Citations ajoutées le 07 mars 2004

  
Blaise Pascal

  1. L'imagination grossit les petits objets jusqu'à en remplir notre âme par une estimation fantasque, et par une insolence téméraire elle amoindrit les grandes jusqu'à sa mesure, comme en parlant de Dieu.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.580, Seuil, 1963)
     
  2. La force est la reine du monde et non pas l'opinion, mais l'opinion est celle qui use de la force.
    C'est la force qui fait l'opinion.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.580, Seuil, 1963)
     
  3. Il y en a qui parlent bien et qui n'écrivent pas bien. C'est que le lieu, l'assistance les échauffe et tire de leur esprit plus qu'ils n'y trouvent sans cette chaleur.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.580, Seuil, 1963)
     
  4. Je n'ai jamais jugé d'une chose exactement de même, je ne puis juger d'un ouvrage en le faisant. Il faut que je fasse comme les peintres et que je m'en éloigne, mais non pas trop. De combien donc ? Devinez...
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.580, Seuil, 1963)
     
  5. Il n'y a que deux sortes d'hommes, les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.580, Seuil, 1963)
     
  6. Car il n'est pas certain que nous voyions demain, mais il est certainement possible que nous ne le voyions pas.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.582, Seuil, 1963)
     
  7. L'éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui après avoir peint ajoutent encore font un tableau au lieu d'un portrait.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.582, Seuil, 1963)
     
  8. Le moi est haïssable.
    [...] En un mot le moi a deux qualités. Il est injuste en soi en ce qu'il se fait centre de tout. Il est incommode aux autres en ce qu'il les veut asservir, car chaque moi est l'ennemi et voudrait être le tyran de tous les autres.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.584, Seuil, 1963)
     
  9. Différence entre repos et sûreté de conscience. Rien ne donne l'assurance que la vérité ; rien ne donne le repos que la recherche sincère de la vérité.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.584, Seuil, 1963)
     
  10. La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion. L'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.585, Seuil, 1963)
     
  11. On ne consulte que l'oreille parce qu'on manque de coeur.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.585, Seuil, 1963)
     
  12. L'homme est visiblement fait pour penser. C'est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.586, Seuil, 1963)
     
  13. Si c'est un aveuglement surnaturel de vivre sans chercher ce qu'on est, c'en est un terrible de vivre mal en croyant Dieu.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.587, Seuil, 1963)
     
  14. Le commun des hommes met le bien dans la fortune et dans des biens du dehors ou au moins dans le divertissement.
    Les philosophes ont montré la vanité de tout cela et l'ont mis où ils ont pu.

    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.587, Seuil, 1963)
     
  15. Du désir d'être estimé de ceux avec qui on est.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.587, Seuil, 1963)
     
  16. Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, qui nous tiennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer qui nous élève.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.587, Seuil, 1963)
     
  17. Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.588, Seuil, 1963)
     
  18. Ce que Montaigne a de bon ne peut être acquis que difficilement. Ce qu'il a de mauvais, j'entends hors les moeurs, pût être corrigé en un moment si on l'eût averti qu'il faisait trop d'histoires et qu'il parlait trop de soi.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.588, Seuil, 1963)
     
  19. Quand un discours naturel peint une passion ou un effet on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, de sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous la fait sentir, car il ne nous a point fait montre de son bien mais du nôtre. Et ainsi ce bien fait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le coeur à l'aimer.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.588, Seuil, 1963)
     
  20. En écrivant ma pensée elle m'échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse que j'oublie à toute heure, ce qui m'instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tiens qu'à connaître mon néant.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.589, Seuil, 1963)
     
  21. Ainsi l'opinion est comme la reine du monde mais la force en est le tyran.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.589, Seuil, 1963)
     
  22. Diseur de bons mots, mauvais caractère.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.589, Seuil, 1963)
     
  23. Voulez-vous qu'on croie du bien de vous, n'en dites pas.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.589, Seuil, 1963)
     
  24. Il n'aime plus cette personne qu'il aimait il y a dix ans. Je crois bien : elle n'est plus la même ni lui non plus. Il était jeune et elle aussi ; elle est tout autre. Il l'aimerait peut-être encore telle qu'elle était alors.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.589, Seuil, 1963)
     
  25. Quand on voit le style naturel on est tout étonné et ravi, car on s'attendait de voir un auteur et on trouve un homme. Au lieu que ceux qui ont le goût bon et qui en voyant un livre croient trouver un homme sont tout surpris de trouver un auteur.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.590, Seuil, 1963)
     
  26. L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.590, Seuil, 1963)
     
  27. Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu'il se trompe il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela car il voit qu'il ne se trompait pas et qu'il y manquait seulement à voir tous les côtés. Or on ne se fâche pas de ne pas tout voir, mais on ne veut pas être trompé, et peut-être cela vient de ce que naturellement l'homme ne peut tout voir, et de ce que naturellement il ne se peut tromper dans le côté qu'il envisage, comme les appréhensions des sens sont toujours vraies.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.592, Seuil, 1963)
     
  28. Les rivières sont des chemins qui marchent et qui portent où l'on veut aller.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.593, Seuil, 1963)
     
  29. Quand on lit trop vite ou trop doucement on n'entend rien.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.594, Seuil, 1963)
     
  30. Ce que peut la vertu d'un homme ne se doit pas mesurer par ses efforts mais par son ordinaire.
    (Pensées in Oeuvres Complètes, p.594, Seuil, 1963)
     

  
Gaston Bachelard

  1. Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l'objet nous désigne plus que nous ne le désignons et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit.
    (La psychanalyse du feu, p.11, Folio/essais n°25)
     
  2. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser.
    (La psychanalyse du feu, p.12, Folio/essais n°25)
     
  3. [...] où les poèmes cachent les théorèmes.
    (La psychanalyse du feu, p.12, Folio/essais n°25)
     
  4. Il ne faut qu'un soir d'hiver, que le vent autour de la maison, qu'un feu clair, pour qu'une âme douloureuse dise à la fois ses souvenirs et ses peines.
    (La psychanalyse du feu, p.15, Folio/essais n°25)
     
  5. Quand nous nous tournons vers nous-mêmes, nous nous détournons de la vérité.
    (La psychanalyse du feu, p.17, Folio/essais n°25)
     
  6. Il faut que chacun s'apprenne à échapper à la raideur des habitudes d'esprit formées au contact des expériences familières. Il faut que chacun détruise plus soigneusement encore ses phobies, ses « philies , ses complaisances pour les intuitions premières.
    (La psychanalyse du feu, p.18, Folio/essais n°25)
     
  7. [...] se moquer de soi-même. Aucun progrès n'est possible dans la connaissance objective sans cette ironie autocritique.
    (La psychanalyse du feu, p.18, Folio/essais n°25)
     
