup trop d'entre eux se bornent à indiquer aux autres la satisfaction du devoir à accomplir...
    (Feuilles Volantes, p.166, Éd. La Tribune, 1949)
     
  95. Les gens ombrageux ne le sont que parce qu'ils mesurent trop attentivement la part de soleil des autres.
    (Feuilles Volantes, p.169, Éd. La Tribune, 1949)
     
  96. On rate beaucoup de projets parce qu'on a l'outrecuidance paresse de n'essayer qu'une fois.
    (Feuilles Volantes, p.172, Éd. La Tribune, 1949)
     
  97. C'est Dieu qui a promulgué la grande loi du travail, et rien de ce que l'homme inventif cherche à lui substituer ne prévaudra contre elle. Non seulement faut-il travailler pour vivre, mais on dirait que les plus heureux sont ceux qui vivent pour travailler.
    (Feuilles Volantes, p.174, Éd. La Tribune, 1949)
     
  98. C'est presque toujours quand on se propose d'aller vite que les obstacles se multiplient.
    (Feuilles Volantes, p.175, Éd. La Tribune, 1949)
     
  99. Prendre congé de quelqu'un, c'est parfois faire deux heureux.
    (Feuilles Volantes, p.176, Éd. La Tribune, 1949)
     
  100. L'idéal est de se mêler de ses affaires, sans trop se mêler dedans.
    (Feuilles Volantes, p.178, Éd. La Tribune, 1949)
     
  101. N'espérons point, ici-bas, une vie sans traverses. Nous n'avons que le choix entre des bonheurs relatifs et des malheurs transitoires.
    (Feuilles Volantes, p.179, Éd. La Tribune, 1949)
     
  102. Le découragement vient toujours une minute trop vite.
    (Feuilles Volantes, p.180, Éd. La Tribune, 1949)
     
  103. Le meilleur moyen d'avoir raison de ceux qui ne font pas leur devoir est encore de faire le sien.
    (Feuilles Volantes, p.181, Éd. La Tribune, 1949)
     
  104. Il y a des gens qui ne s'embêtent jamais. Ils mettent de préférence tous leurs soins à embêter les autres.
    (Feuilles Volantes, p.181, Éd. La Tribune, 1949)
     
  105. Celui qui ne sait pas s'isoler, au milieu des foules, ne connaîtra pas davantage les délices de la solitude, enfermé dans sa chambre.
    (Feuilles Volantes, p.195, Éd. La Tribune, 1949)
     
  106. La beauté, ou la laideur, est dans l'oeil qui regarde.
    (Feuilles Volantes, p.201, Éd. La Tribune, 1949)
     
  107. Avec de bons amortisseurs de chocs, la vie est toujours supportable.
    (Feuilles Volantes, p.202, Éd. La Tribune, 1949)
     
  108. La cicatrice, c'est le souvenir de la plaie. Et il n'est pas sans exemple que la première soit plus douloureuse que la seconde.
    (Feuilles Volantes, p.203, Éd. La Tribune, 1949)
     
  109. Dites-vous bien que vos épreuves et vos mécomptes n'intéressent que très vaguement autrui, et faites-vous, en conséquence, une ample provision de patience et de résignation.
    (Feuilles Volantes, p.203, Éd. La Tribune, 1949)
     
  110. Savoir tirer du bonheur de ses malheurs est en quelque sorte l'extrême limite de la résignation.
    (Feuilles Volantes, p.214, Éd. La Tribune, 1949)
     
  111. Pourvu qu'on leur donne tout, certaines gens sont bien d'arrangement.
    (Feuilles Volantes, p.214, Éd. La Tribune, 1949)
     
  112. L'accord avec soi-même n'est pas toujours dans le ton.
    (Feuilles Volantes, p.227, Éd. La Tribune, 1949)
     
  113. La contrainte est bonne, car elle produit ce qu'il y a de plus grand : le sacrifice.
    (Feuilles Volantes, p.229, Éd. La Tribune, 1949)
     
  114. On ne peut tout aimer, mais on peut toujours, avec beaucoup de grandeur d'âme, de générosité ou de compassion, ne rien haïr.
    (Feuilles Volantes, p.234, Éd. La Tribune, 1949)
     

Francis Malka

  1. [...] J'ai compris depuis longtemps que l'homme ne construit rien; il ne fait qu'ordonner temporairement les choses. L'entropie reprend toujours le dessus sur la minutie.
    (Le Jardinier de Monsieur Chaos, p.29, HMH/amÉrica, 2007)
     
