Citations ajoutées le 11 avril 2004

Fernando Pessoa

  1. [...] c'est la liberté de tyranniser, qui est le contraire de la liberté.
    (Le Banquier anarchiste, trad. Joaquim Vital, p.36, De La Différence, 2000)
     
  2. Aider quelqu'un, mon ami, c'est prendre quelqu'un pour un incapable ; si ce quelqu'un n'est pas un incapable, c'est le rendre ou le supposer tel, ce qui, dans le premier cas, est une forme de tyrannie, et dans le second une forme de mépris. On rogne la liberté d'autrui ou, au moins inconsciemment, on part du principe qu'autrui est méprisable et indigne ou incapable de liberté.
    (Le Banquier anarchiste, trad. Joaquim Vital, p.55, De La Différence, 2000)
     
  3. [...] l'action rapporte toujours plus que la propagande [...]
    (Le Banquier anarchiste, trad. Joaquim Vital, p.71, De La Différence, 2000)
     
  4. [...] celui qui refuse d'engager le combat n'y est pas vaincu. Mais il est vaincu moralement parce qu'il ne s'est pas battu.
    (Le Banquier anarchiste, trad. Joaquim Vital, p.78, De La Différence, 2000)
     

J.-B. Pontalis

  1. Comme nous redoutons que nos enfants ne nous fassent de l'ombre avant de nous transformer en ombres !
    (Traversée des ombres, p.18, Gallimard/nrf, 2003)
     
  2. [À la suite d'un deuil]
    Un creux est en nous, à jamais, mais le creux n'est pas l'abîme.

    (Traversée des ombres, p.22, Gallimard/nrf, 2003)
     
  3. Le rêve ignore le néant.
    (Traversée des ombres, p.31, Gallimard/nrf, 2003)
     
  4. Le rêve, notre hystérie secrète ?
    (Traversée des ombres, p.31, Gallimard/nrf, 2003)
     
  5. Nous créons, nous inventons nos objets d'amour.
    (Traversée des ombres, p.34, Gallimard/nrf, 2003)
     
  6. Les ressources que nous offre l'oubli sont le remède le plus sûr à la douleur de la perte.
    (Traversée des ombres, p.34, Gallimard/nrf, 2003)
     
  7. Aimer, par tous ses sens, l'éphémère.
    (Traversée des ombres, p.38, Gallimard/nrf, 2003)
     
  8. Nul ne peut s'arranger avec la mort. Mais chacun de nous trouve une issue pour s'arranger avec les morts.
    (Traversée des ombres, p.41, Gallimard/nrf, 2003)
     
  9. Qui suis-je pour établir une frontière entre un deuil légitime et un deuil pathologique ? Qui sommes-nous pour décider que tel être ne mérite pas tant de soins et d'amour, pour mesurer la douleur, pour juger que ce deuil traîne en longueur et qu'il serait temps de passer à autre chose ? Tout amour est infondé, tout amour est fou.
    (Traversée des ombres, p.45, Gallimard/nrf, 2003)
     
  10. [...] les hyperactifs, ces insomniaques du jour [...]
    (Traversée des ombres, p.60, Gallimard/nrf, 2003)
     
  11. Écrire ce n'est pas traduire un texte antérieur ; c'est s'inspirer du « rêver » qui donne une forme précaire au désordre insensé de nos désirs, à notre sauvagerie et notre infirmité natives.
    (Traversée des ombres, p.75, Gallimard/nrf, 2003)
     
  12. [...] ne pas confondre l'arrière-pays du silence et le mutisme affiché ; ni empathie et connivence, ni neutralité et indifférence.
    (Traversée des ombres, p.78, Gallimard/nrf, 2003)
     
  13. Que sont mes reliques ? mes souvenirs si précieux, mes rêves si surréels ? Qu'est-ce que j'entends préserver à tout prix, de la décomposition que nous signifie déjà, bien avant la mort, le fuite du temps ?
    (Traversée des ombres, p.88, Gallimard/nrf, 2003)
     
  14. L'art de la fiction n'est que le produit de l'art du rêve.
    (Traversée des ombres, p.117, Gallimard/nrf, 2003)
     
  15. Il y a bien des façons de passer à l'acte. Se taire en est une.
    (Traversée des ombres, p.146, Gallimard/nrf, 2003)
     