  8. Quand il s'agit d'écrire des sottises, il serait vraiment trop facile de faire un gros livre.
    (La psychanalyse du feu, p.19, Folio/essais n°25)
     
  9. Si tout ce qui change lentement s'explique par la vie, tout ce qui change vite s'explique par le feu.
    (La psychanalyse du feu, p.23, Folio/essais n°25)
     
  10. Parmi tous les phénomènes, [le feu] est vraiment le seul qui puisse recevoir aussi nettement les deux valorisations contraires : le bien et le mal. Il brille au Paradis. Il brûle à l'Enfer.
    (La psychanalyse du feu, p.23, Folio/essais n°25)
     
  11. Le complexe de Prométhée est le complexe d'OEdipe de la vie intellectuelle.
    [GGJ : Bachelard définit le complexe de Prométhée comme étant « toutes les tendances qui nous poussent à savoir autant que nos pères, plus que nos pères, autant que nos maîtres, plus que nos maîtres. » p.30]

    (La psychanalyse du feu, p.31, Folio/essais n°25)
     
  12. Le feu couve dans une âme plus sûrement que sous la cendre.
    (La psychanalyse du feu, p.35, Folio/essais n°25)
     
  13. Le rêve chemine linéairement, oubliant son chemin en courant. La rêverie travaille en étoile. Elle revient à son centre pour lancer de nouveaux rayons.
    (La psychanalyse du feu, p.36, Folio/essais n°25)
     
  14. La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
    (La psychanalyse du feu, p.38, Folio/essais n°25)
     
  15. La mort dans la flamme est la moins solitaire des morts. C'est vraiment une mort cosmique où tout un univers s'anéantit avec le penseur. Le bûcher est un compagnon d'évolution.
    (La psychanalyse du feu, p.43, Folio/essais n°25)
     
  16. Le rêve est plus fort que l'expérience.
    (La psychanalyse du feu, p.44, Folio/essais n°25)
     
  17. On ne peut étudier que ce qu'on a d'abord rêvé. La science se forme plutôt sur une rêverie que sur une expérience et il faut bien des expériences pour effacer les brumes du songe.
    (La psychanalyse du feu, p.48, Folio/essais n°25)
     
  18. L'amour n'est qu'un feu à transmettre. Le feu n'est qu'un amour à surprendre.
    (La psychanalyse du feu, p.52, Folio/essais n°25)
     
  19. Il suffit en effet de considérer un phénomène nouveau pour constater la difficulté d'une attitude objective vraiment idoine. Il semble que l'inconnu du phénomène s'oppose activement, positivement, à son objectivation. À l'inconnu ne correspond pas l'ignorance, mais bien l'erreur, et l'erreur sous la forme la plus lourde des tares subjectives.
    (La psychanalyse du feu, p.53, Folio/essais n°25)
     
  20. La profondeur, c'est ce qu'on cache ; c'est ce qu'on tait. On a toujours le droit d'y penser.
    (La psychanalyse du feu, p.57, Folio/essais n°25)
     
  21. La manière dont on imagine est souvent plus instructive que ce qu'on imagine.
    (La psychanalyse du feu, p.58, Folio/essais n°25)
     
  22. On ne résiste jamais complètement à un préjugé qu'on perd beaucoup de temps à attaquer.
    (La psychanalyse du feu, p.116, Folio/essais n°25)
     
  23. L'homme est peut-être le premier objet naturel où la nature essaie de se contredire.
    (La psychanalyse du feu, p.132, Folio/essais n°25)
     
  24. La psychologie du savant doit tendre à une psychologie clairement normative ; le savant doit se refuser à personnaliser sa connaissance ; corrélativement, il doit s'efforcer de socialiser ses convictions.
    (La psychanalyse du feu, p.134, Folio/essais n°25)
     
  25. C'est en effet par la contradiction qu'on arrive le plus aisément à l'originalité, et l'originalité est une des prétentions dominantes de l'inconscient.
    (La psychanalyse du feu, p.139, Folio/essais n°25)
     
  26. Il ne faut pas trop vite s'adresser aux constructions de la raison pour comprendre un génie littéraire original. L'inconscient, lui aussi, est un facteur d'originalité.
    (La psychanalyse du feu, p.150, Folio/essais n°25)
     
  27. Pas de pensée scientifique sans refoulement. Le refoulement est à l'origine de la pensée attentive, réfléchie, abstraite. Toute pensée cohérente est construite sur un système d'inhibitions solides et claires. Il y a une joie de la raideur au fond de la joie de la culture. C'est en tant qu'il est joyeux que le refoulement bien fait est dynamique et utile.
    (La psychanalyse du feu, p.170, Folio/essais n°25)
     
  28. Avouer qu'on s'était trompé, c'est rendre le plus éclatant hommage à la perspicacité de son esprit. C'est revivre sa culture, la renforcer, l'éclairer de lumières convergentes. C'est aussi l'extérioriser, la proclamer, l'enseigner. Alors prend naissance la pure jouissance du spirituel.
    (La psychanalyse du feu, p.171, Folio/essais n°25)
     
  29. [...] un esprit poétique est purement et simplement une syntaxe des métaphores. Chaque poète devrait alors donner lieu à un diagramme qui indiquerait le sens et la symétrie de ses coordinations métaphoriques, exactement comme le diagramme d'une fleur fixe le sens et les symétries de son action florale. Il n'y a pas de fleur réelle sans cette convenance géométrique.
    (La psychanalyse du feu, p.185, Folio/essais n°25)
     
  30. Psychiquement, nous sommes créés par notre rêverie. Créés et limités par notre rêverie, car c'est la rêverie qui dessine les derniers confins de notre esprit.
    (La psychanalyse du feu, p.187, Folio/essais n°25)
     
  31. Pour être heureux, il faut penser au bonheur d'un autre.
    (La psychanalyse du feu, p.187, Folio/essais n°25)
     

  
Philippe Néricault dit Destouches

  1. Avant d'aimer, dit-on
    Il faut connaître à fond ; car l'Amour est bien traître.

    (Le Glorieux, p.335, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  2. L'amour assortit tout, et mon âme ravie
    Trouve en vous ce qui fait le bonheur de la vie.

    (Le Glorieux, p.347, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  3. Valère : À la tentation succombez donc, de grâce.
    Lisette : C'est le meilleur moyen de m'en guérir, je crois.

    (Le Glorieux, p.353, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  4. Qui se fait souhaiter, se fait aimer longtemps ;
    Qui nous voit trop souvent, voit bientôt qu'il nous lasse.

    (Le Glorieux, p.359, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  5. Il est bon quelquefois de s'aveugler soi-même,
    Et bien souvent l'erreur est le bonheur suprême.

