Citations ajoutées le 05 mai 2007

  
Edgar Morin

  1. L'homme doit se considérer comme le berger des nucléoprotéinés - les êtres vivants -  et non comme le Gengis Khan de la banlieue solaire.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.15, Tallandier, 2007)
     
  2. Ma conviction est que la société n'existe pas encore. Depuis dix mille ans, elle cherche à tâtons une formule sans l'avoir trouvée.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.18, Tallandier, 2007)
     
  3. On peut se demander si les écosystèmes ne sont pas des sortes de computers, ordinateurs sauvages spontanément créés à partir des intercomputatoins entre les vivants, qui, bactéries, plantes, animaux, sont tous des êtres dont l'organisation et l'activité sont indissociables d'une organisation computante et d'une activité cognitive.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.27, Tallandier, 2007)
     
  4. Je donne au mot « paradigme » le sens suivant : « La relation logique entre les concepts maîtres commandant toutes les théories et tous les discours qui en dépendent. » Ainsi, le grand paradigme de la culture occidentale du XVIIe au XXe siècle disjoint le sujet de l'objet, le premier renvoyé à la philosophie, le second à la science : tout ce qui est esprit et liberté relève de la philosophie ; tout ce qui est matériel et déterministe relève de la science. Ce même paradigme entraîne la disjonction entre la notion d'autonomie et celle de dépendance : l'autonomie n'a aucune validité dans le cadre du déterminisme scientifique, et, dans le cadre philosophique, elle chasse l'idée de dépendance. Or la pensée écologisée doit nécessairement briser ce carcan et se référer à un paradigme complexe où l'autonomie du vivant, conçu comme être auto-éco-organisateur, est inséparable de sa dépendance.
    [...] Autrement dit, la relation écologique nous amène très rapidement à une idée apparemment paradoxale : pour être indépendant, il faut être dépendant. Et plus on veut gagner son indépendance, plus il faut la payer par de la dépendance.

    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.30, Tallandier, 2007)
     
  5. Mais la pensée écologisée est très difficile parce qu'elle contredit des principes enracinés en nous dès l'école élémentaire, où l'on nous apprend à faire de coupures et des disjonctions dans le tissu complexe du réel, à isoler des domaines du savoir sans pouvoir désormais les associer.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.35, Tallandier, 2007)
     
  6. Tout ce qui isole un objet détruit sa réalité même.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.36, Tallandier, 2007)
     
  7. [...] le sens grec du mot « planète »  : astre errant.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.41, Tallandier, 2007)
     
  8. C'est de façon synchrone que la Terre a été objectivée sur nos écrans de télévisions. La plupart des humains ne sentent encore que superficiellement et sporadiquement leur citoyenneté terrestre ; la plupart des scientifiques, enfermés dans leurs spécialités parcellaires, en sont également inconscients ; la plupart des philosophes demeurent superbement ignorants de ce que les sciences disent du monde. Nous n'avons pas encore accommodé notre vision du monde au monde.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.50, Tallandier, 2007)
     
  9. Il est nécessaire d'envisager une confrontation et un échange des expériences, de développer une politique européenne commune où l'interdépendance assure l'indépendance commune.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.57, Tallandier, 2007)
     
  10. Il faut distinguer pour les décennies à venir le prévisible, le probable et l'incertain, en tenant compte que très souvent l'inattendu arrive.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.60, Tallandier, 2007)
     
  11. Nous avons, si vous voulez, le hardware, c'est-à-dire l'infrastructure d'une « société monde », mais nous n'avons pas le software, c'est-à-dire la partie intelligente, consciente, organisatrice qui permette d'avoir une « société monde ».
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.82, Tallandier, 2007)
     
  12. La pensée complexe que je défends part du latin complexus, qui veut dire « qui est tissé ensemble », afin d'opérer une tension permanente entre l'aspiration à un savoir non parcellaire, non cloisonné, non réducteur, et la reconnaissance de l'inachèvement. « Complexe » ne signifie nullement « compliqué », encore moins « obscur » ou « abscons », mais désigne cette forme de pensée qui englobe au lieu de séparer, relie au lieu de segmenter.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.107, Tallandier, 2007)
     
  13. [...] Ivan Illich forgeait la notion de « convivialité » à travers laquelle il montrait que notre développement produisait plus de maux que de bienfaits ; la médecine hyperspécialisée soigne davantage les organes que des personnes ; l'éducation qui fragmente la connaissance conduit à plus d'aveuglement que d'élucidation, etc.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.111, Tallandier, 2007)
     
  14. Qu'est-ce qu'une métamorphose ? C'est une transformation où l'être s'autodétruit et s'autoconstruit de façon nouvelle, à l'instar de la chenille qui devient papillon afin de voler. L'espérance est dans cette métamorphose vers laquelle vont confluer des courants qui parfois s'ignorent, tels l'économie solidaire, le commerce équitable, la réforme de vie. De partout, à la base, les solidarités s'éveillent.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.115, Tallandier, 2007)
     

Nicolas Hulot

  1. On ne naît pas écologiste, on le devient.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.102, Tallandier, 2007)
     
  2. [...] l'union différencie. Au moment où l'on est capable de regarder la planète depuis l'espace, quel dommage de ne pas en profiter pour se rendre compte que notre communauté d'identité est probante et éclatante !
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p., Tallandier, 2007)
     
  3. Dans cette société du théâtre des apparences, le paraître prime sur l'être. Chacun le sait, mais tout le monde y cède. La débauche de communication masque l'ignorance, l'incompétence ou le manque de pouvoir. On donne l'illusion de traiter des choses. Mais la désillusion est totale, et le discrédit des politiques s'accroît.
    (L'An I de l''ère écologique et dialogue avec Nicolas Hulot, p.113, Tallandier, 2007)