  16. Écrire est un vice impuni. Pourquoi quitter l'heureuse place du lecteur pour chercher à s'imposer comme auteur ?
    (Traversée des ombres, p.168, Gallimard/nrf, 2003)
     
  17. Je me souviens de la réponse de Masud Khan à un visiteur qui, stupéfait devant le nombre considérable d'ouvrages qu'il détenait, l'interrogeait : « Mais vous avez lu tout cela ? » Masud répliqua :« Ce qui compte, ce n'est pas de les avoir lus, ces livres, c'est de vivre en leur compagnie. »
    (Traversée des ombres, p.169, Gallimard/nrf, 2003)
     
  18. Souvent le langage, comme l'autoroute encombrée, n'est qu'une prison, n'est que contrainte. Il aliène ma liberté en excluant tout ce qui n'est pas lui, il exige les pleins pouvoirs. Mais parfois, grâce à lui, nous empruntons des routes de traverses, riches de sensations nouvelles ou oubliées, leur donnant même une intensité accrue. Il parvient à faire entendre l'inouï, à rendre visible l'invisible.
    (Traversée des ombres, p.174, Gallimard/nrf, 2003)
     
  19. Le chaos m'angoisse. Ce que je cherche dans l'art et d'abord dans la psychanalyse, c'est l'ordre caché dont personne ne peut se prévaloir d'être le maître. Un ordre qui, loin de lutter contre le désordre, ne fait qu'un avec lui.
    (Traversée des ombres, p.176, Gallimard/nrf, 2003)
     
  20. Les concepts : nos outils du jour, rien de plus. Ils ignorent l'ombre, ils récusent la nuit.
    (Traversée des ombres, p.182, Gallimard/nrf, 2003)
     
  21. Il nous faut croiser bien des revenants, dissoudre bien des fantômes, converser avec bien des morts, donner la parole à bien des muets, à commencer par l'infans que nous sommes encore, nous devons traverser bien des ombres pour enfin, peut-être, trouver une identité qui, si vacillante soit-elle, tienne et nous tienne.
    La vie est inquiète.
    La vie et la mort sont inconcevables.

    (Traversée des ombres, p.185, Gallimard/nrf, 2003)
     
  22. Il me semblait qu'il quittait lentement, en silence le monde des actifs, des affairés, de tous ceux qui sont soumis au temps que leur indiquent sans relâche la montre qu'ils portent au poignet, le journal parcouru fébrilement le soir et jeté à la poubelle le lendemain. Ce temps qui nous prend, comme il est toujours prompt à s'effacer, celui du siècle aussi bien que celui de nos jours !
    (Traversée des ombres, p.188, Gallimard/nrf, 2003)
     

  
Tennessee Williams

  1. Dolly : Qu'est-ce qu'il a dit ?
    Jenny : Le pire qu'un docteur puisse dire.
    Dolly Quoi ?
    Jenny : Rien, il n'a pas dit un mot !

    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.15, Robert Laffont, 1962)
     
  2. Sur cette terre, qu'est-ce qu'il y a d'autre à faire que s'accrocher à tout ce qui passe, jusqu'à ce que nos doigts soient arrachés ?
    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.28, Robert Laffont, 1962)
     
  3. Autrefois, j'étais ce qu'on appelle une mordue du Christ, une réformatrice. Vous savez ce que c'est ?... De l'exhibitionnisme sans danger...
    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.36, Robert Laffont, 1962)
     
  4. Je portais ton enfant l'été où tu m'as quittée, mais je me le suis fait arracher du ventre, et ils m'ont arraché le coeur avec !
    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.74, Robert Laffont, 1962)
     
  5. Je peins les choses comme je les sens, au lieu de les peindre comme elles sont dans la vie. Rien n'est vraiment comme les yeux le voient... Il faut une... une vision... pour vraiment voir !
    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.77, Robert Laffont, 1962)
     
  6. [...] quelle impression ça fait de mourir ?
    [...]C'est une impression de grande solitude.

    (La descente d'Orphée, in Théâtre II, trad. Raymond Rouleau (adaptation), p.86, Robert Laffont, 1962)