    (Le Glorieux, p.359, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  6. Un auteur, quel qu'il soit, me paraît mériter
    Qu'aux efforts qu'il a faits on daigne se prêter.

    (Le Glorieux, p.362, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  7. La critique est aisée, et l'art est difficile.
    (Le Glorieux, p.362, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  8. Le Comte : Quant à moi j'aime la politesse.
    Lisimon : Moi, je ne l'aime point ; car c'est une traîtresse
    Qui fait dire souvent ce qu'on ne pense pas.

    (Le Glorieux, p.372, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  9. Grand'soif, bon appétit, et surtout point de gloire.
    (Le Glorieux, p.373, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  10. Les grands perdent toujours à se glorifier,
    Et rien ne leur sied mieux que de s'humilier.

    (Le Glorieux, p.381, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  11. Le véritable honneur est moins présomptueux ;
    Il ne se vante point, il attend qu'on le vante ;
    Et c'est la vanité qui, lasse de l'attente,
    Et qui, fière des droits qu'elle sait s'arroger,
    Croit obtenir l'estime en osant l'exiger.
    Mais, loin d'y réussir, elle offense, elle irrite,
    Et ternit tout l'éclat du plus parfait mérite.

    (Le Glorieux, p.383, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  12. Je soutiens que par elle [la modestie] on voit la différence
    Du mérite apparent au mérite parfait.
    L'un veut toujours briller ; l'autre brille en effet,
    Sans jamais y prétendre, et sans même le croire.

    (Le Glorieux, p.383, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  13. Quand on fait trop le grand, on paraît bien petit.
    (Le Glorieux, p.384, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  14. Je ne vous dirai pas, changez de caractère ;
    Car on n'en change point, je ne le sais que trop ;
    Chassez le naturel, il revient au galop.

    (Le Glorieux, p.385, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  15. Ce qu'une femme pleure, une autre pleurera,
    Et toutes pleureront tant qu'il en surviendra.

    (Le Glorieux, p.389, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  16. Ô détestable orgueil ! Non, il n'est point de vice
    Plus funeste aux mortels, plus digne de supplice.
    Voulant tout asservir à ses injustes droits,
    De l'humanité même il étouffe la voix.

    (Le Glorieux, p.395, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     
  17. Par les airs du valet on peut juger du maître.
    (Le Glorieux, p.401, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)
     

  
Christian Oster

  1. Du contenu de la conversation des femmes. Même deux-trois mots, parfois, ça m'a toujours suffi, moi. Sans parler des silences. Des silences des femmes. Ces petits silences, bien cadrés par les mots, qui ne viennent pas de l'absence. Avec des vrais regards, parfois.
    (Une femme de ménage, p.21, Éd. de Minuit, n°24)
     
  2. Nos regards se croisaient, donc, mais, en bons véhicules qu'ils étaient, conduits avec prudence, ils ne se rencontraient pas.
    (Une femme de ménage, p.29, Éd. de Minuit, n°24)
     
  3. [...] ça n'existe pas les genres de femme, il n'existe que le genre des femmes [...]
    (Une femme de ménage, p.60, Éd. de Minuit, n°24)
     
  4. La mort n'explique pas tout. L'amour non plus.
    (Une femme de ménage, p.170, Éd. de Minuit, n°24)
     
  5. Ça ne se regrette pas, l'amour.
    (Une femme de ménage, p.203, Éd. de Minuit, n°24)
     

  
Albert Cossery

  1. Enseigner la vie sans la vivre était le crime de l'ignorance la plus détestable.
    (Mendiants et orgueilleux, p.25, Éd. Joëlle Losfeld, coll. Arcane, 1993)
     
  2. [...] son sens véritable de la vie : la vie sans dignité. Être vivant suffisait à son bonheur.
    (Mendiants et orgueilleux, p.28, Éd. Joëlle Losfeld, coll. Arcane, 1993)
     
  3. L'immense entreprise de démoralisation que certains esprits dits supérieurs exerçaient sur l'humanité lui paraissait relever de la plus malfaisante criminalité. Son estime allait plutôt à des gens quelconques, qui n'étaient ni poètes, ni penseurs, ni ministres, mais simplement habités par une joie jamais éteinte.
    (Mendiants et orgueilleux, p.52, Éd. Joëlle Losfeld, coll. Arcane, 1993)
     
  4. Il avait l'apparence de quelqu'un possédant une montre.
    (Mendiants et orgueilleux, p.54, Éd. Joëlle Losfeld, coll. Arcane, 1993)
     
  5. Cette conversation en langue anglaise se déroulait dans un silence solennel.
    (Mendiants et orgueilleux, p.77, Éd. Joëlle Losfeld, coll. Arcane, 1993)
     

  
Sten Nadolny

  1. Pour toute chose, il y a deux temps - le temps qui convient et le temps qu'on a laissé passer.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.36, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  2. Il s'était maintenant mis à aimer toutes les sortes de livres. Le papier, voilà qui savait attendre et ne pas vous bousculer !
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.40, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  3. Pour toute chose, il y a trois temps, le temps qui convient, le temps qu'on a laissé passer et le temps prématuré.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.40, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  4. On la possédait [la liberté] lorsqu'on n'était pas obligé de dire à l'avance à quelqu'un ce qu'on envisageait de faire. Ou bien lorsqu'on le taisait.
    La demi-liberté : lorsqu'on devait annoncer ses intentions un bon moment à l'avance. L'esclavage, c'était lorsque les autres vous dictaient ce que vous aviez à faire.

    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.44, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  5. [...] je ne saisis le présent qu'au moment de l'éclair.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.48, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  6. [...] l'admiration d'un maître pour un élève est rarement profitable à ce dernier [...]
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.55, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  7. Lorsqu'on prend la mer, on ne peut pas longtemps rester désespéré.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.79, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  8. [Il] est si lent qu'il ne perd jamais de temps.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.102, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  9. Un peintre n'a pas à connaître mais à voir.
    Mais que peint-il ensuite ?[...]
    L'impression ! L'inconnu ou, au moins, ce qui est inconnu au sein du familier.