  2. L'homme commence en réalité à mourir au moment où il réalise que le temps lui a joué un tour et que ses accomplissements sont derrière lui. Quelle illusion que le temps ! Nous pensons être assis sur le rivage à le regarder passer alors qu'il est en fait immobile et que c'est nous qui passons.
    (Le Jardinier de Monsieur Chaos, p.42, HMH/amÉrica, 2007)
     
  3. Entreprendre quelque chose une fois, c'est y goûter, s'y mesurer, vérifier si la saveur du succès dépasse le coût de la défaite. Entreprendre quelque chose une seconde fois, c'est mettre de côté toute autre possibilité, confirmer sa vocation, dessiner son avenir.
    (Le Jardinier de Monsieur Chaos, p.98, HMH/amÉrica, 2007)
     
  4. La religion est un champ où poussent les sophismes. En y semant quelques peurs, on y récolte plus tard des dieux, des paraboles et, en saison, des prophètes.
    (Le Jardinier de Monsieur Chaos, p.123, HMH/amÉrica, 2007)
     
  5. Toute quête ne peut débuter que par la connaissance de l'ignorance.
    (Le Jardinier de Monsieur Chaos, p.124, HMH/amÉrica, 2007)
     

Karl R. Popper

  1. [...] La controverse entre l'empirisme classique de Bacon, Locke, Berkeley, Hume et Stuart Mill et le rationalisme ou intellectualisme classique de Descartes, Spinoza et Leibniz. Dans cette controverse, en effet, l'école anglaise soutenait que le fondement ultime de toute connaissance, c'est l'observation, tandis que l'école continentale affirmait que c'est la vision intellectuelle des idées claires et distinctes.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.15, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  2. Je chercherai à monter, tout particulièrement, que ni l'observation ni la raison ne peuvent être définies comme la source de la connaissance, ainsi qu'on a prétendu le faire jusqu'ici.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.17, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  3. Mais quelles sont alors les sources de notre connaissance?
    La réponse, me semble-t-il, est celle-ci : il existe toutes sortes de sources, mais aucune d'elles ne fait autorité.

    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.127, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  4. L'erreur fondamentale que commet la doctrine des sources épistémologiques ultimes, c'est de ne pas distinguer assez clairement les problèmes d'origine des problèmes de validité. Il se peut que, dans le cas de l'historiographie, les deux types de questions se rejoignent quelquefois. Trouver l'origine de certaines sources est parfois le seul ou le principal moyen que l'on ait de tester la validité d'une assertion historique. Mais, généralement, les deux problèmes ne se recouvrent pas, et nous n'éprouvons pas la validité d'une assertion ou d'une information en en déterminant les sources ou l'origine ; nous testons celles-ci selon une méthode plus directe, l'examen critique du contenu de l'assertion - ou des faits qui en sont l'objet.
    Par conséquent, les questions que pose l'empiriste, « Comment le savez-vous ? Quelle est la source de votre affirmation ? », sont mal posées. Ce n'est pas qu'elles soient formulées de manière incorrecte ou trop peu rigoureuse, c'est leur principe même qui est à récuser : elles appellent en effet une réponse de nature autoritariste.

    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.129, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  5. [...] La question que pose traditionnellement la théorie politique, « Qui doit gouverner ? », celles-ci appelant des réponses autoritaristes comme « les meilleurs », « les plus sages », « le peuple » ou « la majorité » (la question incite d'ailleurs à formuler des alternatives stupides comme « Qui doit avoir le pouvoir: les capitalistes ou les travailleurs ? », alternative analogue à celle qui demande « Quelle est la source ultime de la connaissance : l'intellect ou les sens ? »). La question politique traditionnelle est mal posée [...] et il faudrait lui substituer une question tout à fait différente : « Comment organiser le fonctionnement des institutions politiques afin de limiter autant que faire se peut l'action nuisible de dirigeants mauvais ou incompétents - qu'il faudrait essayer d'éviter, bien que nous ayons toutes les chances d'avoir à les subir quand même ? »
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.132, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  6. La question des sources de la connaissance, comme bien des questions d'inspiration autoritariste, est en effet d'ordre généalogique. Elle demande l'origine de notre savoir, étayée par cette croyance que la connaissance peut tirer sa légitimité de son pedigree.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.134, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  7. Les progrès du savoir sont essentiellement la transformation d'un savoir antérieur.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.146, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  8. La clarté et la distinction ne constituent pas des critères de la vérité, mais des traits tels que l'obscurité ou la confusion sont susceptibles d'être des indices d'erreur.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.147, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  9. La vocation essentielle de l'observation et du raisonnement, voire de l'intuition et de l'imagination, est de contribuer à la critique de ces conjectures aventurées à l'aide desquelles nous sondons l'inconnu.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.149, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     
  10. Là réside en effet la source majeure de notre ignorance : le fait que notre connaissance ne peut être que finie, tandis que notre ignorance est nécessairement infinie.
    (Des sources de la connaissance et de l'ignorance, trad. Michèle-Irène et Marc B. de Launay , p.151, Rivages/Poche n°241, 1998 (rééd.))
     