    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.103, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  10. On ne peut rien prévoir. Personne ne peut expliquer pourquoi les choses se produisent ainsi et pas autrement. Le hasard et la contradiction sont plus forts que toute prévision.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.105, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  11. Quand on était lent, on était capable de beaucoup de choses, mais on avait besoin de bons amis.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.111, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  12. Il faut regarder trois fois avant d'agir. Les jeunes gens ne le comprennent pas toujours. Lentement et sans erreur vaut mieux que rapidement et pour la dernière fois.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.117, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  13. Il y a deux manières de voir : il y a le regard tourné vers les détails, qui découvre ce qui est nouveau, et il y a le regard figé qui suit un plan préétabli et permet d'aller plus vite dans l'immédiat.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.152, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  14. Parler de l'absurdité d'une bataille revenait à accorder du même coup un sens à la guerre elle-même.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.154, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  15. Savoir ce qui s'est passé, au cours des siècles, sur un arpent de terre. Voilà qui développe le regard et la personnalité tout entière.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.175, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  16. Faire de l'histoire, c'est avoir commerce avec la grandeur et la durée. Cela permet de regarder le temps de plus haut.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.175, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  17. [...] lorsqu'elle s'enflammait, elle n'élevait pas la voix pour autant ; elle se contentait de chuchoter plus fort.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.176, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  18. Un bon moyen de lutter contre la peur était d'apprendre.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.189, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  19. [...] entre exagérer et minimiser, il y a un monde.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.220, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  20. Un commandant, c'est comme un médecin : tout médecin préfère les gens en bonne santé alors qu'il doit passer le plus clair de son temps avec des malades. Et plus ceux-ci sont malades, plus il doit passer de temps avec eux.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.223, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  21. [...] la paix naissait partout où les hommes entraient en contact dans la lenteur et non dans la hâte.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.227, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  22. Aussi longtemps qu'existerait la mer, le monde ne saurait être insupportable.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.239, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  23. Quelqu'un qui doit écrire un livre ne peut être durablement désespéré. Et, avec de l'application, on parvient à surmonter tous les désespoirs qui naissent de la difficulté de formuler.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.270, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  24. La célébrité et le ridicule sont proches parents. Ni l'une ni l'autre n'ont à voir avec la gloire.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.276, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  25. [...] découvrir signifie regarder soi-même à quoi ressemble et comment se meut quelque chose.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.277, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  26. [...] une dispute, au cours de laquelle l'un des deux interlocuteurs expliquait à l'autre de quoi il s'agissait, était une dispute sans issue.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.280, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  27. Prévoir et agir, telles étaient les fonctions d'une amitié.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.281, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  28. Lorsqu'on n'arrivait pas à écrire une lettre, le mieux était encore de la remplacer par une prière.
    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.293, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  29. Un malfaiteur [...] est un homme qui ne connaît pas sa vitesse exacte.[...]
    Il accomplit trop lentement ce que d'autres attendent de lui, par exemple leur obéir ou leur venir en aide. Mais il se montre beaucoup trop rapide lorsqu'il essaie d'obtenir ce qu'il désire des autres, par exemple de l'argent ou bien...

    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.306, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     
  30. Les mauvaises écoles [...] empêchent chacun des élèves de voir plus que le maître...
    [Les maîtres] devraient respecter les gens [...] ne pousser personne à se presser. Et ils devraient savoir observer.

    (La découverte de la lenteur, trad. Jean-Marie Argelès, p.328, Grasset/Les Cahiers Rouges n°261)
     

  
Jean de La Fontaine

  1. « Que faisiez-vous au temps chaud ?
    Dit-elle à cette emprunteuse.
    - Nuit et jour à tout venant
    Je chantais, ne vous déplaise.
    - Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
    Et bien ! dansez maintenant. »

    (La Cigale et la Fourmi, p.35, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  2. Apprenez que tout flatteur
    Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

    (Le Corbeau et le Renard, p.36, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  3. Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages :
    Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
    Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
    Tout Marquis veut avoir des Pages.

    (La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf., p.37, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  4. - Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
    Où vous voulez ? - Pas toujours, mais qu'importe ?
    - Il importe si bien, que de tous vos repas
    Je ne veux en aucune sorte,
    Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
    Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encore.

    (Le Loup et le Chien, p.38, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  5. [...] tout ce que nous sommes,
    Lynx envers nos pareils, et Taupes envers nous,
    Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes.
    On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain.

    (La Besace, p.40, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  6. Une Hirondelle en ses voyages
    Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu
    Peut avoir beaucoup retenu.

    (L'Hirondelle et les petits oiseaux, p.41, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  7. Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres,
    Et ne croyons le mal que quand il est venu.

    (L'Hirondelle et les petits oiseaux, p.42, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  8. La raison du plus fort est toujours la meilleure.
    (Le Loup et l'Agneau, p.43, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  9. On ne peut trop louer trois sortes de personnes :
    Les Dieux, sa Maîtresse, et son Roi.
    Malherbe le disait ; j'y souscris quant à moi :
    Ce sont maximes toujours bonnes.
    La louange chatouille et gagne les esprits ; Les faveurs d'une belle en sont souvent le prix.

    (Simonide préservé par les Dieux, p.47, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  10. Le trépas vient tout guérir ;
    Mais ne bougeons d'où nous sommes.
    Plutôt souffrir que mourir,
    C'est la devise des hommes.

    (La Mort et le Bucheron, p.50, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  11. À l'oeuvre on connaît l'Artisan.
    (Les Frelons et les mouches à miel, p.53, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  12. Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code ;
    Il ne faudrait point tant de frais ;
    Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,
    On nous mine par des longueurs ;
    On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
    Les écailles pour les plaideurs.

    (Les Frelons et les mouches à miel, p.54, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  13. Je plie, et ne romps pas.
    (Le Chêne et le Roseau, p.55, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  14. C'est un dessein très dangereux
    Que d'entreprendre de te plaire.
    Les délicats sont malheureux :
    Rien ne saurait les satisfaire.

    (Contre ceux qui ont le goût difficile, p.60, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  15. Ne faut-il pas délibérer,
    La Cour en Conseillers foisonne ;
    Est-il besoin d'exécuter,
    L'on ne rencontre plus personne.

    (Conseil tenu par les Rats, p.61, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  16. Hélas ! on voit que de tout temps
    Les petites ont pâti des sottises des grands.

    (Les deux Taureaux et une Grenouille, p.63, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  17. Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette.
    Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête,
    Il faut que l'on en vienne aux coups ;
    Il faut plaider, il faut combattre.
    Laissez-leur prendre un pied chez vous,
    Ils en auront bientôt pris quatre.

    (La Lice et sa Compagne, p.65, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  18. [...] qu'entre nos ennemis
    Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
    [...] aux grands périls tel a pu se soustraire,
    Qui périt pour la moindre affaire.

    (Le Lion et le Moucheron, p.68, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  19. Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
    On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

    (La Colombe et la Fourmi, p.70, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  20. Patience et longueur de temps
    Font plus que force ni que rage.

    (Le Lion et le Rat, p.70, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  21. Il n'est, je le vois bien, si poltron sur la terre
    Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi.

    (Le Lièvre et les Grenouilles, p.73, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  22. Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.
    (Le Coq et le Renard, p.74, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  23. Je suis Âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue ;
    Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;
    Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien ;
    J'en veux faire à ma tête. Il le fit, et fit bien.

    Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince ;
    Allez, venez, courez ; demeurez en Province ;
    Prenez femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement :
    Les gens en parleront, n'en doutez nullement.

    (Le Meunier, son Fils et l' ne, p.85, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  24. Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre.
    Quiconque est Loup agisse en Loup 
    C'est le plus certain de beaucoup.

    (Le Loup devenu Berger, p.87, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  25. Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts :
    Car pour moi, j'ai certaine affaire
    Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.
    En toute chose il faut considérer la fin.

    (Le Renard et le Bouc, p.90, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  26. Des malheurs qui sont sortis
    De la boîte de Pandore,
    Celui qu'à meilleur droit tout l'Univers abhorre,
    C'est la fourbe, à mon avis.

    (L'Aigle, la Laie, et la Chatte, p.91, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  27. Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
    Le doux parler ne nuit de rien.

    (Le Renard et les Raisins, p.95, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  28. La paix est fort bonne de soi,
    J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
    Avec des ennemis sans foi ?

    (Les Loups et les Brebis, p.96, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  29. [...] la méfiance
    Est mère de la sûreté.

    (Le Chat et un vieux Rat, p.101, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  30. Amour est un étrange maître.
    Heureux qui peut ne le connaître
    Que par récit, lui ni ses coups !

    (Le Lion amoureux (À Mademoiselle de Sévigné), p.105, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  31. Amour, amour, quand tu nous tiens
    On peut bien dire : Adieu prudence.

    (Le Lion amoureux, p.106, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  32. [...] un sou, quand il est assuré,
    Vaut mieux que cinq en espérance.

    (Le Berger et la Mer, p.107, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  33. L'accoutumance ainsi nous rend tout familier.
    Ce qui paraissait terrible et singulier
    S'apprivoise avec notre vue,
    Quand ce vient à la continue.

    (Le Chameau et les Bâtons flottants, p.116, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  34. J'en sais beaucoup de par le monde
    À qui ceci conviendrait bien :
    De loin c'est quelque chose, et de près ce n'est rien.

    (Le Chameau et les Bâtons flottants, p.116, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  35. La ruse la mieux ourdie
    Peut nuire à son inventeur :
    Et souvent la perfidie
    Retourne à son auteur.

    (La Grenouille et le Rat, p.117, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  36. Hélas ! que sert la bonne chère
    Quand on n'a pas la liberté ?

    (Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf, p.120, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  37. Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
    C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien
    Sans qui les autres ne sont rien.

    (Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf, p.121, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  38. Belle tête, dit-il ; mais de cervelle point.
    Combien de grands Seigneurs sont Bustes en ce point ?

    (Le Renard et le Buste, p.121, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  39. Deux sûretés valent mieux qu'une,
    Et le trop en cela ne fut jamais perdu.

    (Le Loup, la Chèvre et le Chevreau, p.122, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  40. Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose :
    Rien n'est plus commun que ce nom,
    Rien n'est plus rare que la chose.

    (Parole de Socrate, p.123, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  41. Toute puissance est faible, à moins que d'être unie.
    (Le Vieillard et les Enfants, p.124, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  42. L'Usage seulement fait la possession.
    (L'Avare qui a perdu son trésor, p.126, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  43. Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.
    (Le Bûcheron et Mercure (A. M. L. C. D. B.), p.133, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  44. Comme la force est un point
    Dont je ne me pique point
    Je tâche d'y tourner le vice en ridicule,
    Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule.

    (Le Bûcheron et Mercure (A. M. L. C. D. B.), p.133, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  45. J'oppose quelquefois, par une double image,
    Le vice à la vertu, la sottise au bon sens,
    Les Agneaux aux Loups ravissants,
    La Mouche à la Fourmi, faisant de cet ouvrage
    Une ample Comédie à cent actes divers,
    Et dont la scène est l'Univers.

    (Le Bûcheron et Mercure (A. M. L. C. D. B.), p.134, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  46. Ne point mentir, être content du sien,
    C'est le plus sûr : cependant on s'occupe
    À dire faux pour attraper du bien :
    Que sert cela ? Jupiter n'est pas dupe.

    (Le Bûcheron et Mercure, p.135, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  47. Ne nous associons qu'avecque nos égaux.
    (Le Pot de terre et le Pot de fer, p.136, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  48. Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras :
    L'Un est sûr, l'autre ne l'est pas.

    (Le Petit Poisson et le Pêcheur, p.136, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  49. C'est ainsi que le plus souvent,
    Quand on pense sortir d'une mauvaise affaire,
    On s'enfonce encor plus avant.

    (La Vieille et les deux Servantes, p.139, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  50. Chacun à son métier doit toujours s'attacher.
    (Le Cheval et le Loup, p.141, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  51. Il n'arrive rien dans le monde
    Qu'il ne faille qu'elle en réponde.
    Nous la faisons de tous Échos.
    Elle est prise à garant de toutes aventures.
    Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures ;
    On pense en être quitte en accusant son sort :
    Bref la Fortune a toujours tort.

    (La Fortune et le Jeune Enfant, p.143, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  52. [...] combien en a-t-on vus
    Qui du soir au matin sont pauvres devenus
    Pour vouloir trop tôt être riches ?

    (La Poule aux oeufs d'or, p.144, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  53. Il ne se faut jamais moquer des misérables :
    Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?

    (Le Lièvre et la Perdrix, p.146, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  54. Comme vous êtes Roi, vous ne considérez
    Qui ni quoi : Rois et Dieux mettent, quoi qu'on leur die,
    Tout en même catégorie.

    (L'Aigle et le Hibou, p.147, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  55. Le monarque prudent et sage
    De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
    Et connaît les divers talents :
    Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.

    (Le Lion s'en allant en guerre, p.148, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  56. Il m'a dit qu'il ne faut jamais
    Vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre.

    (L'Ours et les deux Compagnons, p.150, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  57. Les Fables ne sont pas ce qu'elles semblent être.
    Le plus simple animal nous y tient lieu de Maître.
    Une Morale nue apporte l'ennui ;
    Le conte fait passer le précepte avec lui.

    (Le Patre et le Lion, p.153, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  58. [...] la Providence
    Sait ce qu'il nous faut, mieux que nous.

    (Jupiter et les Métayer, p.157, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  59. Garde-toi, tant que tu vivras,
    De juger des gens sur la mine.

    (Le Cochet, le Chat, et le Souriceau, p.158, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  60. Quand le malheur ne serait bon
    Qu'à mettre un sot à la raison,
    Toujours serait-ce à juste cause
    Qu'on le dit bon à quelque chose.

    (Le Mulet se vantant de sa généalogie, p.159, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  61. Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile ;
    Et le beau souvent nous détruit.