Gautier de Costes, sieur de La Calprenède

  1. Si nous devons mourir, ne mourons point sans gloire,
    Et forçons l'ennemi de pleurer sa victoire.
    J'aime bien mieux me perdre en la perte des siens
    Que d'en laisser l'honneur au plus lâche des miens.

    (La Mort de Mithridate, acte 1 sc. 4 (Ménandre), p.157, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  2. L'hymen joint deux esprits d'une si forte étreinte
    Que l'ardeur qu'il allume est rarement éteinte.

    (La Mort de Mithridate, acte 2 sc. 2 (Bérénice), p.160, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  3. Surtout souvenez-vous en cette affaire ici
    Que Rome fait les Rois, et les défait aussi.

    (La Mort de Mithridate, acte 2 sc. 3 (Pompée), p.162, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  4. J'ai pour plus grand fléau ma seule conscience.
    (La Mort de Mithridate, acte 2 sc. 4 (Pharnace), p.163, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  5. Souvent le déplaisir à nos esprits figure
    Des objets de douleur qui ne sont qu'en peinture.
    Et la crainte imprimée en notre souvenir
    Nous fait appréhender des malheurs à venir.

    (La Mort de Mithridate, acte 2 sc. 4 (Émile), p.164, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  6. Vivre en homme privé, c'est n'avoir point de coeur,
    Et le temps nous apprend de céder au vainqueur.
    J'ai pour tous ces malheurs un déplaisir extrême :
    Mais si je ne le perds, je me perdrai moi-même.
    Mon salut seulement contre lui m'a poussé,
    Et je pèche bien moins, quand je pêche forcé.

    (La Mort de Mithridate, acte 3 sc. 3 (Pharnace), p.175, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  7. Savoir céder au temps, c'est la vertu des Rois.
    (La Mort de Mithridate, acte 4 sc. 1 (Hypsicratée), p.180, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  8. Je ne respire plus, puisque vous êtes morte.
    (La Mort de Mithridate, acte 5 sc. 4 (Pharnace), p.202, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  9. [...] J'ai peut-être passé pour incapable des choses ordinaires, parce que j'étais capable de quelque chose d'extraordinaire à ceux de ma profession.
    (La Comte d'Essex (À Madame la Princesse de Guiméné), p.206, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  10. Le mérite et l'éclat des services passés
    Devant tout l'Univers me justifie assez.

    (La Comte d'Essex, acte 1 sc. 1 (Le Comte d'Essex), p.209, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  11. Non, ne t'abuse plus, ma flamme est bien changée.
    Et si tu vis ce coeur brûler d'un feu plus doux
    Tu ne le verras plus qu'embrasé de courroux,
    Toute ma passion en rage convertie
    Me rendra désormais ton Juge et ta partie,
    Et méprisant les droits qui te restaient sur moi,
    Tu sauras le pouvoir qui me reste sur toi.

    (La Comte d'Essex, acte 1 sc. 4 (Élisabeth), p.214, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  12. La puissance des Rois ne peut être bornée,
    Leur caprice à leur gré fait notre destiné;
    Nous sommes leur jouet, et l'inconstance main
    Qui nous hausse aujourd'hui nous rabaisse demain.

    (La Comte d'Essex, acte 1 sc. 5 (Le Comte de Soubtantonne), p.215, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  13. [...] Vous éprouverez qu'il est très dangereux
    D'aigrir par des mépris un esprit amoureux,
    D'en effacer l'amour pour y placer la haine,
    Et de désespérer une Amante, une Reine.

    (La Comte d'Essex, acte 2 sc. 5 (Madame Cécile), p.226, in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)
     
  14. C'est un fâcheux destine que le destin des Princes,
    Ils sont toujours en butte à toutes leurs Provinces.

    (La Comte d'Essex, acte 5 sc. 2 (Alix), p., in Théâtre du XVIIe siècle T. II, Gallimard/Pléiade, 1986)