    (Le Cerf se voyant dans l'eau, p.161, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  62. Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
    (Le Lièvre et la Tortue, p.161, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  63. Elle part, elle s'évertue ;
    Elle se hâte avec lenteur.

    (Le Lièvre et la Tortue, p.162, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  64. [...] tous gens sont ainsi faits :
    Notre condition jamais ne nous contente :
    La pire est toujours la présente.

    (L' ne et ses Maîtres, p.163, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  65. Il est bon d'être charitable ;
    Mais envers qui ? c'est là le point.

    (Le Villageois et le Serpent, p.164, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  66. Les injustices du pervers
    Servent souvent d'excuse aux nôtres.

    (L'Oiseleur, l'Autour, et l'Alouette, p.165, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  67. Aide-toi, le Ciel t'aidera.
    (Le Chartier embourbé, p.168, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  68. Selon que vous serez puissant ou misérable,
    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

    (Les Animaux malades de la peste, p.180, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  69. On hasarde de perdre à vouloir trop gagner.
    Gardez-vous de rien dédaigner ;
    Surtout quand vous avez à peu près votre compte.

    (Le Héron, p.183, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  70. Les ruines d'une maison
    Se peuvent réparer ; que n'est cet avantage
    Pour les ruines du visage !

    (La Fille, p.184, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  71. Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
    Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère.

    (La Cour du Lion, p.186, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  72. Tenez toujours divisés les méchants ;
    La sûreté du reste de la terre
    Dépend de là : Semez entre eux la guerre,
    Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.

    (Les Vautours et les Pigeons, p.188, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  73. Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
    S'introduisent dans les affaires :
    Ils font partout les nécessaires,
    Et, partout importuns, devraient être chassés.

    (Le Coche et la Mouche, p.189, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  74. Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
    Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
    Tout le bien du monde est à nous,
    Tous les honneurs, toutes les femmes.
    Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
    Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
    On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
    Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
    Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
    Je suis gros Jean comme devant.

    (La Laitière et le Pot au lait, p.190, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  75. Vous savez que nul n'est prophète
    En son pays : cherchons notre aventure ailleurs.

    (L'Homme qui court après la Fortune et l'Homme qui l'attend dans son lit, p.193, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  76. [...] Heureux, qui vit chez soi ;
    De régler ses désirs faisant tout son emploi.

    (L'Homme qui court après la Fortune et l'Homme qui l'attend dans son lit, p.194, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  77. Deux Coqs vivaient en paix : une Poule survint,
    Et voilà la guerre allumée.

    (Les Deux Coqs, p.195, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  78. Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.
    Défions-nous du sort, et prenons garde à nous
    Après le gain d'une bataille.

    (Les Deux Coqs, p.195, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  79. Le bien nous le faisons, le mal c'est la fortune,
    On a toujours raison, le destin toujours tort.

    (L'Ingratitude et l'Injustice des hommes envers la fortune., p.197, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  80. C'est souvent du hasard que naît l'opinion ;
    Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue.

    (Les Devineresses, p.197, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  81. La Mort ne surprend point le sage :
    Il est toujours prêt à partir,
    S'étant su lui-même avertir
    Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.

    (La Mort et le Mourant, p.205, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  82. [...] et je n'entasse guère
    Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
    J'attrape le bout de l'année :
    Chaque jour amène son pain.

    (Le Savetier et le Financier, p.207, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  83. Alléguer l'impossible aux Rois, c'est un abus.
    (Le Lion, le Loup, et le Renard, p.208, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  84. Si Peau d'âne m'était conté,
    J'y prendrais un plaisir extrême,
    Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant
    Il le faut amuser encor comme un enfant.

    (Le pouvoir des Fables, p.211, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  85. Rien ne pèse tant qu'un secret :
    Le porter loin est difficile aux Dames :
    Et je sais même sur ce fait
    Bon nombre d'hommes qui sont femmes.

    (Les Femmes et le Secret, p.212, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  86. Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des belles,
    Ni les mains à celle de l'or :
    Peu de gens gardent un trésor
    Avec des soins assez fidèles.

    (Le Chien qui porte à son cou le dîné de son maître, p.213, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  87. Chose étrange ! on apprend la tempérance aux chiens,
    Et l'on ne peut l'apprendre aux hommes.

    (Le Chien qui porte à son cou le dîné de son maître, p.213, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  88. Dieu ne créa que pour les sots
    Les méchants diseurs de bons mots.

    (Le Rieur et les Poissons, p.214, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  89. [...] tel est pris qui croyait prendre.
    (Le Rat et l'Huître, p.215, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  90. Il est bon de parler, et meilleur de se taire.
    (L'Ours et l'Amateur des jardins, p.216, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  91. Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ;
    Mieux vaudrait un sage ennemi.

    (L'Ours et l'Amateur des jardins, p.218, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  92. Qu'un ami véritable est une douce chose.
    Il cherche vos besoins au fond de votre coeur ;
    Il vous épargne la pudeur
    De les lui découvrir vous-même.
    Un songe, un rien, tout lui fait peur
    Quand il s'agit de ce qu'il aime.

    (Les Deux Amis, p.218, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  93. [...] Quand le mal est certain
    La plainte ni la peur ne changent le destin ;
    Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.

    (Le Cochon, la Chèvre et le Mouton, p.220, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  94. Peuple caméléon, peuple singe du maître.
    (Les Obsèques de la Lionne, p.222, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  95. Amusez les Rois par des songes,
    Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges,
    Quelque indignation dont leur coeur soit rempli,
    Ils goberont l'appât, vous serez leur ami.

    (Les Obsèques de la Lionne, p.223, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  96. On rencontre sa destinée
    Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter.

    (L'Horoscope, p.224, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  97. [...] tout compté mieux vaut en bonne foi
    S'abandonner à quelque puissant Roi,
    Que s'appuyer de plusieurs petits princes.

    (Le Bassa et le Marchand, p.229, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  98. Laisser dire les sots ; le savoir a son prix.
    (L'Avantage de la science, p.230, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  99. Les gens sans bruit sont dangereux :
    Il n'en est pas ainsi des autres.

    (Le Torrent le la Rivière, p.235, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  100. Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère 
    Faute de cultiver la nature et ses dons,
    O combien de César deviendront Laridons !

    (L'Éducation, p.236, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  101. Les vertus devraient être soeurs,
    Ainsi que les vices sont frères.

    (Les Deux Chiens et l' ne mort, p.237, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  102. L'homme est ainsi bâti : Quand un sujet l'enflamme
    L'impossibilité disparaît de son âme.

    (Les Deux Chiens et l' ne mort, p.237, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  103. Mais rien à l'homme ne suffit :
    Pour fournir aux projets que forme un seul esprit
    Il faudrait quatre corps ; encor loin d'y suffire
    À mi-chemin je crois que tous demeureraient.

    (Les Deux Chiens et l' ne mort, p.238, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  104. Aucun n'est prophète chez soi.
    (Démocrite et les Abdéritains, p.238, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  105. - Hâte-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre.
    Je te rabats ce mot, car il vaut tout un livre :
    Jouis. - Je le ferai. - Mais quand donc ? - Dès demain.
    - Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin.
    Jouis dès aujourd'hui [...]

    (Le Loup et le Chasseur, p.239, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  106. Tout homme ment, dit le Sage.
    (Le Dépositaire infidèle, p.243, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  107. [Il] était de ces conteurs
    Qui n'ont jamais rien vu qu'avec un microscope.
    Tout est Géant chez eux.

    (Le Dépositaire infidèle, p.245, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  108. Quand l'absurde est outré, l'on lui fait trop d'honneur
    De vouloir par raison combattre son erreur 
    Enchérir est plus court, sans s'échauffer la bile.

    (Le Dépositaire infidèle, p.245, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  109. L'absence est le plus grand des maux.
    (Les Deux Pigeons, p.245, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  110. [...] quiconque ne voit guère
    N'a guère à dire aussi.

    (Les Deux Pigeons, p.246, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  111. Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
    Que ce soit aux rives prochaines ;
    Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
    Toujours divers, toujours nouveau.

    (Les Deux Pigeons, p.247, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  112. [...] ce n'est pas sur l'habit
    Que la diversité me plaît, c'est dans l'esprit :
    L'une fournit toujours des choses agréables ;
    L'autre en moins d'un moment lasse les regardants.
    Oh ! que de grands seigneurs, au Léopard semblables,
    N'ont que l'habit pour tous talents !

    (Le singe et le Léopard, p.248, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  113. Chacun tourne en réalités,
    Autant qu'il peut, ses propres songes :
    L'homme est de glace aux vérités 
    Il est de feu pour les mensonges.

    (Le Statuaire et la Statue de Jupiter, p.252, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  114. On tient toujours du lieu dont on vient.
    (La Souris métamorphosée en fille, p.253, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  115. Parlez au diable, employez la magie,
    Vous ne détournerez nul être de sa fin.

    (La Souris métamorphosée en fille, p.254, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  116. De tous les animaux l'homme a le plus de pente
    À se porter dedans l'excès.
    Il faudrait faire le procès
    Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante
    Qui ne pèche en ceci. Rien de trop est un point
    Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.

    (Rien de trop, p.257, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  117. Tout en tout est divers : ôtez-vous de l'esprit
    Qu'aucun être ait été composé sur le vôtre.

    (Le Cierge, p.258, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  118. Ô combien de péril enrichirait les Dieux,
    Si nous nous souvenions des voeux qu'il nous fait faire !
    Mais le péril passé, l'on ne se souvient guère
    De ce qu'on a promis aux Cieux.

    (Jupiter et le Passager, p.259, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  119. Le trop d'expédients peut gâter une affaire ;
    On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.
    N'en ayons qu'un, mais qu'il soit le bon.

    (Le Chat et le Renard, p.260, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  120. [...] la plus forte passion
    C'est la peur : elle fait vaincre l'aversion,
    Et l'amour quelquefois ; quelquefois il la dompte.

    (Le Mari, la Femme, et le Voleur, p.261, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  121. Ventre affamé n'a point d'oreilles.
    (Le Milan et le Rossignol, p.264, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  122. Laisson le monde et sa croyance :
    La bagatelle, la science,
    Les chimères, le rien, tout est bon. Je soutiens
    Qu'il faut de tout aux entretiens :
    C'est un parterre, où Flore épand ses biens ;
    Sur différentes fleurs l'Abeille s'y repose,
    Et fait du miel de toute chose.

    (Discours à Madame de la Sablière, p.266, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  123. Descates, ce mortel dont on eût fait un Dieu
    Chez les Païens, et qui tient le milieu
    Entre l'homme et l'esprit [...]

    (Discours à Madame de la Sablière, p.267, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  124. [...] je vois l'outil
    Obéir à la main ; mais la main, qui la guide ?

    (Discours à Madame de la Sablière, p.269, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  125. Nécessité l'ingénieuse
    Leur fournit une invention.

    (Les Deux Rats, le Renard, et l'OEuf, p.270, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  126. Un Homme vit une Couleuvre.
    Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une oeuvre
    Agréable à tout l'univers.
    À ces mots, l'animal pervers
    (C'est le serpent que je veux dire,
    Et non l'homme : on pourrait aisément s'y tromper),
    [...]

    (L'Homme et la couleuvre, p.275, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  127. [...] S'il fallait condamner
    Tous les ingrats qui sont au monde,
    À qui pourrait-on pardonner ?

    (L'Homme et la couleuvre, p.275, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  128. [...] le symbole des ingrats
    Ce n'est pas le serpent, c'est l'homme.

    (L'Homme et la couleuvre, p.276, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  129. On en use ainsi chez les grands.
    La raison les offense ; ils se mettent en tête
    Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens,
    Et serpents.
    Si quelqu'un désserre les dents,
    C'est un sot. - J'en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
    - Parler de loin, ou bien se taire.

    (L'Homme et la couleuvre, p.277, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  130. Imprudence, babil, et sotte vanité,
    Et vaine curiosité,
    Ont ensemble étroit parentage.
    Ce sont enfants tous d'un lignage.

    (La Tortue est les deux Canards, p.278, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  131. Qu'importe qui vous mange ? homme ou loup ; toute panse
    Me paraît une à cet égard ;
    Un jour plus tôt, un jour plus tard,
    Ce n'est pas grande différence.

    (Les Poissons et le Cormoran, p.279, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  132. L'Avarice, compagne et soeur de l'ignorance [...]
    (L'Enfouisseur et son compère, p.280, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  133. Le bien n'est bien qu'en tant que l'on s'en peut défaire.
    Sans cela c'est un mal.

    (L'Enfouisseur et son compère, p.280, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  134. La peine d'acquérir, le soin de conserver,
    Ôtent le prix à l'or, qu'on croit si nécessaire.

    (L'Enfouisseur et son compère, p.280, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  135. Il n'est pas malaisé de tromper un trompeur.
    (L'Enfouisseur et son compère, p.280, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  136. Défiez-vous des Rois :
    Leur faveur est glissante, on s'y trompe ; et le pire
    C'est qu'il en coûte cher ; de pareilles erreurs
    Ne produisent jamais que d'illustres malheurs.

    (Le Berger et le Roi, p.285, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  137. L'absence est aussi bien un remède à la haine
    Qu'un appareil contre l'amour.

    (Les Deux Perroquets, le Roi et son fils, p.289, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  138. Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
    (Les Deux aventuriers et le Talisman, p.290, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  139. Fortune aveugle suit aveugle hardiesse.
    Le sage quelquefois fait bien d'exécuter,
    Avant que de donner le temps à la sagesse
    D'envisager le fait, et sans la consulter.

    (Les Deux aventuriers et le Talisman, p.291, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  140. Mais les ouvrages les plus courts
    Sont toujours les meilleurs.

    (Discours à Monsieur le Duc de la Rochefoucault, p.293, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  141. Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte.
    Que si quelque affaire t'importe,
    Ne la fais point par procureur.

    (Le Fermier, le Chien, et le Renard, p.301, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  142. Et chacun croit fort aisément
    Ce qu'il craint et ce qu'il désire.

    (Le Loup et le Renard, p.306, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  143. Il ne faut point juger des gens sur l'apparence.
    (Le Paysan du Danube, p.306, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  144. Un octogénaire plantait.
    Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge !

    (Le Vieillard et les trois jeunes Hommes, p.308, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  145. [...] Est-il aucun moment
    Qui vous puisse assurer d'un second seulement ?

    (Le Vieillard et les trois jeunes Hommes, p.309, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  146. Il ne faut jamais dire aux gens :
    Écoutez un bon mot, oyez une merveille.
    Savez-vous si les écoutants
    En feront une estime à la vôtre pareille ?

    (Les Souris et le Chat-Huant, p.309, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  147. Car tout parle dans l'Univers ;
    Il n'est rien qui n'ait son langage.

    (Épilogue, p.311, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  148. Qui t'a dit qu'une forme est plus belle qu'une autre ?
    Est-ce à la tienne à juger de la nôtre ?

    (Les Compagnons d'Ulysse, p.319, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  149. Si j'étais Homme, par ta foi,
    Aimerais-je moins le carnage ?
    Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous :
    Ne vous êtes-vous pas l'un à l'autre des Loups ?
    Tout bien considéré, je te soutiens en somme
    Que scélérat pour scélérat,
    Il vaut mieux être un Loup qu'un Hommme.

    (Les Compagnons d'Ulysse, p.319, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  150. Entre amis, il ne faut jamais qu'on s'abandonne
    Aux traits d'un courroux sérieux.

    (Le Chat et les deux Moineaux, p.321, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  151. La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir ;
    La vieillesse est impitoyable.

    (Le Vieux Chat et la Jeune Souris, p.326, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  152. Il en coûte à qui vous réclame,
    Médecins du corps et de l'âme.
    Ô temps, ô moeurs ! J'ai beau crier,
    Tout le monde se fait payer.

    (Le Cerf malade, p.327, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  153. Pour sauver son crédit, il faut cacher sa perte.
    (La Chauve-Souris, le Buisson, et le Canard, p.327, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  154. On ne voit, sous les Cieux
    Nul animal, nul être, aucune Créature,
    Qui n'ait son opposé : c'est la loi de la Nature.
    D'en chercher la raison, ce sont soins superflus.

    (La Querelle des Chiens et des Chats, et celle des Chats et des Souris, p.329, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  155. D'où vient que personne en la vie
    N'est satisfait de son état ?
    Tel voudrait bien être Soldat
    À qui le Soldat porte envie.

    (Le Loup et le Renard, p.330, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  156. Que sert-il qu'on se contrefasse ?
    Prétendre ainsi changer est une illusion :
    L'on reprend sa première trace
    À la première occasion.

    (Le Loup et le Renard, p.331, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  157. Les Sages quelquefois, ainsi que l'Écrevisse,
    Marchent à reculons, tournent le dos au port.

    (L'Écrevisse et sa fille, p.332, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  158. Ce n'est pas ce qu'on croit, que d'entrer chez les Dieux :
    Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.

    (L'Aigle et la Pie, p.333, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  159. Tout est mystère dans l'Amour,
    Ses Flèches, son Carquois, son Flambeau, son Enfance.
    Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
    Que d'épuiser cette Science.

    (L'Amour et la Folie, p.340, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  160. [...] de tout inconnu le Sage se méfie.
    (Le Renard, le Loup, et le Cheval, p.346, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  161. Le trop d'attention qu'on a pour le danger
    Fait le plus souvent qu'on y tombe.

    (Le Renard et les Poulets d'Inde, p.347, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  162. N'attendez rien de bon du Peuple imitateur,
    Qu'il soit Singe ou qu'il fasse un Livre :
    La pire espèce, c'est l'Auteur.

    (Le Singe, p.348, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  163. Qu'importe à ceux du Firmament
    Qu'on soit Mouche ou bien Éléphant ?

    (L'Éléphant et le Singe de Jupiter, p.350, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  164. Bien qu'on sache qu'en ces malheurs
    De quelque désespoir qu'une âme soit atteinte,
    La douleur est toujours un peu moins forte que la plainte,
    Toujours un peu de faste entre parmi les pleurs.

    (La Matrone d'Éphèse, p.362, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  165. On ne meurt que trop tôt ; qui nous presse ? attendons 
    Quant à moi je voudrais ne mourir que ridée.

    (La Matrone d'Éphèse, p.364, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  166. [...] une belle, alors qu'elle est en larmes
    En est plus belle de moitié.

    (La Matrone d'Éphèse, p.365, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  167. La femme est toujours femme ; il en est qui sont belles,
    Il en est qui ne le sont pas.
    S'il en était d'assez fidèles,
    Elles auraient assez d'appas.

    (La Matrone d'Éphèse, p.365, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  168. Mieux vaut goujat debout qu'Empereur enterré.
    (La Matrone d'Éphèse, p.366, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  169. Chez les amis tout s'excuse, tout passe ;
    Chez les Amants tout plaît, tout est parfait ;
    Chez les Époux tout ennuie et tout lasse.
    Le devoir nuit : chacun est ainsi fait.
    Mais, dira-t-on, n'est-il en nulles guises
    D'heureux ménage ? Après mûr examen,
    J'appelle un bon, voir un parfait hymen,
    Quand les conjoints se souffrent leurs sottises.

    (Belphégor, p.369, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  170. La défense est un charme : on dit qu'elle assaisonne
    Les plaisirs, et surtout ceux que l'amour nous donne.

    (Les Filles de Minée, p.375, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  171. Ô triste jalousie ! ô passion amère !
    Fille d'un fol amour, que l'erreur a pour mère !
    Ce qu'on voit par tes yeux cause assez d'embarras
    Sans voir encor par eux ce que l'on ne voit pas !

    (Les Filles de Minée, p.380, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  172. Tous chemins vont à Rome.
    (Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire, p.387, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)
     
  173. Qui mieux que vous sait vos besoins ?
    Apprendre à se connaître est le premier des soins.

    (Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire, p.389, in Fables complètes, France Loisirs/Garnier Frères, 1962)